Au regard de certains points de vue assumés et affichés dans une certaine presse sénégalaise, marocaine et même locale, il parait de plus en plus clair que la Mauritanie dérange, en tant que pays souverain et totalement indépendant dans ses prises de position fondées sur des principes propres etdes intérêts inaliénables.
Une attitude d’autant plus regrettable et incompréhensible qu’elle émane de deux pays frères avec lesquels nous sommes liés par d’incommensurables relations historiques, culturelles et humaines que nous devons préserver de l’écume de l’actualité, des pêcheurs en eau trouble et des calculs d’intérêts éphémères. Des relations qui doivent être nécessairement débarrassés de certains préjugés défavorables et d’idées préconçues à l’endroit de la Mauritanie et des mauritaniens qui se sont insinués depuis la période coloniale dans le subconscient de certains dirigeants politiquesde ces deux pays ; et qu’ils agitent à chaque fois que de nécessaire comme exutoire à leurs problèmes intérieurs et comme moyen de pression sur la Mauritanie. Mais les choses ont radicalement changé depuis l’avènement du président Mohamed Ould Abdel Aziz à la magistrature suprême de la Mauritanie.
En effet, autant que la Mauritanie d’aujourd’hui est pleinement soucieuse, par responsabilité historique et obligation morale , de préserver et de renforcer les relations fraternelles séculaires avec nos voisins , autant elle est particulièrement intransigeanteet implacable quand notre fierté nationale, notre liberté de prise de position et nos intérêts suprêmes s’en trouvent affectés. Et c’est précisément cette recherche permanente d’un accord profond avec les intérêts stratégiques et les intérêts matériels de la Mauritanie qui dérange et qui suscite de la part de nos voisinscette cabale médiatique et diplomatique dirigée contre notre pays.
Des intérêts stratégiques du pays qui sont en effet aujourd’hui pleinement assumés par notre diplomatie, qui est passée de la marginalisation totale à l’affirmation la plus accomplie; une diplomatie qui a restauré la Mauritanie au miroir de sa riche histoire et de ses atouts géostratégiques, qui a revitalisé les instruments fondateurs de notre double appartenance arabe et africaine, et qui nous permet aujourd’hui d’être la passerelle dynamique et incontournable entre le monde arabe et le monde africain.Un rôle stratégique que confirment, on ne peut mieux, entre autres,la réussite de la médiation du président Aziz dans la crise ivoirienne, dans le Nord du Mali et récemment en Gambie, sa présidence de l’Union Africaine, de la liguearabe et du sommet arabo-africain,notre neutralité positive dans le conflit du Sahara Occidental saluée par l’ancien secrétaire général des nations unies. Mais ce rôle stratégique, bien que ne visant aucun pays, suscite sans raison de la part de nos voisins du Nord et du Sud, qui aspirent tous à jouerce rôle, s’ils le pouvaient, des réactions et des lectures non fondées, une jalousie même, qui vont plus loin qu’une simple course au prestige entre nations.
Des intérêts matériels du pays devenus également plus saisissables, plus effectifs, plus permanents, que traduit l’édification sans cesse approfondie d’un Etat moderne, démocratique, égalitaire, développeur grâce aux multiples réalisations socio-économiques et culturelles qui ont métamorphosé de fond en comble la Mauritanie. Des réalisations qui ont embrassé tous les domaines de la vie économique, y compris le secteur de la pêche à travers la mise en œuvre d’une ambitieuse stratégie visant à maximiser les retombées économiques et sociales de ce secteur névralgique. Cela s’est concrétisé en particulier parla construction aujourd’hui achevée du port de Tannit, du démarrage de celui de Ndiago et de l’extension du port artisanal de Nouadhibou ; mais aussi par l’adoption par le parlement d’une loi interdisant la pêche artisanale à tous les pêcheurs étrangers. Et la question qui se pose objectivement : pourquoi la construction du port de N’Diago en plein territoire mauritanien et l’interdiction de la pêche artisanale aux étrangers, toutes les deux des mesures de souveraineté nationale, aient fait couler beaucoup d’encre et de salive chez nos voisins du Sud ?
Comme d’ailleurs du côté marocain, la déclaration incongrue de Hamid Chabatt et de certains intellectuels marocains pour infléchir la position de stricte neutralité de la Mauritanie sur la question du Sahara Occidentale.
Et les exemples abondent qui démontrent, si besoin en est, que nos deux voisins sont engagés dans ce qu’il faut bien appeler un axe Rabat-Dakar dont l’activisme débordant vise en premier lieu la Mauritanie.
Un activisme que nous ne pouvons que regretter et condamner , parce que portant préjudice aux intérêts collectifs de nos peuples et de notre espace géographique commun ; et qu’en tout état de cause la Mauritanie, malgré sa disponibilité constante de développer et de raffermir davantage ces relations fraternelles, ne saurait accepter une quelconque concession sur des questions ayant trait à notre honneur, à notre fierté nationale, à notre indépendance et aux intérêts suprêmes de notre nation. Pourvu que ce message soit bien assimilé dans l’intérêt de tous.