Finalement, le lieutenant Yaya Jammeh, devenu président de la République, puis général, puis Professeur émérite, puis grand féticheur et tradi-praticien, a été persuadé de quitter le pouvoir. Il faut reconnaître que le général Abdelaziz a joué un rôle non négligeable dans la persuasion de Jammeh de la nécessité pour lui de tirer sa révérence mais aussi en calmant les ardeurs explosives du president Sénégalais qui, visiblement, avait des comptes à régler avec son homologue gambien.
En fait, Dakar n’a jamais vu d’un bon œil le rapprochement entre Nouakchott et Banjul et à toujours pensé que la consolidation de cet axe ne pouvait que nuire, d’une manière ou d’une autre, aux intérêts du Sénégal. La rébellion en Casamance, région du Sud ouest sénégalais, partielle isolée du Sénégal par le territoire gambien, donnait du fil à retordre à Dakar et cultivait sa suspicion envers la Gambie, la Guinée Bissau et la Mauritanie.
Ce sont là des éléments que le Sénégal ne dira jamais ouvertement mais qui justifient sa position par rapport à l’imbroglio gambien. Dakar est hostile au president Jammeh, il l’a fait savoir; Dakar est impatient, pour des raisons d’affinité évidente, de voir Barro s’installer au pouvoir à Banjul, il l’a fait savoir d’une certaine manière.
Dakar n’a pas voulu voir le général Abdelaziz mener à bien, tout seul une médiation visant à désamorcer la crise gambienne. Dakar ne l’a pas décliné comme ça mais a favorisé l’intervention in extremis du president guinéen Condé qui a trouvé que tout était déjà prêt et qu’il ne manquait que cueillir les fruits de la médiation mauritanienne.
Maintenant, la crise post électorale de Banjul est réglée mais il y a lieu d’éviter que le ciel des relations mauritano sénégalaises ne s’assombrisse et qu’il y ait, de nouveau, un regain de tensions entre nos deux pays qui partagent d’innombrables intérêts et de nombreux facteurs de rapprochement. Les president Abdelaziz, Macky Sall et leur tout nouvel homologue Barro ont en cela un important rôle à jouer.
Ce sera en tout cas de leur manière de conduire les affaires que dépendra l’avenir de la paix dans la sous région.
Ely Abdellah
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