Je comprends que beaucoup d’amis soient gênés par le débat que Kaaw Touré a lancé sur la toile depuis bientôt une semaine et souhaitent qu’il puisse s’arrêter. Je pouvais les satisfaire en m’abstenant de réagir à son posting mais il est allé tellement loin dans ses accusations et attaques que je ne peux pas me taire et je m’excuse d’avance au près de tous ceux que ça dérange à commencer par Abdoulaye Sangott, Bocar Amadou Ba et même Gourmo LÔ. Kaaw Touré explique ses publications par la réaction de Ould Bédredine sur le site taqadoumy et repris par d’autres médias sur le fameux dialogue « national » et « inclusif ». Kaaw Touré (et les FPC) aurait pu ne pas se sentir concerné par les propos de Bédredine (« cocos » comme il l’appelle reprenant ainsi les attaques des services de renseignements de Moctar Ould Daddah qui voulant griller les jeunes kadihines qui les avaient acculés dans les années 90 les taxaient d’être communistes).
En effet cette déclaration a été faite le jour même de l’ouverture du dialogue c’est-à-dire avant que le Président des FPC ne tienne sa conférence de presse pour annoncer sa décision d’y participer, prenant le train en marche. Pourquoi Kaaw Touré n’a pas circonscris le débat au dialogue source de controverse au lieu de déterrer la hache de guerre que lui et certains de ses amis n’avaient pas à proprement parler enterrée (ils n’ont jamais fait une émission sans s’attaquer au MND et à l’UFP) ? Était-il difficile pour lui de justifier leur participation à un dialogue avec un pouvoir qui ne les reconnait même pas en tant que parti politique constitué depuis trois ans et pour lequel nous avons protesté en tant qu’UFP pour sa non reconnaissance ? Peut-il nous dire quels sont les résultats prévisibles de ce dialogue par rapport aux préoccupations majeures telles que le rétablissement de la justice pour les victimes?
S’il ne fait aucun doute que Maaouya est responsable des violations graves des droits de l’Homme dans ce pays, il est aussi certain que c’est Ould Abdel Aziz qui constitue aujourd’hui l’obstacle au lancement du processus de la justice, lui qui a fait signer aux veuves le renoncement à la justice et qui a déclaré le 28 novembre 2015 que le dossier du passif humanitaire est définitivement clos. C’est lui qui poursuit la politique d’exclusion systématique. Nous avons entendu les réactions de protestation de plusieurs partis de l’opposition et personnalités indépendantes (et même la grogne dans certains cercles du pouvoir) par rapport aux déclarations du porte-parole du gouvernement et au document de l’UPR sur le déverrouillage de la constitution, devenu le thème majeur du dialogue. Mais les représentants des FPC sont peut-être dans un autre dialogue. Certes nous voyons sur Facebook les déclarations courageuses d’un tel ou d’un tel, mais ce qu’on attend d’un dialogue, c’est plus un résultat que l’audace de dire ce qu’on veut et qu’on disait d’ailleurs tout le temps et à toutes les occasions. Comment pourrait-on tirer de conclusions dans cette cacophonie du palais des congrès, à moins que le centre de décision ne soit ailleurs ?
Kaaw Touré nous accuse d’être responsables de l’exécution des 3 officiers négro-africains en 1987(qu’ils reposent en paix)en interprétant à sa guise la déclaration du MND, mettant en exergue les passages qui semblent l’arranger et se taisant sur ceux qui le dérange. Il nous interpelle par rapport aux déportations, aux massacres de 1990-1991 et sur ce que nous avons fait. J’aurais pu me suffire de la réaction de Lo Gourmo Abdoul que je vais partager après, mais il me parait nécessaire de rappeler des faits concrets que Kaaw Touré ignore ou feint d’ignorer en se bombant le torse pour dire que leurs rangs s’élargissent pendant que les nôtres s’éclaircissent. Pourquoi nous avons pu les détrôner de la direction de l’ARPRIM, principale organisation des masses haal pulaar’en et ce depuis son premier congrès en 1980 ? Pourquoi nos amis du FRUIDEM les ont battus au congrès des réfugiés mauritaniens au Sénégal, à Ourossogui en 91, obligés qu’ils étaient de menacer d’utiliser la violence avant de provoquer la scission ? Parce que les populations noires de Mauritanie ont plus confiance en nous qu’en eux. Pourquoi ont-ils organisé un attentat, qui a échoué, contre nos camarades Ba Moussa Sidi et Ba Abou M’Barom dans le camp des réfugiés à N’Dioum? Parce qu’ils venaient de vous reprendre le terrain. En 1989, pendant la période chaude, nous avons organisé des groupes d’auto-défense que nous appelions les GAD (pour les noirs) et des groupes de Sécurité appelés GS exclusivement composés de maures pour secourir les négro-africains en danger dans les villes de Nouakchott et Nouadhibou.
A l’intérieur, particulièrement dans la zone de l’Aftout (les zones de M’Bout, de Barkéol) nos camarades se sont partout opposés aux hordes lancées par Maaouya et ont pu sauver des concitoyens et leur cheptel au risque de leur vie. Bien sûr que nos forces étaient très faibles par rapport à la machine de Maaouya mais nous l’avons fait quand même. Bien sûr que Kaaw Touré ne pouvait pas le savoir parce qu’il n’était plus là.
Qui a lancé le premier avertissement sur les massacres de 1990-1991 ? C’est Mohamed Ould Maouloud et ses amis en France, qui a contacté les rescapés juste à leur libération avec les plaies encore saignantes et qui a recueilli leurs témoignages ? Nous étions les premiers.
Qui a mobilisé les veuves alors même qu’elles avaient encore peur de pleurer leurs maris ? Qui est ce qui a rédigé leur première déclaration et les suivantes ?
Qui les a guidées dans toutes leurs manifestations de rue et devant les différents états major et à l’Assemblée nationale lors du vote de la loi d’amnistie jusque dans l’hémicycle et qui a amené Aissata Oumar (mère des deux soldats tués Ibrahima et Oumar Demba)à l’hôpital pour se faire plâtrer son bras cassé ce jour ?
Qui a fait la collection des photos des disparus avec les commentaires et qui ont fini par tomber entre les mains des amis de Kaaw Touré en Europe et qu’ils exploitent jusqu’à présent dans leur site et pour toutes leurs manifestations ? Posez toutes ces questions aux veuves, vous aurez les réponses. Nous étions la force principale !
Qui a écrit la première lettre ouverte à Maaouya réclamant une enquête indépendante sur ce qui s’est passé ? C’est feu Mohamed Mahmoud ould Mohamed Radhy alors militant du MND et Secrétaire général de la seule centrale syndicale l’UTM, avant les lettres des 50, 150 et 400. Oui tout cela est négligeable par rapport à vos communiqués incendiaires Kaaw, mais pour des gens que vous accusez d’être des collaborateurs de Ould Taya, c’est quand même quelque chose.
Vous dites que nous avons dialogué avec le sanguinaire ould Taya. On dialogue le plus souvent avec des sanguinaires parce que ce sont eux nos ennemis (C’est Nelson Mandela qui nous a donné la leçon en dialoguant avec Peter Botha d’abord et Frederik de Clerk ensuite). Demandez-nous les résultats de notre dialogue. Ils étaient bien maigres, mais il y a eu résultat quand même qui a permis à l’opposition pour la première dans l’histoire de la Mauritanie d’avoir un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale avec des élections un peu correctes. Il n’était pas question pour nous de trouver une solution au passif humanitaire avec Maaouya, c’était impossible.
Quant au dialogue actuel, on peut considérer déjà qu’il a échoué parce qu’on le voulait inclusif, des franges importantes de l’opposition n’y ont pas pris part en plus du fait qu’il fait planer des menaces dangereuses sur la stabilité du pays. Je m’excuse encore une fois auprès des amis de facebook et d’ailleurs mais il fallait que je réagisse. Yo allah danndam e bone Kaaw Tuure, Maawiyya noon e fosin mum Mohamed Abdel Aziz, mbeɗe felliti haɓde e mum haa ɗo doole am kaaɗi.
Kadiata Malick Diallo
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