Il y’a quelques mois j’avais publié un article sous forme d’appel aux politiciens de mon pays pour qu’ils consentent les sacrifices nécessaires afin de garantir le succès du dialogue national. J’avais précisé que cela supposait des mesures de confiance et d'ouverture de la part de tous les acteurs politiques de quelque bord qu’ils soient.
La courageuse décision du président Mohamed Ould Abdel Aziz de ne point briguer un troisième mandat, privilégiant ainsi les intérêts supérieurs de la nation à ses intérêts propres et à ceux de son clan politique, est hautement appréciée par les mauritaniens aussi bien de l’opposition, de la majorité, que de la masse indécise. Par cet acte le Président Aziz a donné la preuve de son attachement à la préservation de la loi fondamentale de notre pays , des ses institutions républicaines et de ses valeurs démocratiques ; Bien des nations sous la pression des troubles nous envient et nous prendraient comme exemple à suivre. L’homme aurait pu se prévaloir, comme certains de ses pairs africains, des « sacro saints » sempiternels et fallacieux prétextes de menace sur l’unité nationale, sur la stabilité , la cohésion nationale, de risques de remise en cause du développement du pays,….. pour fouler au pays toute les dispositions statutaires constitutionnelles, armer les cohortes de sympathisants flagorneurs ou sincères, mobiliser ses forces armées et de sécurité, dans un élan effréné vers la conquête d’un troisième mandat ; vu la situation du pays, la disproportion des forces antagonistes, la frêle résistance qui lui aurait été opposée, le coup passerait, comme ailleurs, au prix certes d’une instabilité politique permanente et exacerbée mais passerait tout de même. Nous nous serions ainsi retrouvés dans un pays malade des ambitions de son président. C’est donc en homme d’Etat averti, aimant son peuple et son pays, soucieux de l’intérêt suprême de la nation qu’il a choisi de laisser le pouvoir à autrui en 2019. Il convient de rappeler que Mohamed Ould Abdel Aziz, par son acte, est devenu un symbole non seulement dans son pays mais en Afrique et dans le monde. Cette caution internationale perceptible à travers les réactions de certaines chancelleries occidentales qui ont hautement apprécié l’acte du Président Aziz, devrait encourager les acteurs politiques nationaux à engager une nouvelle approche plus conciliante vis-à-vis de leurs adversaires sans toutefois renier leurs exigences fondamentales. Dans le même temps les propositions du dernier dialogue national duquel se sont exclus les partis du FNDU et le RFD, devraient constituer la plateforme d’un dialogue bis réellement inclusif autant du point de vue du contenu que des participants, et qui sera l’opportunité historique pour définitivement installer la Mauritanie dans une atmosphère d’alternance pacifique, de paix et de stabilité pour le bonheur de tous le mauritaniens.
C’est ainsi en effet que cet acte salutaire et salvateur de notre démocratie entrepris par Mohamed Ould Abdel Aziz pourrait constituer la pierre angulaire d’une vision plus large et plus consensuelle vers l’alternance démocratique pacifique. L’opposition, celle là qui continue de privilégier la confrontation, est appelée plus que jamais à en saisir la portée et éviter toute propension à le minimiser, à le considérer comme un butin arraché à l’ennemi à l’issue d’une âpre bataille. La sagesse voudrait que le dialogue soit poursuivi pour favoriser un compromis autour d’un homme d’Etat qui a choisi désormais l’ouverture et la main tendue aux hommes et femmes, vieux et jeunes, portés à la paix et la stabilité de ce pays et choisis pour leur capacité à privilégier un sursaut national. Rappelons qu’il est normal qu’un dialogue tende parfois à prendre des allures d’affrontement, de combat, tant les cultures, les conceptions et les intérêts des négociateurs peuvent diverger, tant les pressions qui résultent de l’écho que reçoit la négociation peuvent être fortes. Mais l’objectif suprême de toute négociation réside dans la volonté de passer d’une logique de conflit, à une logique de conciliation, voire même de coopération. Dans bien des cas, ce n’est pas la volonté d’entente entre les parties qui les a conduites à s’engager dans un processus négociatif, mais le constat plus pragmatique qu’un tel processus était d’un coût inférieur à celui de l’affrontement. Autrement dit, c’est toujours la nécessité qui commande la négociation. La nécessité nationale aujourd’hui réside dans le rapprochement des cœurs, l’instauration de la confiance réciproque en vue du consensus salvateur. Ainsi et ainsi seulement nous pourrons nous assurer que l’acte du Président Mohamed Ould Abdel Aziz a été pleinement mis à profit pour une alternance démocratique pacifique et consensuelle.
Imam Cheikh