Lors des négociations de l’accord de pêche entre la Mauritanie et l’Union européenne, le gouvernement mauritanien avait fait part de sa volonté d’exclure les céphalopodes du champ d’application de l’accord, en réservant cette ressource aux armateurs nationaux dans le cadre de la volonté des autorités mauritaniennes de préserver les intérêts des acteurs mauritaniens du secteur.
Seulement, au vu des bénéficiaires des licences de pêche du poulpe, on est en droit de se demander quel est le but visé par cette nouvelle orientation. En effet, les 9 bénéficiaires de ces licences sont presque tous des proches des dirigeants (président, Premier ministre et officiers supérieurs de l’armée).
Cette situation est dénoncée par l’opposition mauritanienne. Ainsi, Moussa Fall, un responsable du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), vaste coalition de l’opposition et de la société civile, a-t-il interpellé les autorités mauritaniennes au sujet de l’attribution de licences de pêche à plusieurs personnes présentées comme des proches du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ce haut cadre, ancien directeur général de la Société mauritanienne d’import/export (SONIMEX) et de la défunte Société mauritanienne de commercialisation des produits pétroliers (SMCPP), s’exprimait mardi 24 janvier, en marge d’une conférence de presse organisée par le FNDU.
Se référant à «des faits constants rapportés par plusieurs sources, non démentis par les autorités concernées, et confirmés par certains bénéficiaires», Fall exige «la lumière sur une affaire de distribution de licences de pêche donnant accès à plus de 9.000 tonnes de poulpe». Pour lui, la démarche d'attribution qui défraie actuellement la chronique ne s’est pas faite dans les règles de l’art.
En effet, «dans la procédure d’attribution de ces licences de pêche de poulpe, le gouvernement devait organiser en toute transparence une procédure d’appel d’offres ouverte aux entreprises et aux personnes physiques répondant à certains critères spécifiques».
Ainsi, pour l’ancien DG de la défunte SMCPP, qui connaît bien les rouages du secteur, les seuls critères de distribution de ces quotas sont la proximité avec le chef de l'Etat. Partant, explique t-il, «ces licences seront très probablement revendues à des armateurs étrangers.
Du coup, et à la longue, une telle pratique représente un danger pour la Société mauritanienne de commercialisation de poissons (SMCP) et pour les ressources halieutiques nationales», déplore un spécialiste du secteur de la pêche.
Il faut souligner que le poulpe est une des ressources halieutiques les plus prisées. En effet, selon diverses sources, les prix de la tonne de poulpes tourne autour de 7.000 dollars sur le marché international pour des autorisations achetées à l’Etat ne dépassant pas les 300 dollars. Une bonne marge en perspective pour les 11 proches du pouvoir qui se partagent le magot des 9.000 tonnes de poulpe.
Par notre correspondant à Nouakchott Cheikh Sidya
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