Personne ne peut contester la liberté de parole et de presse au Sénégal qui est et reste un modéle du genre dans notre sous région, et celà depuis plusieurs décennies. C'est une conquête de trés haute lutte des forces démocratiques et patriotiques sénégalaises, depuis l'époque du parti unique et des mouvements de résistance que celà avait suscités au sein de larges couches du peuple sénéglais. Cette résistance, en particulier tout au long des années 70, a été partagée avec les forces progressistes de la sous région, specialement en Mauritanie. Voilà pourquoi, en Mauritanie aussi, ces forces progressistes sont attachées à la démocratie pluraliste sénégalaise. Nous sommes solidaires de cette démocratie sénégalaise. Mais celle ci sert et doit servir à rapprocher et à renforcer la fraternité entre nos peuples. Elle ne doit jamais être instrumentalisée et servir à des fins de division ou de confrontation entre nos peuples. Chacun de nos peuples connaît des difficultés et des contradictions internes. Les relever et en donner librement son opinion est l'expression même de la liberté de parole et d'opinion. Personne donc ne peut critiquer M. Tounkara de la 2stv pour avoir programmé le théme de l'eslavage en Mauritanie et avoir invité qui il veut pour en débattre. Là n'a pas été le problême. Le probleme est d'avoir préconisé le recours à la violence pour résoudre ce type de contradiction dans un pays aussi fragile au plan politique et social que la Mauritanie. L'esclavage, quelle qu'en soit la forme, hard ou soft, existe dans toutes nos communautés. C'est un sujet complexe qui requiert une objectivité et un sens des responsabilités qul ne versent ni dans la complaisance ni dans la condescendance. Il n y a pas une "classe" de propriétaires d'esclaves qui fait fasse à une classe opposée d'esclaves, qui règlent leur contradiction historique par le feu et par le sang. Ceux qui vivent dans le pays ou qui étudient le phénoméne avec serieux et hors de toute émotivité, savent que les choses ne se présentent pas de cette façon. Il y a des liens historiques complexes qui traversent les diifférentes communautés ethniques et plongent leurs racines dans un passé plus ou moins lointain, liens qui entrecroisent des régimes économiques et sociaux de diverses natures, allant de l'esclavage proprement dit au capitalisme bureaucratique et financier actuel, en passant par diverses nuances de féodalisme. Comment dans ces conditions imaginer résoudre par la force des contradictions de cette nature sans déclencher le chaos et la barbarie sanglante? Ce que Tounkara ne sait pas c est que en Mauritanie, il y a désormais, entre l'essentiel des forces politiques et des organisations de la société civile, un véritable consensus quant au diagnostic et au traitement de cette difficile question. Il faut établir un véritable Etat de droit et respecter pour tout le monde, citoyens comme communautes, les régles de la démocratie effective. Celles-ci seules permettront de combattre les injustices de toutes natures, les discriminations economiques et sociales dont souffrent les diiférentes franges de nos popualations, particulierement les Hrattines et les communautés négroafricaines. Celà suppose, non pas d'opposer les populations entre elles, mais de chercher à les rapprocher pour leur faire comprenre et prendre en mains, les revendications légirimes des uns et des autres, dans un seul et vaste mouvement démocratique et patriotique. Si Tounkara veut aider le peuple mauritanien, qui est l'un des plus proches du peuple sénégalais, il doit encourager les démocrates à aller dans cette voie. Comme nous, nous encourageons le peuple sénégalais à résoudre ses propres contradictions par le débat et la lutte politiques, et non par la violence et la guerre.
Gourmo Abdoul LO