Culture : le statut de la femme targuie

sam, 12/17/2016 - 10:28

Tin Hinan, reine des Touareg*Extrait de “ Le statut privilégiée de la femme touarègue et son évolution actuelle, survie d’un matriarcat », de Faïza SEDDIK ARKAM

 

La mère, charpente de la société

Chez les touaregs la charpente de la société est structurée autour de la femme. Elle est la matrice de cette culture. Dans l’institution maritale, elle joue le rôle central, depuis le mariage jusqu’à l’éducation des enfants en passant par la gestion du foyer. La femme touarègue a non seulement droit à la propriété, mais tout ce qui matérialise la cellule familiale lui appartient, en commençant par la tente et son contenu. En cas de séparation, l’homme n’a droit qu’à son apparat au sens strict du terme. C’est lui qui part du foyer et le laisse intact pour être livré à l’incertitude.

Aménokal, chef d’oncle à neveu maternel

Cette prépondérance matriarcale a consacré définitivement le droit du fils de la sœur de l’Aménokal (chef suprême des Touaregs) à prendre la relève du pouvoir aristocratique. La femme touarègue est aussi le support sur lequel repose toute la vie économique et l’avenir de la communauté. Elle propose les alternatives, gère et encadre le campement à l’absence de l’homme et participe à toutes les décisions en sa présence.

 

Asshak, l’éthique morale touarègue

La femme touarègue a accès à la propriété, à la liberté d’être, d’expression, de choisir son partenaire et d’être à l’abri des sévices corporels. Pour préserver ce fondement culturel de cette société, un code de conduite dénommé « Asshak » a été institué et imposé aux hommes. Dans cette démarche éthique morale, l’homme doit gérer son avantage physique afin de ne pas en abuser sur la femme et les faibles de la société. Cette règle garantie la totalité des droits de la femme et fait d’elle le facteur anoblissant l’homme. L’homme qui déroge à cette règle n’est plus noble et est déchu de ses droits. Il est banni. Ce sont les femmes qui prononcent cette exclusion.

 

Régime matrimonial de séparation de biens

Avant de rejoindre son mari, l’épouse touarègue a toujours disposé d’une tente, de meubles et d’animaux de traite selon les capacités de ses parents. Elle rejoint son mari avec un capital qu’il doit préserver et faire fructifier en accord avec elle. Il convient de préciser que dans le mariage, c’est le régime de la séparation des biens qui prévaut. Aucun mari ne peut disposer des biens matériels inaliénables (ébawel) de son épouse sans son consentement. La femme touarègue choisit son mari, ou alors la famille le choisit avec son accord. Sa préférence est prépondérante, même si elle doit obéir elle aussi à des critères qui préservent la dignité et l’honneur de la famille, de la tribu ou de la fédération. Sa dot est toujours équivalente à celle qui avait été donnée à sa mère ; quel que soit le nombre de ses mariages, elle a droit à la même dot.

 

Un matriarcat affaibli par l’islam

Aujourd’hui, son rôle dans la société est entamé par plusieurs facteurs endogènes et exogènes. (…) L’écriture berbère « Tifinagh » dont elle était détentrice et qu’elle transmettait aux enfants a été supplantée par d’autres langues, (…). Des comportements contraires au code et à l’éthique « Asshak » deviennent quotidiens et la polygamie commence à rentrer dans les mœurs du fait de la fragilisation de son statut.

 

Source : matricien.org

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