Tintin au Congo, voici Biram au Burkina

mar, 11/22/2016 - 09:24

 Si la lutte contre toutes les discriminations et surtout contre l'esclavage est à saluer en amont, en aval et particulièrement en Mauritanie elle prend des dimensions sectaires dignes des procès inquisitoires. Les attouchements qui se concrétisent entre l'IRA et les officines sionistes d'une part, la sacro-sainte alliance à connotation pigmentaire qui se dessine entre l'IRA et les extrémistes négro-mauritaniens d'autre part, doivent attirer l'attention du paisible peuple maure, qu’il soit blanc ou noir, opposition et majorité confondues. Les séquelles de l'esclavage contre lesquelles nous luttons tous ne sont hélas que l'alibi du lobby sioniste à vouloir déstabiliser notre nation. Le maintien de la Mauritanie dans sa sphère d'influence étant pour Israël le tremplin qui est synonyme de l'implantation du premier jalon, destinée à la conquête de l'Afrique de l'Ouest, comme on peut le constater d'ailleurs avec la percée de Tel Aviv dans la région des grands lacs. Or aucun progressiste sur ce globe terrestre ne pourrait se réclamer du dogme sioniste, à l'instar des idéologies même totalitaires à savoir le marxisme-léninisme, le maoïsme, le Pol Potisme sanguinaire des Khmers rouges et j'en passe ...A dire que c'est  l'IRA-Mauritanie qui a été choisie par les services secrets sionistes tapis en Occident, comme ballon d'essai ou comme élément précurseur auprès des sociétés ouest-africaines. La tournée récente de Biram Dah Abeid premier responsable de l'IRA-Mauritanie n'est point fortuite. Ex nihilo nihil. Le président de l'IRA, probablement à son insu, propulsé ad hoc,"bradé"  de "titres"en moins de deux ans, s'avère désormais l'épouvantail orchestré par des fantoches sans scrupules. Qu’on ne se fasse pas d'illusions chez les militants de l'IRA, l’état d'Israël est raciste. Il déteste et les Arabes et les Noirs surtout musulmans. Le même cynisme politique s'est produit avec l'ancien président Maawiya, contre qui on a constamment brandi le bâton du "passif humanitaire «jusqu’a l'obtention d'un anachronique établissement de relations diplomatiques entre Nouakchott et Tel Aviv  (pourquoi faire?).Ce rapprochement a mis au placard le "passif humanitaire» du moins pour les chancelleries occidentales alliées indéfectibles d'Israël, au moment où en Mauritanie le problème reste encore entier pour les ayant-droits. La rupture de ces relations diplomatiques voulue par Mohamed Ould Abdel Aziz en 2009,a été ressentie par l'état d'Israël comme une gifle compromettant ainsi tous ses plans longtemps échafaudés quant à l'éventuelle percée juive au niveau de l'autre partie du continent noir, la Mauritanie étant le trait d'union entre le Maroc (déjà acquis)et les pays de la sous-région ouest-africaine dans l'expectative d'une offensive tous azimuts. Et voilà que le général Aziz dans sa nouvelle perspective d'émancipation compromet les dessous de cartes de la diplomatie sioniste. Rien de plus incisif alors que l'alibi de l'esclavage, une arme redoutable et ponctuelle, de par sa "légitimité", destinée à faire plier l'impavide et "téméraire" général mauritanien qui défie Israël, le pays qui dirige réellement le monde judéo-chrétien!!!.Pour passer à l'offensive, l’état sioniste a trouvé un matériau à moindre coût en la personne de Biram Dah Abeid. Sait-il que l'offensive salvatrice d'Israël envers les Harratines de Mauritanie n'est que le double réalisme d'un état voyou qui viole toutes les résolutions internationales? Biram croit que tous les égards dont il fait l'objet sont le témoignage gracieux à une "lutte légitime «au service d'une «juste cause ". Biram devrait se demander pourquoi Israël veut imposer à Nouakchott ce qu'il n'a jamais demandé aux autres pays arabes plus importants que la Mauritanie, à savoir les relations diplomatiques au niveau des ambassades?

A/ Le périple ouest-africain de Biram Dah Abeid

          Des aventures, rien que des aventures asymptomatiques des inventions d'un savant fou du célébrissime dessinateur belge Hergé. Un savant "extraordinaire" qui a mis des appareils pour stopper les moteurs des bateaux en pleine mer afin d'endormir les passagers avant de les voler. Mais au seul but de ...financer ses inventions! Que de similitudes dans la pratique dolosive du savant fou d'avec les mobiles du périple que vient d'effectuer le président d'Ira-Mauritanie en Côte d'Ivoire, au Mali, au Sénégal et au Burkina-Faso. Plumer les occidentaux pour remplir sa cagnotte, faire valoir l'argument épidermique aux pays de la sous-région ouest-africaine en se posant en victime, enfin vouer aux gémonies les populations maures de la place. Ce triptyque sorti des officines sionistes risque de s'essouffler au contact des vents du sahel.  Après les aventures de Tintin au Congo voici Biram Dah Abeid militant anti-esclavagiste mauritanien au Burkina-Faso. Mais que compte concrétiser le président de l'Ira-Mauritanie au pays de la princesse Yénéga et surtout du roi mossi, le féodal et puissant Mogho Naba du Yatenga? Biram croit-il pouvoir vendre aux descendants des empires moyenâgeux ouest-africains les "vestiges" de l'esclavage, desquels ils ont eux-mêmes tiré la quintessence de leur rayonnement culturel voire historique? Le président de l'Ira-Mauritanie peut-il exporter la lutte contre l'esclavagisme au berceau des sociétés féodales mandingue, Akan ou Mossi, qui sont en partie dépositaires de la stratification filée aux voisins arabo-berbères de Mauritanie depuis environ mille ans?

 B/De l'empire du Ghana au célèbre empire du Mali:

  Entre les Soninkés du Ghana et les berbères Sanhadja la cohabitation fût longue surtout après le triomphe des Fatimides en Orient et la crise morale qui s'ensuivit. Les Mourabitounes prônant désormais un islam rigoureux, sous l'égide de Abd Allah Ben Yassin, chassèrent d'Aoudaghost les Soninkés, conquirent leur capitale en 1076.Cependant la domination des Mourabitounes va s'effondrer après la mort de leur chef Aboubekr Ibn Oumar en 1087.

  Ainsi dès le 12ème siècle les Soninkés vont subir l'hégémonie du Sosso, du Mali (du 13ème au 15ème siècle).La sécheresse aidant les routes caravanières se détournaient vers la boucle du Niger (Walata,Tombouctou) et le bas Sénégal vers l'Ouest. À cette époque le roi du Sosso Soumaoro Kanté régnait en maître .D'ailleurs il mit à mort la dynastie des Keita princes du Mandé(futur Mali)à l'exception du dernier "rejeton», un cul-de-jatte du nom de Soundiata Keita. C’est le fils impotent de Sogolon Diata et de Naré Famagan, dopé par les louanges de son griot Balla Fasséké Kouyaté qui sera à l'origine du plus grand empire de l'ouest-africain: le Mali. En tuant Soumaoro Kanté le roi sorcier, l’ancêtre de tous les forgerons en 1235 à la bataille de Kirina, Soundiata Keita a bâti un empire qui allait de la Guinée(Conakry),son berceau jusqu'à l'est-mauritanien, du nord de la côte d'ivoire jusqu'au Sénégal en passant par la Guinée-Bissau, la Gambie, une partie du Niger, du Burkina-Faso, de l'Azawad (nord de la république du Mali actuel).L'empire du Mali était socialement stratifié en quatre ensembles bien distincts. Il y avait le clan des hommes libres, des griots, des marabouts, des artisans. Ce dernier clan comptait les forgerons, les tisserands, les esclaves, les pêcheurs etc. Ce système de castes, établi au 13ème siècle existe encore de nos jours. Ainsi l'esclavage n'était pas l'apanage des seules sociétés arabo-berbères, car les roitelets noirs s'y adonnaient  à telle enseigne qu'ils vendaient leurs compatriotes aux négriers arabes d'abord et occidentaux ensuite pour des territoires lointains d'Amérique, des caraïbes etc..Certains consuls occidentaux étaient déjà en poste dès le 13ème siècle auprès des princes du Mali à cause de la richesse en or de l'empire.

  C/Les arabo-berbères victimes de proximité:

    Si le système de l'esclavage perdure en Mauritanie chez les Maures, c'est que la religion domaine de prédilection des marabouts, s’y est invitée. En Afrique noire l'esclave sert de prestige familial comme le bétail l'est aussi chez les Peuls. Au plan psychologique et moral l'esclave est rabougri, lobotomisé. Chez les Maures l'esclave était exploité, physiquement et matériellement. De nos jours les séquelles sont visibles et il faut une discrimination positive pour panser ces plaies encore béantes.

  Et pourtant les Arabes de Mauritanie n'ont fait que copier sur leurs voisins du sud après des siècles de proximité. La notion de griot, de forgeron, de castes inférieures est une invention de l'empire du Mali et qui se seraient étendues jusqu'au Tekrour, au Walo, au Guidimagha, aux deux Hodhs, l'Assaba, le Trarza, avant d'atteindre l'Adrar à Atar( atara qui signifie en bambara :il est parti).Aucune société n'a échappé à la pratique esclavagiste. Même dans le matérialisme historique, adapté au matérialisme dialectique qui se veut pourtant scientifique, Karl Marx parle du passage de l'humanité nécessairement par cinq classes sociales(les sociétés primitive, esclavagiste, féodale, bourgeoise et enfin socialiste.la sixième étant la société communiste où à chacun selon ses besoins).

  Le premier griot maure a appartenu à la prestigieuse tribu arabe des Oulad Mbarek lorsqu'elle s'est installée au Hodh Gharbi d'abord  et le Hodh Chargui ensuite, face au royaume bambara de Ségou et aux vestiges du décadent empire du Malivers le 17ème-18ème siècle .Le premier griot maure était probablement un maure noble. Le premier forgeron maure était probablement un beidhane noble également ...On constate qu'au-delà du pays maure dans le Sahara occidental proche du Maroc et de l'Algérie, les notions de griots, de forgerons, de Hartanis, de pêcheurs, de tisserands etc...N’existent plus. Ce sont les négro-africains qui ont filé ces tares aux beidhanes de Mauritanie de par leur proximité géographique et sociétale.

   De nos jours la stratification des sociétés malienne, sénégalaise, guinéenne, mauritanienne est encore vivace. Au Guidimagha toutes les populations venues du Mali du Sénégal comme les patronymes Traoré, Bakayoko, Couloubaly, Diarra, Dembelé etc, sont des esclaves tenus de camper à la périphérie. Au Fouta les Torodos ne doivent pas se mélanger aux  esclaves ou makudos, aux thubalos (pêcheurs), créatures de second palier. Il n'y a que chez les Maures qu'on dénonce l'esclavage d'ailleurs pour des raisons de politique intérieure.

  Donc les aventures de Biram Dah Abeid au Mali où jusqu'à nos jours il y a la danse de l'esclave, la danse du forgeron, des tisserands (d'ailleurs ils en sont fiers), au Burkina où les esclaves sont castrés avant d'être donnés en cadeaux, ne pèseront pas sur la quiétude des Maures qui vivent dans ces pays lointains. À parier que Biram au Burkina-Faso, au Mali et en Côte d'Ivoire a récolté plus de détracteurs à son initiative que de sympathisants. Comme quoi quand on s'allie au sionisme international on récolte la colère locale. Que dire de la condition humaine des Harratines des adwaba, des villages transfrontaliers, des villes minière et côtière dans ce tourbillon géostratégique où des forces transcendantales poussent leurs pions sur un échiquier mondial à des années lumière de leurs préoccupations quotidiennes?

    Ely Ould Krombelé

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