L'appel à la révolte des farouches opposants à Donald Trump a échoué: le collège électoral a, sans surprise, confirmé lundi l'élection du magnat de l'immobilier comme 45e président des Etats-Unis.
Un mois et demi après sa victoire surprise face à la démocrate Hillary Clinton, Donald Trump a largement dépassé la barre des 270 grands électeurs, synonyme de majorité absolue, et succédera donc bien à Barack Obama le 20 janvier.
Dans un communiqué transmis par son équipe, l'homme d'affaires a évoqué "une victoire électorale écrasante historique" et promis de tout faire pour "rassembler le pays".
Dans un tweet diffusé quelques minutes plus tard, il a remercié ses soutiens pour cette victoire acquise "en dépit de la couverture médiatique inexacte et déformée".
Les quelque 136 millions d'Américains qui se sont rendus aux urnes le 8 novembre n'ont pas directement élu le prochain locataire de la Maison Blanche... mais 538 grands électeurs chargés de le faire.
Des militants démocrates avaient appelé ces derniers à faire barrage à l'homme d'affaires septuagénaire qui était sorti vainqueur du scrutin.
Le vote de ces grands électeurs, élus ou militants locaux pour la plupart inconnus du grand public, passe d'habitude quasiment inaperçu.
Mais la personnalité de M. Trump, la tonalité extrêmement agressive de la campagne et l'avance significative de Mme Clinton avec le vote populaire lui ont donné cette année un relief particulier.
Pour parvenir à leurs fins, les anti-Trump devaient arriver à convaincre 37 grands électeurs du "Grand Old Party" d'abandonner leur candidat. Les grands électeurs ne sont pas tenus de respecter le mandat qui leur a été confié mais il est extrêmement rare qu'ils dérogent à ce principe.
- Faible mobilisation -
Selon le décompte final, Donald Trump a emporté 304 votes contre 224 pour Hillary Clinton (qui devait encore sauf surprise empocher les 4 grands électeurs de Hawaï, dont les résultats n'ont pas encore été communiqués en raison du décalage horaire).
Ironie cruelle: les rares défections étaient plus nombreuses dans le camp démocrate que dans le camp républicain: deux pour Donald Trump, quatre pour Hillary Clinton.
Dans l'Etat de Washington (nord-ouest), qu'Hillary Clinton avait emporté haut la main, un tiers des 12 grands électeurs n'ont pas voté en sa faveur.
Un sondage Politico/Morning Consult publié lundi montrait que les Américains avaient peu d'enthousiasme pour cette "révolte": 46% d'entre eux jugeant que les grands électeurs devraient être tenus de suivre le vote de leur Etat (34% pensant le contraire).
Sur l'opportunité de modifier la Constitution pour remplacer ce système par le suffrage universel direct, ils sont davantage partagés: 46% pour, 40% contre.
Des manifestations, peu suivies, ont rassemblé quelques dizaines de personnes dans les capitales de plusieurs Etats.
A Denver, dans le Colorado (ouest), un petit groupe de personnes avaient bravé le froid devant le Capitole local, tenant des panneaux où ils demandaient aux grands électeurs de "Rejeter Trump", ou de "Rejoindre les autres courageux grands électeurs" ayant changé leur vote au cours de l'histoire.
L'ancien président Bill Clinton, grand électeur de l'Etat de New York, a lui glissé un bulletin pour son épouse dans cet Etat qu'elle a remporté aisément le 8 novembre dernier.
"Je n'ai jamais déposé un bulletin de vote dont j'ai été plus fier", a-t-il dit, très ému, rendant hommage à la campagne électorale menée par l'ancienne Première dame.
Mais tous les démocrates n'étaient pas, loin s'en faut, favorables à la démarche.
"Même si je partage de réelles inquiétudes sur l'élection et sur Donald Trump, la plupart des grands électeurs suivront, et devraient suivre, les résultats des urnes", avait estimé avant le vote David Axelrod, ancien proche conseiller de Barack Obama.
"Un vote contraire déchirerait le pays", avait-il ajouté.
Lundi soir, le comité national du parti républicain a appelé les démocrates à cesser leurs "tentatives cyniques" visant à affaiblir la légitimité du scrutin.