MAURITANIE : IMMOBILISATION DU VEHICULE DE TEKBER : CONTROLE DE ROUTINE OU DE PROVOCATION ?

ven, 06/05/2020 - 16:33

Une information largement relayée par les organes de presse est passée en échos à la une des colportages d’informations dénigrantes et humiliantes pour porter à notre connaissance  que des éléments de la sécurité ont arrêté  pendant trois  heures, lundi dernier Mariem Mint Ahmed dite  Tekber la célèbre épouse de l’ancien Chef de l’Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

Raison de cette arrestation selon la version officielle,  l’ex-première Dame a été « sanctionnée » pour avoir délibérément enfreint au  couvre-feu instauré pour parer à la propagation du coronavirus. Le véhicule de l’ex-première dame a été immobilisé de  22 h à 01 h du matin la nuit de lundi à mardi.  Une décision  prise qui ne peut pas s’expliquer vraiment et que rien ne justifie à mon avis par ailleurs. Les forces de l’ordre se défendent d’avoir réagies après un premier avertissement « sommation »  donné à l’épouse de l’ancien président qui n’a pas voulu obtempérer. Si l’Ex-première dame a été arrêtée et son véhicule immobilisé pendant trois longues heures, cette décision,  pour certains et moi parmi, ne se  justifie en tous cas pas, même si les forces de l’ordre se rétractaient derrière une  rigueur pour expliquer qu’ils appliquent les mêmes principes à tous les citoyens sans distinction.

Selon certains commentateurs, par rapport à cet l’incident « protocolaire » regrettable, pourtant de très nombreux véhicules particuliers circulent toute les nuits dans tous les sens avec à leurs bords parfois  des jeunes de premiers âges munis  et parfois sans laisser-passer. Certains automobilistes se présentent simplement comme étant  des agents de sécurité « ou assimilés », et d’autres à l’allure de playboys, sans doute  fils à papa conduisent des véhicules autorisés à la libre circulation par des documents officiels dont certains parait-il seraient des faux.

Même si les agents de sécurité, ont agis par « conscience professionnelle » - ce qui reste à prouver et à justifier, il est difficile de comprendre pourquoi, l’ex-première dame a été traitée de cette manière. Elle peut  peut-être avoir récidivé pour provoquer les services de sécurité, c’est possible. Mais qu’une femme de cette envergure soit traitée comme une « inconnue » c’est un mauvais clin d’œil jeté à son époux et une très amère provocation à lui faire avaler. Parce que simplement n’importe quel mari, même vendeur de menthe ou ouvrier du port se serait affligé si sa femme avait été gardée à vue dans un coin de rue, quel qu’en soit la raison et pour une aussi longue durée. Si le but de la manœuvre était de faire passer un message très clair, ce message est bien passé. Mais malheureusement il ne sent pas un parfum de conciliation à l’égard d’un homme qui a dirigé ce pays pendant 11 ans, même au regard de tout ce qu’on pourrait lui reprocher

Pour que la femme de l’ancien président soit restée immobilisée pendant trois bonnes heures et sur une route fréquentée, cela veut dire simplement que, soit il y’a eu  un excès de zèle de la part des agents de la sécurité, ou soit il y’a eu une rupture voulue à plusieurs endroits sur la chaine de commandement des ordres attendus  pour conduite à tenir à l’égard de cette femme dont le nom faisait trembler  certains de ces responsables informés de la situation.

Et, dans les deux  cas,  la tournure des événements  ne s’explique pas du tout pour certains mauritaniens qui voient dans cette rigueur des « dessous maladroits » d’une affaire d’actes d’irresponsabilité collective.

Il est bien vrai que les citoyens de ce  pays  presque dans leur ensemble gardent un très  mauvais souvenir de l’époux de cette dame. Il  est vrai qu’il a régné sans partage onze ans durant,  mais il faut le reconnaitre et  l’admettre avec  la complicité, la solidarité et la  soumission aveugle de certains d’entre nous et dans l’indifférence d’autres. Quoiqu’il en soit, quelque soit le mépris qu’on peut avoir à l’égard de l’ancien président aucun  de nous n’est en conflit avec sa femme. Et il ne s’explique donc pas pourquoi, ce soir là,  la bienséance et le respect qu’impose logiquement  la religion musulmane comme  règle fondamentale de comportement humain et social à l’égard de la femme en général  n’ont pas été déclenchés pour la circonstance.

On ne peut pas reprocher aux agents de sécurité de faire leur travail. C’est vrai. Mais ce qui s’est passé dans la nuit de lundi à mardi dernier nous rappelle une fois encore ce qu’on savait déjà  depuis le renversement d’Ould Daddah  en 1978 : que certains d’entre nous ont  des capacités physiques et morales de nuisance omnidirectionnelles qui leurs donnent des  facultés et des rapidités leur  permettant en cas de « nécessité » de circonstances  de faire volte-face à des vitesses supérieures à celle du son.

Seulement cette fois le son  est trop aigu, le volume est très puissant et les décibels  de ce son ont dépassé à risque le seuil supportable pour l’ouïe. S’en prendre à une femme quelle qu’elle soit, ce n’est pas de la  provocation mais une offense aux mœurs traditions et coutumes de ce pays musulman à 100 % . S’en prendre à la femme d’un président qui a quitté le pouvoir il y’a moins d’une année et de cette manière c’est faire signifier à celui-ci qu’il n’a « plus » d’amis ni dans les bureaux ni sur la voie publique. Beaucoup de femmes, mêmes certaines d’entre elles mariées à des responsables de l’opposition ou  ennemis jurés du président sortant ou « sorti » se sentiraient offensées par cette maladresse sécuritaire qui a fait arrêter une dame aussi populaire comme si elle était une vulgaire employée de maison qui  finit sa journée et qui rentrait chez elle..

C’est vraiment regrettable ce qui s’est passé ce soir là parce que moi, qui suis extrêmement virulent à l’égard de Ould Abdel Aziz et très critique à son endroit, j’étais loin de penser que nos sentiments politiques puissent dégrader si violemment nos valeurs morales et religieuses. Beaucoup de raisons pouvaient pousser les agents de sécurité à se montrer plus courtois à l’égard de cette femme qui ne devait pas être placée sur la ligne de mire de la trajectoire des tirs en direction de son mari visé en ce moment comme la cible à atteindre.

Si l’incident avait pour but de faire du mal, le mal a été fait par ce que cet événement qui pouvait ne pas être un,  a été surexploité exploité largement par les réseaux sociaux dans un sens négatif vraiment regrettable.

Il est tout a fait normal que les forces de sécurité appliquent les mêmes règles imposées par le couvre-feu aussi bien  à la vendeuse de couscous de la « Khadima » de Kiffa, qu’à la  première dame devenue simple habitante du quartier huppé de Tevragh-Zeina. Mais même la vendeuse de couscous de Kiffa si elle était dans le cas de Tekber, l’ex-première dame, elle n’aurait pas pardonné  aux agents de sécurité d’avoir immobilisé  la charrette qui l’amenait chez elle et de l’avoir  gardée à vue trois heures durant et de nuit. La différence entre les deux cas c’est que dans le second, celui de l’arrestation d’une vendeuse de couscous la presse n’aura fait aucun échos alors que  dans  le  second cas et parce que  cette femme a été notre première dame, tous les échos d’une information humiliante est provocante ont été lancés de manière prémédité ou volontaire.

L’incident très surprenant aura quand même servi à quelque chose. A faire comprendre à l’ancien chef de l’état que, comme disait Roger Hanin dans une de ses séries « à un moment de la vie on se fait beaucoup d’amis. Mais quelques fois en faisant ses comptes, on se rend compte qu’on a peu d’amis. Et la morale  du proverbe que j’ai éclaté explique que « les bons comptes font les bons amis ». L’incident de la première dame de lundi dernier est la conséquence du fait que, onze ans durant,  le président qui avait atteint des sommets de gloire jamais égalés depuis l’indépendance du pays,  on s’en rend compte,  -en fin de comptes-,  n’a pas vraiment des amis. Il a soldé un compte négatif et débiteur au chapitre de ses amitiés, avec des ministres, des directeurs, des collaborateurs et des prête-noms  qu’il a roulés dans la farine et il a soldé un compte négatif libellé en rouge dans la vie politique, sociale et économique du pays.

On ne sème que ce qu’on a récolté a dit le proverbe. Mais la récolte aurait pu s’achever loin de Mariem Mint Ahmed qui ne gérait pas les affaires du pays  même si certains l’accusent d’avoir toujours été en première ligne  pour profiter de cette  mauvaise gestion instaurée par son mari pour lutter contre la gabegie des autres et faire régner la sienne.

Mohamed. Chighali

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