Selon le bilan de l'agence Santé Publique France et les déclarations de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, l'impact sanitaire des canicules de l’été 2019 est modéré en ce qui concerne les chiffres de la mortalité pendant cette période. En effet, bien que très étendus et intenses, les deux épisodes de fortes chaleurs recensés en juin et juillet ont provoqué 10 fois moins de décès par rapport à la canicule de 2003.
Deux épisodes exceptionnels de canicule, du 24 juin au 7 juillet puis du 21 au 27 juillet, ont particulièrement impacté l’ensemble de la France métropolitaine cet été. La première canicule est survenue tôt dans la saison, avant les vacances scolaires, alors que les journées sont longues et les nuits courtes. Selon le ministère de la Santé, elle a été « aussi intense mais plus brève que les canicules de 2015 et 2018 ». La seconde canicule a été d’une intensité comparable à celle de 2003, mais de plus courte durée. Les températures diurnes et nocturnes ont été particulièrement élevées et des records absolus de température* ont été enregistrés dans plus de la moitié des stations de Météo France.
Invitée dans l'émission « Questions politiques » de France Info ce dimanche, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a dressé le bilan de ces deux épisodes. « Nous avons 1 500 décès enregistrés en plus de la moyenne de ces mois-là, c'est dix fois moins de décès que la canicule de 2003 », explique-t-elle. Les premiers chiffres publiés par Santé publique France avaient recensé 567 décès en excès lors de la première vague de chaleur et 868 lors de la deuxième, soit une surmortalité relative de 9,1% par rapport aux décès attendus au cours de ces périodes. Lors de la canicule de 2003, des températures supérieures aux seuils d’alerte ont été observées pendant 19 jours, avec 15 000 morts supplémentaires recensés.
« La société doit s'approprier ce problème de canicule »
« Cette année, nous avons eu 18 jours de canicule en deux épisodes mais très intenses avec 20 millions de personnes pratiquement impactés » a détaillé la ministre. « La moitié sont des personnes de plus de 75 ans, mais il y a aussi des personnes adultes ou même des plus jeunes qui ont été impactées notamment dans le monde du travail. » Ainsi, 10 personnes sont décédées sur leur lieu de travail, en lien avec la chaleur. Tous sont des hommes, dont la majorité travaillait en extérieur. A noter que les 15-44 ans ont enregistré une surmortalité plus importante lors de la première vague de chaleur (17,4%), tandis que les 65-74 ans ont davantage été victimes de la seconde vague (16,4%).
« Nous voyons que nous avons réussi, grâce à des messages qui fonctionnent et que la population a bien intégrés, à diminuer d'un facteur 10 la mortalité de 2003 », ajoute Agnès Buzyn, qui a tenu à saluer « la mobilisation des acteurs de terrain » comme les « infirmières libérales qui vont hydrater les personnes âgées », les « services de soins à domicile » ou les mairies « qui se mobilisent pour contacter les personnes âgées qui sont isolées. » Mais si les épisodes de canicule que la France a connus cet été ont eu un impact sanitaire modéré en ce qui concerne les chiffres de surmortalité, le ministère de la Santé souhaite que les efforts de prévention soient « poursuivis pour toutes les classes d’âges. »
Selon la ministre « la société doit vraiment s'approprier ce problème de canicule dans son fonctionnement quotidien car on ne peut pas avoir exactement le même fonctionnement dans les transports, dans le monde du travail, quand il fait 45 degrés à Paris. » D'autant que celle-ci conclut sur le fait que « ces phénomènes de canicule vont se renouveler et probablement s'intensifier dans les années qui viennent. » Un avis partagé par l'agence Santé Publique France qui précise dans un document publié en avril dernier que les canicules, événements climatiques extrêmes les plus meurtriers en France métropolitaine, sont déjà plus fréquentes et intenses depuis les années 1980 que lors des décennies précédentes.
*Une température de 43,6 °C a été observée à la station de Saint-Maur (94) le 25 juillet. Des températures supérieures à 40 °C ont également été observées pour la première fois dans plusieurs villes du nord de la France, par exemple 41,5 °C à Lille.