Dans un entretien exclusif, le leader de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) se pose en alternative face au système politique actuel incarné par le président Mohamed Abdel Aziz dont le mandat arrive à terme en 2019.
Se voulant rassembleur des arabes et des noirs, des haratines, des négro-africains, des beydanes et de toutes les castes, le lauréat du prix des Droits de l’Homme des Nations Unies reste ferme sur ses positions, dénonçant un pouvoir en collision avec un ordre féodal archaïque. Lors du premier tour des élections de 2014, il obtient 8,67% des suffrages, loin derrière le président actuel et dans un contexte de contestations et de boycott de l’opposition historique.
Depuis lors, le mouvement semble avoir adopté une stratégie de communication plus inclusive et plus efficace au vu de sa popularité grandissante. L’histoire de Birame se confond avec celle de l’esclavage même s’il ne l’a pas vécu directement. Son père a été affranchi par le maître de sa grand-mère. Après des études de primaire, il étudie le droit et l’histoire à l’université. Sa thèse est consacrée justement à l’esclavage.
Dès la fin de ses études, Birame intègre la célèbre ONG anti-esclavagiste d’alors, SOS Esclaves, supplantée aujourd’hui par Ira. Emprisonné plusieurs fois, Birame n’hésite pas à critiquer une frange de l’ordre religieux mauritanien qu’il accuse d’avoir instrumentalisé l’islam dans la codification de l’esclavage. C’est ainsi que lors d’une manifestation en 2012, il brûle un livre de l’école malékite s’attirant les foudres des conservateurs et du pouvoir qui l’emprisonne de nouveau.
Libéré en septembre 2012, le leader populaire n’en continue pas moins de dénoncer une certaine interprétation biaisée des textes sacrés et un certain mutisme des élites africaines vis-à-vis de la traite orientale. Lauréat en 2013 du Front Line award for Human Rights Defenders at Risk de l’ONG irlandaise Front Line Defenders, il est arrêté de nouveau en novembre 2014 lors d’une caravane contre l’esclavage.
Condamné le 15 janvier 2015 à une peine de 2 ans de prison ferme pour « appartenance à une organisation non reconnue, rassemblement non autorisé, appel à rassemblement non autorisé et violence contre la force publique », il est libéré quelques mois plus tard. Entre temps, la Mauritanie a adopté (enfin) une loi pénalisant l’esclavage.
Quant à Birame, il poursuit son ascension politique et diplomatique en collectionnant les prix à l’international et en faisant face à l’emprisonnement de nombre des leaders de son mouvement . Nominé au Prix Nobel de la Paix en 2014, il est lauréat du Tulipe des Droits de l’Homme aux Pays Bas en 2015. Une année plus tard, en 2016, il reçoit le Prix Lawson James qui sacre les héros contre l’esclavage et la traite des personnes.
Parmi les distinctions de Birame Dah Abeid, à signaler aussi:
Le prix Echos Of Africa pour l’année 2014 (Philadelphia, Pennsylvania, Etats-Unis d’Amérique)
Le Prix de l’ONU pour la cause des Droits de l’homme, 2013
Le Prix Front Line Defenders pour défenseurs des Droits de l’homme en danger, 2013
Nomination pour le Prix Sakharov de l’Union Européenne en 2013.
Le Prix de la ville de Weimar pour les Droits de l’homme, 2011