Malgré le marasme ambiant et les déceptions accumulées, la Mauritanie a bel et bien connu une ère politique glorieuse et sa jeunesse prémonitoire une aura sans équivoque.
La plage des années 70 et 80 en a été le théâtre révolutionnaire et la plate forme revendicative de divers droits longtemps tus.
Mais c’est après le coup d’état de 1978 - qui emporte comme vent le premier régime civil à parti unique du Président Moctar Ould Daddah - que les leaders des mouvements politiques, des kadihines d’obédience communiste, des nationalistes arabes nassériste et baathiste, de l’éveil haratine, de la revendication négro africaine à caractère identitaire et des islamistes se défèrent de leur principes fondateurs pour s’arrimer aux orientations nouvellement définies de chaque groupe de putschistes venu à la faveur d’une série sans précédent de coups d’états dans tout le continent.
Il faut dire que ce dernier était en proie à cette époque aux destitutions des régimes civiles - certes totalitaires - par les militaires en mal de pouvoir.
S’évertuant à ainsi légitimer les régimes militaires, ces mouvements qui ont opéré leur descente sans précédent de leur piédestal, son tombés dans l’hypocrisie politique.
En 1991 le colonel Maaouiya proclame une nouvelle constitution et instaure le multipartisme. Il va ensuite créer le Parti républicain démocratique et social pour être élu en 1992 et réélu en 1997.
C’est un autre coup dur qu’il va ainsi porter aux mouvements politiques qui se bousculeront dès lors à la porte de son parti avant de connaitre leur plus grande désagrégation et pernicieuse dissolution vers une facile infiltration entre les mailles de l’hypocrisie et de la surenchère politique aux fins d’acquisition de postes juteux de gestion et d’usurpation sans états d’âme des deniers publics.
Leur sang se réparti ainsi entre les formations politiques nées à la faveur de ce multipartisme pour ne garder des principes d’antan que des slogans fades incolores et inodores.
Aujourd’hui moins qu’hier la constitution d’un parti politique relève peu de principes fondateurs bâtis sur la considération des notions connues d'ordre idéologique et institutionnel que de l’intérêt mercantile destructeur. L’absence de discours saillants, de programmes constructeurs, d’orientations efficientes lève toute équivoque sur cette hérésie et laisse planer un doute angoissant sur l’avenir de l’action politique globale.
L’impossible dialogue entre les formations politiques en interne dans leurs différents pôles et en face de leurs rivaux n’est que le révélateur d’un échec patent de la classe politique encore composée pour l’essentiel de résidus des mouvements politiques d’antan convertis en matières grises et conseillers au service de la maintenance d’une prépondérance menacée et d’un bien matériel facile.