Après les Émirats, quels pays éligibles à la normalisation avec Israël?

jeu, 08/20/2020 - 17:35

Les spéculations sur la possible normalisation des relations entre plusieurs Etats arabes et Israël se renforcent après l'accord passé avec les Emirats. Tour d'horizon.

 

L'accord de normalisation des relations entre les Emirats arabes unis et Israël pourrait inciter d'autres pays arabes à faire de même. Les Emirats sont en effet les premiers dans le Golfe à sauter le pas, après des années de rapprochement discret et divers partenariats ou accueil d'athlètes et de ministres israéliens.

 

 

 

Avant cela, l'Egypte et la Jordanie avaient été les premiers pays arabes à signer un traité de paix avec Israël, respectivement en 1979 et en 1994. Le Caire a d'ailleurs salué jeudi l'annonce de normalisation passé jeudi. Tour d'horizon des pays qui pourraient emboîter le pas aux Emirats arabes unis.

 

Incertitudes pour l'Arabie saoudite

 

Incertitudes autour de la puissante Arabie saoudite. Si le royaume saoudien a exclu ce mercredi de suivre l'exemple des Emirats arabes unis, en l'absence de paix avec les Palestiniens, le pays a montré des signes de rapprochement avec l'Etat hébreu. D'après les analystes, le royaume saoudien et Israël se livrent depuis des années à une "danse tranquille" pour bâtir furtivement des relations sur la base d'une animosité partagée contre l'Iran. Un rapprochement favorisé par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

 

D'autant que les États-Unis, alliés de l'Arabie saoudite, poussent en faveur d'une normalisation. Le conseiller à la Maison-Blanche Jared Kushner a estimé lundi qu'il serait dans l'intérêt de l'Arabie saoudite de normaliser ses relations avec Israël. Plus tôt, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait affirmé que son pays préparait le terrain pour ouvrir une ligne aérienne directe avec les Emirats arabes unis via l'espace aérien saoudien. 

 

 

 

Mais une normalisation avec l'Etat hébreu mettrait le royaume saoudien, grand défenseur de la cause palestinienne et qui abrite les premiers lieux saints de l'islam, dans une position délicate. Reste que ces derniers temps l'Arabie saoudite a montré des signes d'ouverture. Elle a favorablement accueilli le plan du président américain Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien, un projet jugé favorable à Israël et rejeté par les Palestiniens et de nombreux pays arabes. Elle a aussi discrètement ouvert son espace aérien en 2018 pour la première fois à un avion de ligne à destination d'Israël. 

 

Et outre l'animosité partagée avec Israël envers l'Iran, les tentatives du royaume pétrolier d'attirer des investissements étrangers pour son ambitieux plan de diversification économique "Vision 2030" semblent pousser à un rapprochement avec Israël. 

 

Déclarations contradictoires pour le Soudan

 

En ce qui concerne le Soudan, des clarifications sont encore nécessaires. Les autorités soudanaises ont en effet créé la confusion mardi en faisant des déclarations contradictoires sur l'existence de contacts avec Israël en vue d'une normalisation des relations entre les deux pays. Israël s'est empressé de se féliciter des déclarations du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Haider Badawi, qui a implicitement admis des contacts directs entre le Soudan et Israël et qui a estimé qu'il n'y avait "pas de raison pour la poursuite de l'hostilité entre le Soudan et Israël". 

 

Mais quelques heures après ces propos, le ministre soudanais des Affaires étrangères Omar Qamareddine a diffusé un communiqué dans lequel il affirmait que "la question des relations avec les Israéliens n'a jamais été discutée par le gouvernement soudanais". "Les déclarations du porte-parole Haider Badawi nous ont étonnés car il n'a jamais été mandaté pour parler de cette question", a-t-il ajouté. 

 

Conséquence : Haider Badawia été révoqué mercredi par son ministre. 

 

 

 

Avant cet épisode, Haider Badawi avait aussi jugé "courageuse" la décision des Emirats arabes unis, annoncée le 13 août, d'établir des relations officielles avec l'Etat hébreu. Sur la chaîne Sky News Arabia, il avait dit qu'il n'y avait "pas de raison pour la poursuite de l'hostilité entre le Soudan et Israël", des mots qui ont aussitôt suscité des réactions côté israélien. "Israël, le Soudan et toute la région vont bénéficier de l'accord de paix et vont construire ensemble un avenir meilleur pour tous les peuples de la région", a déclaré Benjamin Netanyahou, semblant faire référence à un éventuel accord avec Khartoum. 

 

Statu quo pour Oman ?

 

Du côté d'Oman, la neutralité semble toujours l'emporter. Le sultan Haitham ben Tarek, a nommé mardi un nouveau ministre des Affaires étrangères, dans le cadre d'un remaniement. Haitham, qui a succédé au sultan Qabous décédé en janvier, a effectué plusieurs changements depuis son arrivée au pouvoir mais assuré vouloir maintenir la politique de neutralité et le rôle de médiateur du pays dans la région du Golfe. 

 

 

 

Le nouveau chef de la diplomatie omanaise, Badr Albusaidi, 60 ans, succède à Youssef ben Alaoui qui fut responsable des Affaires étrangères pendant plus de vingt ans. Lundi, l'ancien chef de la diplomatie s'était entretenu par téléphone avec le ministre israélien des Affaires étrangères, ainsi qu'avec un responsable palestinien, trois jours après l'annonce de la normalisation des relations entre les Emirats arabes unis et l'Etat hébreu. 

 

Oman, qui ne reconnaît pas officiellement Israël, a salué cet accord vendredi. En 2018, le sultan Qabous avait aussi reçu à Mascate le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Allié des Etats-Unis, Oman est également proche de l'Iran. Mascate joue également la carte de la neutralité dans le conflit diplomatique qui oppose le Qatar et d'autres voisins du Golfe, parmi lesquels l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. 

 

Quid de Bahreïn et du Maroc ?

 

D'autres pays arabes, comme Bahreïn ou le Maroc, pourraient aussi en profiter pour réchauffer leurs liens avec Israël. Selon le radiodiffuseur israélien Kan, un haut responsable américain aurait ainsi indiqué que Bahreïn devrait emboîter le pas aux Emirats en vue d'une normalisation des relations avec Israël. 

 

 

 

Plusieurs officiels israéliens seraient ainsi en "négociations avancées" avec Bahreïn sur une décision potentielle. Très hostile à l'Iran, Bahreïn a par ailleurs été le premier pays de la région du Golfe à saluer l'accord négocié par les Etats-Unis, un très proche allié. 

 

 

 

Citant toujours un haut responsable américain, Kan estime aussi que le Maroc fait figure de "candidat potentiel" à la normalisation. Un tel rapprochement pourrait permettre à Rabat d'obtenir de Washington la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, selon le radiodiffuseur. Au mois de février, la chaîne Channel 13 rapportait en outre qu'un accord tripartite entre Israël, les Etats-Unis et le Maroc avait été étudié.

 

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