Le groupe de travail d’experts de l’Organisation des Nations Unies sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, dirigé par Mme Meskerem Geret Techane, a récemment conclu sa mission en Mauritanie, apportant ainsi des éclaircissements essentiels sur la situation actuelle, lors d’une conférence de presse à Nouakchott ce vendredi 6 Octobre. Aux côtés de Mme Techane, la présidente Doroty Estrada Tanck, Elisabeth Broderick, Ivana Radacic et Melissa Upreti ont conjointement contribué à une analyse approfondie des progrès accomplis dans la lutte pour l’égalité des sexes, tout en mettant en lumière les obstacles persistants qui entravent la suppression de la discrimination envers les femmes et les filles.
Cette mission a été caractérisée par des rencontres avec divers acteurs, tels que les autorités nationales et locales, les organisations indépendantes, la société civile, les médias, les élus et les représentants des Nations Unies. À l’issue de ces entretiens, le groupe a émis une déclaration, synthétisant ainsi les enseignements tirés de son enquête approfondie. Selon le groupe d’experts, La Mauritanie a réalisé d’importants progrès en promouvant l’autonomisation des femmes et des filles. Des exemples concrets de ces efforts comprennent l’adoption de lois visant à interdire le mariage précoce, à combattre les mutilations génitales féminines et à instaurer un quota électoral.
Toutefois, en dépit de ces avancées positives, des défis subsistent. Malgré un cadre institutionnel solide et une détermination politique affirmée en faveur de l’égalité Genre, l’égalité en terme de droits et de chance, le groupe d’experts a souligné que l’oppression patriarcale, exacerbée par des contraintes socioéconomiques, continue de freiner la participation pleine et entière des femmes.
Les experts ont également mis en avant le fait que des attentes discriminatoires concernant les rôles traditionnels des femmes et des filles contribuent à perpétuer des pratiques préjudiciables, entravant ainsi leur pleine intégration dans la société, particulièrement sur les plans économique et politique.
Force est de constater que la discrimination basée sur le genre est fréquemment minimisée, mal comprise, voire même réduite à de simples idées reçues, propageant ainsi un climat de préjugés. Un exemple particulièrement frappant de cette réalité est la discussion en cours au sujet de l’avant-projet de loi visant à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Malgré les efforts entrepris pour améliorer l’éducation et les opportunités économiques destinées aux femmes et aux filles, le taux élevé d’abandon scolaire chez les filles, principalement en raison des mariages précoces, suscite de vives inquiétudes.
Les experts ont également attiré l’attention sur les défis en matière de santé reproductive, notamment chez les jeunes filles, du fait des mariages précoces, des grossesses précoces, du manque d’espacement entre les naissances et de l’insuffisance des soins prénataux.
Par ailleurs, la participation des femmes sur le marché du travail reste limitée, se concentrant majoritairement dans le secteur informel. Les femmes continuent de faire face à des obstacles pour accéder à la terre, aux biens fonciers, aux opportunités entrepreneuriales et aux prêts bancaires, suscitant ainsi des préoccupations quant à la nécessité de lutter contre les violences économiques.
Le groupe d’experts a souligné qu’après multiples échanges avec les acteurs concernés, les expériences des femmes et des filles varient considérablement en fonction de leur origine ethnique et de leur lieu de résidence.
Les femmes vivant en milieu rural sont confrontées à des défis plus aigus, tels qu’un accès limité à l’éducation et aux soins de santé, ainsi qu’un taux élevé de mutilations génitales féminines. Bien que la loi interdise cette pratique, son application demeure lacunaire, et la sensibilisation à ce sujet demeure insuffisante.
Au cours de leur enquête, les experts ont recueilli des témoignages concernant les violences basées sur le genre, révélant une prévalence alarmante du viol impuni. Les tabous sociaux entravent souvent la dénonciation de ces crimes, soulignant ainsi la nécessité urgente d’établir un cadre légal de protection pour lutter contre de telles violences.
En conclusion, le groupe d’experts souligne l’impératif absolu pour la Mauritanie de garantir une participation réelle et équitable des femmes et des filles, ainsi que la pleine réalisation de leurs droits dans tous les aspects de leur vie, afin de parvenir à un développement durable. Cette transformation doit débuter au sein des familles et s’étendre à l’ensemble de la société, pour que les progrès notables enregistrés ne laissent plus de destins brisés dans leur sillage.