Alors que le prochain congrès de l’Istiqlal est prévue pour le mois d'avril 2017, la procédure de destitution de son secrétaire général Hamid Chabat été enclenchée. La bourrasque provoquée par ses propos sur la Mauritanie se paye cher pour son parti…
L'attaque de Hamid Chabat contre la souveraineté territoriale de la Mauritanie samedi 25 décembre, a provoqué une brouille diplomatique entre Rabat et Nouakchott. Elle a coûté aussi sa place à l'Istiqlal dans le prochain gouvernement de coalition. Des figures historiques du parti de la Balance sont montés au créneau pour réclamer sa démission.
Dans un communiqué signé par deux ex-secrétaires généraux du parti, M’hamed Boucetta et Abbas El Fassi, ainsi que par une quarantaine d’anciens et actuels membres du secrétariat exécutif, les déclarations de Hamid Chabat sur la Mauritanie sont qualifiées d'"irresponsables".
Ces propos, indique le communiqué "ont un caractère personnel dont il assume seul la responsabilité" et ils "n’engagent nullement le parti et n’ont aucune relation avec ses orientations et ses principes".
Du côté des autres formations politiques, on fait désormais barrage à l’Istiqlal. Pour le président du Rassemblement national des Indépendants (RNI) Azziz Akhanouch, il n'est pas possible de faire partie d'un gouvernement où l'Istiqlal est représenté.
Une autre attaque frontale contre Hamid Chabat, par ailleurs maire de Fès, est venue de ses adversaires ''Istiqlaliens'', qui ont réactivé une plainte déposée en 2013 contestant la régularité de son élection à la tête du parti.
La cour de cassation devrait examiner en janvier prochain la plainte déposée par des opposants Hamid Chabat qui estimaient que son élection en tant que secrétaire général au congrès de septembre 2012 aurait été entachée d’irrégularités, selon la presse marocaine.
La plainte avait été déposée en 2013 par la défense du courant ''Bila Hawada'', créé et dirigé par Abdelouahed El Fassi pour contester l'élection à la tête du parti du maire de Fès, et le départ d’Abbas El Fassi.
Une réconciliation avait été organisée par les sages du parti, dont M'hamed Boucetta et Karim Ghellab, ex-ministre des Transports sous le gouvernement de Abbas El Fassi (2007-2011) mais les propos de Hamid Chabat contre la Mauritanie ont, semble-t-il, réactivé la plainte de 2013.
En décembre 2013, la justice avait accepté d'instruire la plainte de ''Bila Hawada"', et, un mois plus tard, elle avait commencé à faire comparaître certains hauts cadres de l’Istiqlal, dont Hamid Chabat et son prédécesseur Abbas El Fassi.
A la recherche d’une porte de sortie ''honorable''
Hamid Chabat semble vouloir tenir jusqu'au prochain congrès de l'Istiqlal, au mois d'avril prochain. Hier samedi 31 décembre, devant la session extraordinaire du Conseil national du parti, il a proposé de s'effacer au profit de trois cadres du parti pour poursuivre les négociations avec le chef de gouvernement pour une éventuelle intégration de l'Istiqlal dans la prochaine coalition gouvernementale.
Cette troïka est composée de Mohamed Essoussi, Hamdi Ould Erchid et Bouâmar Taghouane. Exit donc les opposants dont Karim Ghellab, Yasmina Badou et, surtout, Ahmed Toufik Hejira, anciens ministres sous le gouvernement d’Abbas El Fassi. Hamid Chabat a déclaré par ailleurs devant le Conseil, qu’il n'est candidat à aucun portefeuille ministériel.
Pour désamorcer la crise politique au Maroc, il a annoncé que l'Istiqlal, au cas où il n'est pas retenu dans le prochain gouvernement, n'ira pas grossir les rangs de l'opposition, déjà occupés par le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) et sans doute par les ''socialistes'' de l'USFP, pas très chauds à intégrer le prochain gouvernement.
L’'éviction de l'Istiqlal du prochain gouvernement semble consommée, à en croire des proches d'Abdelilah Benkirane. Selon le site d'information ''Alyaoum24'', proche du Parti Justice et Développement (PJD), Abdelilah Benkirane aurait fini par accepter la condition d’Aziz Akhannouch d'écarter du gouvernement l'Istiqlal.
Pour ''Alyaoum24'', ''toute participation'' de l'Istiqlal au prochain exécutif équivaudrait à ''envoyer une lettre de provocation'', et serait même ''une menace pour de grands intérêts nationaux.''.
En tout cas, un responsable du PJD a déclaré à des médias marocains que son parti suivait la ituation à l'Istiqlal "avec une grande préoccupation". Une réunion du secrétariat général du PJD s'est tenue ce samedi 31 décembre sans répondre de manière claire aux sommations d'exclure l'Istqlal de participation au gouvernement.
Le PJD a décidé d'attendre de voir l'évolution des choses au sein de l'Istiqlal avant de se prononcer. Mais ainsi que le note un journal électronique marocain "hormis Benkirane, peu de membres de l'Etat major du parti de la lampe soutiennent Hamid Chabat, lui reprochant sa versatilité et son inconstance."
maghrebemergent