Celui de L’Avenue de la Dune devenue Avenue Gemal Abdel Nasser , la seule qui existait. La ville était propre de l’Hopital National à l’Aeroport . Du Ksar où il faisait bon vivre avec des familles joyeuses : les Bechir ould Bezeid nos voisins , les Tomy mes frères, les Thurief,nos amis , le Bar KEITA, le cinéma le Jouad, l’école 8 , le dispensaire , les marchés et les boutiques achalandées.
La Grande exposition des collections de chaussures chez Dramé et frères. L’insouciance et le plaisir des retrouvailles autour du thé pendant la période des grandes sécheresses. Aucun bruit dérangeant , aucune rue encombrée , aucune odeur particulière d’huile moteur ou de carburant.
Le vrai bonheur sous les lampadaires.
La Capitale car c’est ainsi qu’on appellait le reste de la ville qui se limitait aux Médinas et au marché en plus des blocs rouges et manivelles. Le quartier résidentiel s’arrêtait aux Îlots V, O, et P l’îlot K et M sont venus plus tard compléter le décor.
Il n’y avait ni Tevragh Zeina ni 5e ou 6e ni Riad ou Toujounine ou même Arafat qu’on appelait encore des jardins ou des gazras .
La ville s’arrêtait à l’hôpital national et à la villa de Ba Bocar Alpha ou de Mokhtar Ould Daddah.
C’était le Nouakchott des pères Fondateurs qui n’avaient ni villas ni voitures personnelles. Le Nouakchott de la joie et de l’espoir . Il y avait de la solidarité et de la bienveillance. Une vraie amitié entre tous. Une vraie complicité, de la sympathie envers les autres. Une vraie symbiose. Tous se retrouvaient au cinéma Ouasis ou El Mouna , où des films Mauritaniens étaient projetés en plus des films étrangers. On connaissait les noms de tous les acteurs, on adorait leurs éloquences et leurs talents , on partageait leurs histoires.
Les personnages des films westerns étaient les plus populaires. Les films hindous semblaient avoir la cote avec les acteurs comme Amita Bachan et Emma Malini. Les matinées attiraient les foules des jeunes. Les soirées les plus anciens étaient tous au rendez-vous. Le Président de la République avait sa loge .
C’était le temps des fêtes et de la décontraction.
Tout le monde se voyait. Tout le monde se fréquentait. C’était il y’a longtemps.
C’était un autre temps, une autre époque.
Mohamed Chérif
Ancien Directeur Général des Impôts