Depuis sa sortie de prison en mai dernier Biram Dah Abeid est en tournée pour remercier la communauté internationale pour son soutient infaillible .A quelques jours de son retour dans son pays votre quotidien le témoin l’a accroché pour un entretien .L’opposant Mauritanien revient sur la situation actuelle de son pays avec la libération des 13 membres de son mouvement, l’appel au dialogue du président Aziz et le référendum qui aura lieu dans son pays.
M. le président comment se porte votre organisation IRA Mauritanie, après l’emprisonnement de 13 de vos membres tout dernièrement ?
Tout d’abord permettez-moi de remercier le bon dieu et de vous remercier de m’avoir donné cette opportunité. IRA Mauritanie se porte très bien en ce sens que c’est l’organisation qui mobilise le plus à l’intérieur du pays. Elle est un mouvement qui a une capacité de mobilisation inégalée même par rapport aux partis et organisations les plus anciennes. IRA a pu aussi être l’organisation la plus forte dans les forums internationaux et s’est imposé comme l’une des grandes organisations internationales de défense des droits de l’homme reconnue par le système des droits de l’homme, elle est également l’organisation la plus primée de la sous-région Ouest et Nord-africaine. Elle continue d’être le creuset de tous les engagements pour une Mauritanie libre de l’esclavage, débarrassée du racisme et du sectarisme. Je pense que le coup porté par le pouvoir qui s’est manifesté par l’arrestation systématique de tout le bureau de IRA le 30 juin dernier. Ils ont été arrêtés arbitrairement et emprisonnés à des peines allant de 3 à 15 ans d’emprisonnement. Mais la riposte pacifique, juridique et diplomatique a poussé le pouvoir à acquitter les 13 membres de IRA.
Mais est ces emprisonnement ne vous affaiblissent pas ?
IRA a pu vivre avec la répression, des condamnations et des tortures. Ce sont des actes orchestrés par le pouvoir depuis la naissance de notre mouvement, naissance qui a été accueillie par le refus de nous octroyer une reconnaissance par les autorités mauritaniennes. Les autorités ont diabolisé IRA mais ne nous ont empêchés de continuer à exister.
Avec l’évolution des mentalités actuelles en Mauritanie, vous pensez réellement que le combat d’IRA aura un impact plus significatif ?
Le combat de IRA a d’abord un impact mental et psychologique parce IRA dans son combat entamé depuis 2008 a présidé à ma subversion des idées anachroniques de l’esclavage et de la mauvaise gouvernance dans tous les domaines. C’est pourquoi la libéralisation des mentalités en Mauritanie et dans d’autres parties du monde sont dues en grande partie à l’engagement de L’IRA à l’internalisation de nos discours et de notre combat. Je pense qu’avec L’IRA on assistera à la fin de technicisation des positions politique. L’IRA à sa naissance, a trouvé les mauritaniens compartimentalisés par une division savamment orchestrée par un groupe dirigeant qui fonde sa légitimité sur l’invention et l’approfondissement des contradictions entre les communautés ethniques Mauritaniennes. Ceci affaiblit la communauté nationale au profit d’un groupe de prédateurs politiques en uniforme, déguisé en faux démocrates et qui continue à s’appuyer sur les différences linguistiques et les écarts de classes entre mauritaniens pour mieux piller le pays et continuer à tenir les mauritaniens loin de leur droits. Je pense que la persévérance de notre mouvement qui regroupe toutes les ethnies de la Mauritanie est en train de changer la donne. Nous allons assister maintenant à la renaissance d’une Mauritanie nouvelle par des idées citoyennes.
Est-ce que ce sera pour vous facile d’allier le combat des droits de l’homme et un combat politique. Puisqu’on sait souvent ceux qui mènent le combat pour les droits humains se démarquent de la politique ?
Écoutez, je pense que le combat pour le droit de l’homme et le combat politique constitue un seul combat. L’engagement ne peut être cohérent que si c’est un engagement indivisible car les principes de droits et de l’homme et les principes démocratiques sont liés et ne peuvent pas être séparés. Parce qu’on ne peut pas réussir les droits de l’homme dans un système où les droits de l’homme ne sont pas garantis. C’est une absurdité que certaines personnes continuent à clamer mais je me demande dans quelle constitution dans le monde où est interdit aux défenseurs des droits de l’homme de briguer des mandats politiques.
Depuis votre sortie de prison vous êtes en tournée dans le monde, Que peut-on retenir de ces tournées ?
On peut retenir de ces tournées en Afrique, en Amérique et Europe la force diplomatique de l’organisation IRA Mauritanie, on peut retenir le respect et la considération dont jouit notre organisation au sein de la communauté internationale (Gouvernement ONG). Cette tournée a coïncidé avec l’arrestation de nos membres, nous nous sommes appuyés sur la communauté internationale pour leur libération. Nous remercions toutes les organisations internationales qui nous ont appuyés dans ce combat.
Vous serez en Mauritanie dans quelques jours, un retour que d’aucuns qualifient de haut risque, N’avez-vous pas peur de retourner en prison ?
Non pas du tout, qui n’a rien fait ne craint rien. Nous n’avons pas commis de crime. Si notre persévérance et notre combat va encore nous conduire en prison, bon bienvenue la prison. Nous n’allons pas reculer dans notre combat une Mauritanie juste et égalitaire. Le pouvoir en Mauritanie doit tirer les leçons de ces échecs, les emprisonnements et multiples arrestations contre IRA Mauritanie n’ont jamais fait mouche. Aucune organisation internationale, aucun partenaire international n’a jamais accepté ces thèses diaboliques que le gouvernement Mauritanien dans sa propagande prêtait à notre organisation. Mêmes les partis politiques en Mauritanie et la population Mauritanienne n’ont jamais accepté les thèses véhiculés par le régime en place. J’appelle le gouvernement Mauritanien à revenir à la raison pour nous aider à unifier la population Mauritanienne autour du rejet total de l’esclavage, du racisme, de la gabegie et de la torture. Notre détermination est sous tendue par le droit Mauritanien et la religion qui nous unit qui est une religion de tolérance et de fraternité.
Vous appelez à un consensus, et pourtant le président Aziz à appeler à un dialogue tout récemment et vous avez refusé. Est ce qu’on peut savoir les raisons de votre refus ?
Le président n’a pas appelé à un dialogue. Le processus qu’il a enclenché lui il l’appelle dialogue mais ce n’est pas un dialogue, c’est une manœuvre unilatérale sans préalable établie avec les différentes forces de l’opposition sans préliminaire indispensable c’est-à-dire la pacification et la sérénité dans la scène politique nationale. C’est une manœuvre qui vise à reproduire son pouvoir et celui de son groupe c’est pourquoi l’opposition a refusé de participer à cette énième tentative de confiscation du pouvoir par la ruse. Le président Abdel Aziz est en train de terminer son deuxième mandat il devait dans ces conditions troubles pacifier la scène politique et organiser des élections pacifiques et libres. Nous sommes toujours disposer à dialoguer mais avec la manière. Parce que nous n’accepterons pas le tripatouillage de la constitution. Nous l’invitons à libérer tous les opposants qui sont en prison en ce moment (Cheikh Mbaye, Moussa birane Abdallah Abou Diop etc…). Nous lui demandons de cesser d’utiliser la justice pour museler ces opposants. Il faut qu’il ait d’abord la sérénité pour qu’il ait ensuite dialogue.
Restons toujours en politique, vous serez candidat aux prochaines élections est ce vous êtes prêts à aller en coalition avec les autres partis politiques de l’opposition ?
Pour 2019, nous sommes prêts à travailler avec toute la société civile et politiques Mauritaniennes pour d’abord l’imposition d’un climat de sérénité et la réalisation d’élection libre et transparente. Nous sommes également prêts à travailler avec toutes les instances internationales capables de nous aider à surmonter les embûches techniques et politiques d’une transition démocratique réussie.
La Mauritanie va vers un référendum, vous allez y participer ?
Je ne pense pas que la Mauritanie pourra de manière judicieuse aller dans un référendum seulement pour changer l’hymne national et le drapeau de la Mauritanie. Ni l’hymne national, ni le drapeau national ne sont une priorité par rapport aux graves questions de crise économique et sociale que vit la Mauritanie. Je pense que c’est absurde que la Mauritanie aille à un référendum juste pour changer le drapeau national et l’hymne national.
Entretien réalisé par Boudal Ndiath Et Ibrahima Aw