Le bonheur, quoi !... Par Elbane Hamady

dim, 09/10/2023 - 23:16

Jeune lycéen à Nouakchott, avec ma petite bande de copains, nous avions en tête de faire une escapade de quelques jours à la plage.

La logistique n’était pas notre fort. Pour autant, nous avions réussi à emprunter une « khaïma* » tente mauritanienne, des ustensiles de cuisine, quelques victuailles, de l’eau et nous voilà fin prêts.

Notre plus grande crainte n’était pas le moyen de locomotion pour cette dizaine de kilomètres qui nous séparait de la plage, un vieux taxi « tout droit » faisait l’affaire.
C’était le genre de vieux tacots dont les portières ne fermaient pas, le moteur toussait tellement qu'il pouvait rendre l'âme à tout moment.

Ce n’était pas non plus la conservation des poulets congelés. Du gros sel et des estomacs éprouvés suffisaient à faire face aux désagréments d’une improbable décongélation.

Notre véritable souci était comment présenter notre projet à nos proches. Nous savions à l’avance que c’était peine perdue.

A juste titre.

En effet, l’océan, la mer, ce n’était pas notre élément. Cela restait du côté abstrait, voire mystique pour nos proches.
Sans oublier le plus important, nous ne savions pas nager.
Eh, oui ! Juste barboter dans les « tamourtes» marigots éphémères qui se formaient après les pluies abondantes en période d’hivernage.
A quelques omissions près, nous avions eu malgré tout l’aval de nos proches.

Ces années là, la Mauritanie était encore probablement dans un angle mort du cosmos, oubliée des cohortes de touristes et autres voyageurs.
La plage était déserte. Seuls le soleil, le sable fin et ce petit vent frais étaient de la partie.

Le bonheur, quoi !

Sous la lampe tempête, au son du vieux transistor, les parties de cartes et d’échecs s’enchaînaient toute la nuit.
Cependant, un imprévu venait perturber notre aventure.
Nous avions des hôtes inattendus...Des envahisseurs.
Une multitude de petites choses avec des pinces, des pattes poilues, un corps difforme.
Beuuh ! Nous n’avions pas prévu cela. Des crabes sortaient de partout.

Au petit matin, ils s’en allaient comme ils étaient venus.
C’est aussi cela l’inattendu à Nouakchott.

Photo : Khaïma* sur la plage - Mauritanie -

Par Elbane Hamady

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