Le paysage médiatique mondial connait une transformation majeure ces dernières années avec l'avènement des médias numériques et des réseaux sociaux, mais la Mauritanie comme tant autres pays, n'a pas échappé à cette évolution.
L'un des principaux problèmes auxquels est confronté le journalisme mauritanien aujourd'hui est la propagation de fausses informations, négatives basées sur des rumeurs. Trop souvent, les médias se précipitent pour rapporter des nouvelles sans prendre le recul nécessaire pour vérifier et évaluer leur impact sur la société. Cela peut entraîner une atmosphère de méfiance et d'instabilité parmi la population, créer des frustration et pire encore souvent des arrestations.
Non seulement la situation peut nuire à la stabilité du pays mais également ralentir le travail de vrais acteurs du changement. La situation que nous vivons actuellement en rapport avec l‘avant-projet de loi contre les violences faites aux femmes et aux filles est un des exemples concrets de manipulation médiatique pour mieux appuyer sur la plaie. Certains journalistes, que d’autres considèrent des blogueurs ou influenceurs relaient l’information dans le but de créer plus de polémique. Mais cela c’est parce qu’on leur accorde aujourd’hui plus de pouvoirs qu’aux journalistes. Aujourd’hui ils participent à des rencontre d’informations, de conférence de presse, participent à des voyages de presse, sont subventionnés pour partager des messages et porter des plaidoyers. Tant mieux tant que ça ne désinforme pas et que ça ne manipule pas !
Nécessité de dissocier Journalisme et Blogging……
Le journalisme est un métier noble et n’est pas journaliste qui veut. Il est plus que nécessaire de dissocier le journalisme du blogging : Le journalisme et le blogging sont deux domaines distincts qui doivent être dissociés clairement en Mauritanie. Alors que le journalisme est basé sur la recherche, la vérification des faits et la présentation impartiale de l'information, le blogging est souvent subjectif et peut facilement glisser vers la désinformation. Il est essentiel d'éduquer le public sur la différence entre ces deux pratiques. Tant mieux si vous invitez les blogueurs à prendre part dans les conférences de presses et poser des questions sans éthiques, ils penseront qu’ils ont le devoir d’assister à toutes les conférences de presses à l’avenir et d’informer. Si vous les inviter à prendre parole dans une rencontre purement journalistique vous faites une course au buzz, à l’audience mais également vous ouvrez une brèche à la propagande et à la manipulation. Les blogueurs ne sont soumis à aucune éthique ou déontologie journalistique, ils sont ce qu’ils sont pour la société et pour eux même, ils ont leurs opinions à défendre et faire valoir en ajoutant une pincée d’égoïsme, c’est tout à fait légitime. Ils ont leurs espaces ils sont libres.
Mieux gérer les espaces de diffusion de messages….
Il est important de noter que la prolifération des espaces d'échanges et d'information en Mauritanie, en particulier sur les réseaux sociaux, a facilité la diffusion de faux messages qui aujourd’hui ralentissent le travail des journalistes, de la société civile mauritanienne, le travail des vrais porteurs de voix et même ralentissent les programmes misent en place pour promouvoir un développement durable. Il est temps de réglementer ces espaces pour prévenir la manipulation de la société par des acteurs malveillants. La Mauritanie dispose déjà d'une loi sur les réseaux sociaux, mais elle doit être mise en application de manière plus stricte.
Il est impératif de reconnaître que les médias jouent un rôle crucial dans la société mauritanienne, mais ils doivent être utilisés de manière responsable pour éviter la déstabilisation du pays, recadrer le métier de journalisme en Mauritanie, partager les responsabilités, réglementer les espaces d'échanges et d'information, et dissocier clairement le journalisme du blogging sont des étapes essentielles pour contrer la désinformation et promouvoir une société plus informée et équilibrée. En fin de compte, la stabilité et la prospérité de la Mauritanie dépendent en grande partie de la manière dont les médias utilisent leur pouvoir de diffusion de l'information.
Houleye Kane