La décision courageuse  du Président Mohamed Ould Abdel Aziz : le chemin vers l’alternance démocratique ?  

ven, 10/28/2016 - 12:17

Il y’a quelques mois  j’avais publié un article  sous forme  d’appel aux politiciens de mon pays pour qu’ils  consentent  les sacrifices  nécessaires  afin de garantir le  succès  du dialogue national. J’avais précisé que cela supposait   des mesures de confiance et d'ouverture de la part de tous les acteurs politiques de quelque bord qu’ils soient.

La courageuse décision du président Mohamed  Ould Abdel Aziz  de  ne point  briguer un troisième mandat,  privilégiant  ainsi  les intérêts supérieurs de la nation  à ses intérêts  propres et à ceux de son  clan politique, est hautement appréciée  par les mauritaniens  aussi bien de l’opposition, de la majorité, que de la masse indécise.  Par cet acte  le Président Aziz  a donné la preuve de son attachement à la préservation de   la loi fondamentale de notre pays , des ses institutions républicaines et  de ses valeurs démocratiques ; Bien des nations  sous  la pression des  troubles  nous envient  et  nous prendraient comme exemple à suivre. L’homme  aurait pu se prévaloir, comme  certains de ses pairs africains, des « sacro saints »  sempiternels et fallacieux   prétextes  de menace  sur  l’unité nationale, sur  la stabilité , la cohésion nationale,  de  risques de remise en cause du  développement du pays,….. pour  fouler au pays toute les dispositions statutaires constitutionnelles, armer les cohortes de sympathisants flagorneurs ou sincères, mobiliser ses forces armées et de sécurité, dans un élan effréné vers la conquête  d’un troisième mandat ; vu  la situation du pays, la disproportion des  forces antagonistes, la  frêle résistance  qui lui aurait été opposée,  le coup passerait, comme  ailleurs,  au prix certes d’une instabilité politique permanente et exacerbée mais passerait tout de même. Nous nous serions ainsi retrouvés dans un pays malade  des ambitions de son président.  C’est donc en  homme d’Etat averti, aimant son peuple et son pays, soucieux de l’intérêt suprême de la nation qu’il a choisi  de laisser le pouvoir à autrui en 2019. Il convient de rappeler  que Mohamed Ould Abdel Aziz,  par son acte,  est devenu  un symbole non seulement dans son pays mais en Afrique et dans le monde. Cette caution internationale perceptible à travers les réactions de certaines chancelleries occidentales  qui  ont  hautement apprécié  l’acte du Président Aziz, devrait encourager les acteurs politiques nationaux à engager une nouvelle approche   plus  conciliante vis-à-vis de leurs adversaires  sans toutefois renier leurs exigences fondamentales. Dans le même temps les propositions du  dernier dialogue national  duquel se sont exclus  les partis du FNDU et le RFD, devraient  constituer  la plateforme  d’un  dialogue bis réellement inclusif  autant du point de vue  du contenu  que des participants,  et  qui  sera  l’opportunité historique  pour définitivement  installer la Mauritanie  dans une  atmosphère d’alternance pacifique,  de paix et de stabilité pour le bonheur de tous le mauritaniens.

C’est ainsi en effet que cet acte salutaire  et salvateur de notre démocratie entrepris par Mohamed Ould Abdel Aziz  pourrait  constituer la pierre angulaire  d’une vision plus large et plus consensuelle vers l’alternance démocratique pacifique. L’opposition, celle là  qui  continue  de privilégier la confrontation,   est appelée plus que jamais  à en saisir la portée et éviter  toute propension à  le minimiser,  à le considérer  comme  un  butin arraché à l’ennemi à l’issue d’une âpre bataille. La sagesse  voudrait  que  le dialogue   soit  poursuivi  pour favoriser un compromis autour d’un homme d’Etat  qui a choisi  désormais  l’ouverture  et  la main tendue aux hommes et femmes, vieux  et jeunes, portés à la paix et la stabilité de ce pays  et choisis pour leur capacité à privilégier  un sursaut national. Rappelons  qu’il est normal  qu’un dialogue tende parfois   à prendre des allures d’affrontement, de combat, tant les cultures, les conceptions et les intérêts des négociateurs peuvent diverger, tant les pressions qui résultent de l’écho que reçoit la négociation peuvent être fortes. Mais l’objectif suprême de toute négociation réside dans la volonté de passer d’une logique de conflit, à une logique de conciliation, voire même de coopération. Dans bien des cas, ce n’est pas la volonté d’entente entre les parties qui les a conduites à s’engager dans un processus négociatif,  mais le constat plus pragmatique qu’un tel processus était d’un coût inférieur à celui de l’affrontement. Autrement dit, c’est toujours la nécessité qui commande la négociation. La nécessité nationale aujourd’hui  réside dans le rapprochement des cœurs, l’instauration de la confiance réciproque  en vue  du  consensus salvateur. Ainsi et ainsi seulement nous pourrons nous assurer que l’acte du Président Mohamed Ould Abdel Aziz  a été pleinement mis à profit pour une alternance démocratique pacifique et consensuelle. 

                                                                   Imam Cheikh 

SMS ATLASINFO