Les lignes de la géopolitique du Moyen-Orient commencent à bouger. Considéré comme paria par une bonne partie de la communauté internationale, le président syrien, Bachar al-Assad est de nouveau convoité. Le site britannique Middle East Eye a rapporté qu’une réunion tripartite a eu lieu décembre dernier “dans une capitale du Golfe”, entre les chefs des services secrets d’Égypte, d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, en compagnie du patron du Mossad, Yossi Cohen.
Le journaliste ne précise ni l’endroit exact de la rencontre ni la date de sa tenue. Mais il cite des sources qui affirment que la réunion a accouché de trois décisions importantes. Il s’agit d’abord de remettre en selle Bachar al-Assad afin de contrer l’influence de la Turquie, contrôler les sunnites en Irak et rétablir les relations diplomatiques entre les pays arabes et la Syrie. Comme première décision, les services secrets de la région auraient donc trouvé un compromis qui consiste à réhabiliter Bachar al-Assad.
Les Israéliens considérant que l’Iran est faible militairement, c’est de la Turquie qu’il faut désormais s’occuper. Car, contrairement à Téhéran qui disposerait d’une puissance militaire limitée, Ankara est une puissance militaire dotée d’une forte économie qui commence à avoir des visées expansionnistes dans la région. “Le pouvoir iranien est fragile. La vraie menace vient de la Turquie”, aurait indiqué le chef du Mossad lors de la réunion, rapporte la même source.
Pour ne pas disperser leurs efforts, Israël et ses alliés ont donc décidé de concentrer leurs efforts sur la Turquie. Pour tenir en respect l’Iran, il faut donc, pour eux, gagner de leur côté son allié Bachar al-Assad. Le président syrien accepterait de jouer au “contrôleur” de l’Iran en contrepartie de sa réhabilitation dans les organismes de la région. À commencer par la Ligue arabe qui réfléchirait à inviter le président syrien pour son prochain sommet qui se tiendra le mois de mars à Tunis. Selon le journal, c’est l’Algérie qui aurait insisté auprès de la Tunisie pour inviter Al-Assad. La réhabilitation du président syrien passe également par le consentement de l’Arabie saoudite, obligée de faire des concessions après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi le 2 octobre dernier. Les Saoudiens, ennemis jurés des Iraniens, acceptent donc de gagner Al-Assad à condition que ce dernier limite l’influence de ses alliés les Mollahs au Yémen et en Irak.
Selon la publication, la réhabilitation du chef de l’État syrien a déjà commencé avec la visite, le mois dernier, du président soudanais, Omar al-Bachir à Damas. Cette virée du président soudanais doit être suivie par celle du chef de l’État mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Et pour couronner le tout, des États du Golfe vont rouvrir leurs ambassades en Syrie.
La première demande officielle est venue des Émirats arabes unis. Mais la demande d’Abu Dhabi n’a toujours pas connu de réponse positive des Syriens. Elle va être suivie par le Koweit et d’autres pays de la région. Pour l’heure, le président syrien observe ces évolutions en “vainqueur”. Ce qui ne signifie pas qu’Al-Assad a déjà obtenu un chèque en blanc.
Ali Boukhlef