Dans tout régime démocratique, il est une tradition incontournable consistant à procéder à une large diffusion des interventions des représentants de la nation. Cette pertinente tradition permet aux citoyens d'appréhender les enjeux des lois qui leur seront appliquées, contribuant ainsi à relever la conscience démocratique nationale.
Pour cela, il est essentiel que toutes les franges du peuple aient accès, de manière équitable, aux débats de l'assemblée nationale.
Dans ce cadre, la récente introduction de l’usage exclusif des langues nationales au parlement, apparemment opérée dans l’impréparation et la précipitation, nous interpelle.
C’est ainsi que le service de traduction mis en place, et aussitôt décrié pour ses insuffisances, assure la traduction de l’arabe vers les autres langues nationales mais ne traduit les interventions en pulaar, en soninké ou en wolof qu’en arabe, ignorant ainsi les deux autres langues…
Par ailleurs, la chaine de télévision de l’assemblée nationale n’assure pas, au profit des téléspectateurs, la traduction systématique dans les langues nationales, comme si le député intervenant ne s’adressait qu’à sa propre communauté… Cette invite au communautarisme constitue une atteinte grave à la cohésion nationale et aux valeurs républicaines que la chambre des représentants est censée défendre et promouvoir.
Dans ce contexte, le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) réitère son ferme attachement au renforcement de l’unité nationale, dans la reconnaissance mutuelle et le respect des différences, pour assurer, à terme, une réelle indépendance culturelle par un enseignement unifié, basé sur nos langues nationales, tout en maintenant les langues d’envergure internationale, notamment le français, comme langues d’ouverture.
Conscient de l’importance que revêtent, pour l’ensemble des mauritaniens, les questions débattues au sein de l’assemblée nationale, le RFD :
- considère qu’il s’agit-là d’une mesure démagogique qui, dans sa forme actuelle, ne sert nullement l’unité nationale ;
- réclame son annulation immédiate et la conduite d’une étude technique sérieuse, associant l’ensemble des groupes parlementaires, pour résoudre, de façon concertée, la question de l’usage des langues nationales au parlement ;
- réitère son appel pour engager, en urgence, un dialogue politique inclusif, à même de dégager un large consensus national pour résoudre les problèmes majeurs auxquels le pays est confronté, notamment ceux liés à la question de l’unité nationale.
Nouakchott, le 9 Joumada Athani 1441 – 4 février 2020
Le Comité Permanent du RFD