L’industrialisation par substitution à l’importation est une théorie économique qui soutient qu’un pays, pour parvenir à son développement, doit transformer ses matières premières au lieu de les exporter à l’état brut.
Cette stratégie consiste à sortir de la dépendance aux importations des biens transformés en les produisant à l’intérieur du pays. Historiquement ce modèle fut développé en Allemagne au 19ème siècle, dans le cadre d’une approche de protection de leur industrie.
Il fut aussi utilisé par le Brésil vers les années 50 pour développer leur économie. Cette forme d’industrialisation est progressive.
Il s’agit de réduire les importations, pour développer un potentiel industriel via de petites industries de transformation locales, avant de baisser progressivement les barrières tarifaires afin de confronter la productivité locale à celle des Etats étrangers.
Pour mettre en place cette politique, l’Etat Mauritanien devrait encourager la fabrication locale des biens de premier ordre orientés vers le consommateur final. A cette fin, les Pouvoirs Publics doivent appliquer une politique plus incitative à travers l’octroi aux initiateurs des projets industriels des prêts à faible taux d’intérêt et leur accorder des avantages fiscaux et subventions.
Livres à eux-mêmes, les hommes d’affaires mauritaniens sont peu enclin à investir dans des secteurs qui ne promettent de croissance qu’à long terme.
Pour accélérer la mise en place de cette stratégie d’industrialisation, les Pouvoirs Publics doivent proposer aux opérateurs économiques une banque de projets dans l’agroalimentaire, la pêche, l’industrie laitière, le cuir, la plasturgie, la plasticulture, la confiserie...etc. Une assistance technique est nécessaire, dans un premier temps, pour accompagner les initiateurs de projets. Pour y arriver cela requiert une véritable implication de tous les services compétents de l’Etat et du patronat mauritanien.
Durant la phase de démarrage de ces industries, l’Etat peut limiter l’importation de produits fabriqués localement en instaurant des droits de douane et des contrôles de qualité, afin d’ouvrir le marché pour nos industries locales naissantes et soutenir leur croissance. Il peut aussi dans le cadre de son programme, fixer comme objectif, un plafond de projets industriels à réaliser sur les 5 prochaines années.
La réalisation de ces projets doit générer un potentiel de substitution à l’importation de l’ordre de 100 milliards d’ouguiya MRO et 5000 emplois.La socialisation du risque industriel organisé par l’Etat doit avoir comme contrepartie la valorisation de nos ressources locales et la création de milliers d’emploi pour nos jeunes.
Mohamed Lemine Naty
Économiste