Mahamoud-Dicko-IyadIl y a plus d’une semaine, le site d’information Malijet a publié une lettre du chef d’Ansardine, Iyad Ag Aghaly, adressée à l’Iman Mahmound Dicko, Président du Haut Conseil Islamique. Dans cette lettre, le chef d’Ansardine annonce un cessez-le-feu, donc l’arrêt de toutes les attaques de la part de ses lieutenants. Quelques jours après, le site mauritanien réputé être proche des groupes jihadistes, publie un article dans lequel Ansardine dément avoir signé un cessez-le-feu. Si Malijet a publié la lettre écrite en arabe avec la photo, Alkabar s’est contenté de signer des sources anonymes.
Comme tous les groupes islamistes, Ansardine est une nébuleuse. De quoi raviver le débat autour d’une question taboue au Mali à savoir le dialogue avec les islamistes. Et l’iman Dicko, déjà accusé de connivence avec les jihadistes bien en avant l’opération Serval, s’expose davantage à ses détracteurs qui ne manqueront pas de tenter de l’abattre. On est en mesure de dire que les positions commencent à s’éclaircir petit à petit. Après le Président du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), Tiébilé Dramé, Mahmound Dicko est la deuxième personnalité à afficher publiquement sa préférence pour un dialogue avec les islamistes ou les terroristes. Si cette position de l’iman Dicko réconforte quelqu’un, c’est bien le Président du Parena, considéré jusque là par certains comme un rêveur, sinon un illusionniste.
Certaines personnes partagent l’opinion de Tiébilé et Mahmound mais n’ont pas assez de courage pour appeler publiquement à un dialogue avec ces groupes qui sèment la terreur et endeuillent nos familles de façon quasi- permanente. Compte tenu de ses relations avec le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, l’Iman Mahmoun Dicko risque de mettre le gouvernement dans une position embarrassante et surtout le Chef de l’Etat qui a toujours exclu toute idée de dialogue avec Iyad et son groupe, lesquels se sont mis en marge du processus.
Dans l’une de ses interviews accordées à Jeune Afrique, le Président IBK avait eu des mots durs et menaçants à l’endroit du chef d’Ansardine. A sa suite, le Premier ministre français, Manuel Valls, a déclaré lors de son passage à Gao que l’ancien chef rebelle est la cible numéro 2 de la force Barkhane après l’algérien Moktar Ben Moktar.
Le gouvernement observe toujours un silence assourdissant par rapport à cette lettre envoyée au Président du Haut conseil islamique par Iyad. Le Président IBK serait entre le marteau des algériens et l’enclume des français.
Si on peut dépassionner le débat, on ne doit pas dialoguer avec les islamistes. Le vrai débat qui vaut aujourd’hui, est celui des voies et moyens à mettre en œuvre pour permettre au Mali de trouver la paix sans laquelle aucune action de développement n’est possible. Pour cela, il est impérieux que le peuple arrive à pister toutes les solutions, y compris celle de faire revenir à la raison ceux qui ont décidé de combattre la République et ses soldats au nom de la religion. Et pourtant des pays comme la Mauritanie ont tenté leur expérience en instaurant des discussions entre les oulémas et les « terroristes » au sein de la prison. Pourquoi ne ferions-nous pas autant ?
Par Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger