Retiré à Doha, au Qatar, Maaouiya Ould Taya, qui a dirigé la Mauritanie pendant vingt ans, n’est jamais retourné dans son pays et a coupé tout lien avec ses ex-fidèles.
On ne l’avait plus revu depuis sa chute, le 3 août 2005. En février, une photo de lui a surgi sur internet. Cheveux gris, visage émacié, Maaouiya Ould Taya, 77 ans, qui a dirigé la Mauritanie pendant vingt ans, est presque méconnaissable. Dès son arrivée à Doha, où il vit toujours dans la plus grande discrétion avec son épouse, le silence lui a été imposé par les autorités qataries : il ne s’est jamais exprimé publiquement et reçoit peu.
Pris en charge dans une confortable villa sécurisée, il n’a jamais quitté Doha depuis sa chute. Il y vit avec Aïcha, son épouse, et leurs enfants (ses deux aînés, une fille et un garçon, issus d’un premier mariage, résident l’une à Nouakchott et l’autre à Las Palmas, aux Canaries), partageant son temps entre la lecture, la prière, les exercices physiques et quelques apparitions à la cour de l’émir.
Selon ses rares visiteurs, celui qui dirigea la Mauritanie pendant près de dix-neuf ans n’a plus aucun contact avec la classe politique de son pays (même ses anciens fidèles), ni avec ses ex-pairs chefs d’État, ni bien sûr avec l’actuel président Ould Abdelaziz, qui fut naguère son aide de camp. Aucune déclaration, aucune interview non plus (cela fait partie de l’accord passé avec les autorités qataries), mais « cela ne l’empêche pas de se tenir informé, ni de penser que l’Histoire réhabilitera son œuvre et son image », confie un proche.
À 74 ans, Ould Taya, qui a depuis longtemps renoncé à reconquérir le pouvoir, aspire aussi à rentrer le moment venu en Mauritanie. Pour y couler ses vieux jours chez lui, dans sa ville natale d’Atar.
Source : jeuneafrique.com