La Banque africaine de développement (BAD) et la Mauritanie ont signé, le 30 novembre 2016 à Abidjan, des accords de financement totalisant 9,2 millions de dollars américains, prêt et don cumulés. C’est une grande première, puisqu’il s’agit là du tout premier appui budgétaire de la Banque à la Mauritanie. Ce financement servira à la première phase du Programme d’appui aux réformes économiques et à la diversification de l’économie (PAREDE I) du pays.
Sering Jallow, conseiller du vice-président de la BAD chargé de l’agriculture, de l’eau, du développement humain et des ressources naturelles, a d’emblée salué la portée hautement symbolique de cette cérémonie de signature : « Il s’agit de la toute première opération d’appui budgétaire de la Banque africaine de développement en Mauritanie. Elle traduit la confiance mutuelle entre la BAD et votre gouvernement ».
Le PAREDE a pour objectif principal de créer les conditions favorables à la diversification de l’économie mauritanienne, une diversification nécessaire pour promouvoir une croissance inclusive et durable. Pour ce faire, le programme mise sur l’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques et sur le système productif hors industries extractives.
En ce qui concerne l’amélioration de l’efficacité des investissements publics, le programme permettra tout d’abord d’augmenter la part des investissements privés hors industries extractives, pour la porter à 38 % du PIB en 2017 (contre 35,6 % en 2015). Il aidera aussi à réduire les dépenses fiscales, de sorte qu’elles n’excèdent pas les 3 % en 2017(contre 5 % aujourd’hui). Autre objectif du programme : mettre fin à 20 % au moins des exonérations fiscales qui n’ont pas d’impacts positifs (directs ou indirects) sur le budget de l’État.
Le programme devrait par ailleurs permettre d’améliorer des indicateurs importants dans la mesure de l’efficacité des investissements publics. Ainsi, le ratio de l’investissement requis pour accroître la capacité de production d’une unité physique (dit en anglais ICOR, Incremental Capital Output Ratio) devrait baisser de 10,4 actuellement à 9 en 2017. Au moins trois partenariats public-privé (PPP), dont un dans le domaine des infrastructures, devraient aussi voir le jour.
S’agissant du volet agropastoral, cet appui budgétaire de la BAD devrait permettre au secteur de contribuer à hauteur de 22 % du PIB en 2017, contre 17,7 % en 2015. La superficie aménagée dans la filière rizicole va augmenter, pour compter 55 000 ha en 2017 contre 46 089 ha aujourd’hui ; ainsi que le nombre de titres fonciers accordés à des coopératives agricoles féminines, qui devraient s’élever à 52 à la même échéance (contre 20 aujourd’hui). L’on escompte également une meilleure traçabilité des produits de l’élevage à l’exportation (8 % en 2018, contre 0 % en 2016), outre une hausse des produits inspectés dans les abattoirs (10 %). Enfin, la création d’un agropole et d’un incubateur pour les jeunes entrepreneurs agricoles est aussi au programme.
L’ambassadeur de Mauritanie en Côte d’Ivoire, Mohamed Abdallahi Ould El Boukhary, s’est félicité de ces retombées concrètes : « Je me réjouis de l’accent mis sur le développement agropastoral, a-t-il déclaré. Les impacts de ce secteur sont extrêmement importants pour la réduction de la pauvreté. » Et de souligner à quel point ce programme arrive à point nommé, la Mauritanie œuvrant à diversifier son économie, qui reposait jusqu’ici « essentiellement sur les industries extractives comme le fer, l’or et le cuivre ».
La signature de ces accords de financement intervient une semaine à peine après l’approbation du projet par le conseil d’administration de la BAD. « C’est là le nouveau visage de la BAD : une banque plus réactive, plus proche de ses clients, plus efficace, s’est réjoui Sering Jallow. Et si nous avons pu aller aussi vite, c’est grâce à la collaboration exemplaire entre la Mauritanie et la BAD ».
Ce programme répond à deux des Cinq grandes priorités de la BAD – dites aussi « Top 5 » : « Nourrir l’Afrique » et « Améliorer la condition de vie des Africains ».