Si le Maroc et la Mauritanie s’envoient, depuis le début de cette année, des messages positifs démontrant leur volonté de normaliser leurs relations, la position qu’exprime Nouakchott sur le Sahara diffère selon les contextes. Zoom sur la nouvelle sortie médiatique de l’ambassadeur mauritanien à Alger qui contraste avec des propos rassurant, tenus auparavant par Ismail Ould Cheikh Ahmad.
«L’Algérie et la Mauritanie ont des points de vue similaires sur le conflit au Sahara occidental». C’est ce qu’a affirmé, le weekend dernier à Alger, l’ambassadeur de la Mauritanie en Algérie, Blah Ould Mekia dans une déclaration reprise par des médias algériens et mauritaniens.
Le diplomate mauritanien a estimé que «les relations bilatérales entre les deux pays [entre la Mauritanie et l’Algérie, ndlr] sont entrées dans une phase de réalisme et d’incarnation». Il a ajouté que «les points de vue des deux pays sont transversaux sur plusieurs questions régionales et internationales», citant à cet égard «la question du Sahara occidental devant les Nations unies et les questions de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational».
Divergence interne de points de vue ?
L’ambassadeur, cité par les médias mauritaniens Anbaa et Aqlame et d’autres médias algériens, a salué la dynamique des relations bilatérales entre Nouakchott et Alger qui «a été maintenue depuis l’ouverture du premier poste-frontière le 19 août dernier».
Les propos de Blah Ould Mekia ont été tenus lors d’une rencontre avec le président de la Commission des affaires étrangères et de la coopération au Parlement algérien et membre du FLN, Abdelhamid Si Affif qui lançait le premier groupe parlementaire d’amitié algéro-mauritanien.
Mais sa sortie médiatique intervient moins de deux semaines après la tenue, les 5 et 6 décembre derniers, d’une «Table ronde» sur le Sahara, à laquelle ont été convoqués les représentants du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie et du Front Polisario. Ses déclarations contrastent ainsi avec la position exprimée par le chef de la diplomatie mauritanienne. Au lendemain de la «Table ronde» de Genève, Ismail Ould Cheikh Ahmad a déclaré que «la Mauritanie est engagée pour aider les parties à trouver une solution politique au conflit». Il a ajouté que son pays «ne se contente pas d’observer une neutralité positive» dans le cadre du dossier du Sahara occidental.
Rabat et Nouakchott, une volonté commune pour tourner la page ?
Si l’Algérie n’observe guère une neutralité positive dans le cadre du conflit régional, puisqu’elle abrite, finance et soutient le Front Polisario, la Mauritanie affirme vouloir «contribuer positivement» afin de parvenir à une solution politique de la question du Sahara. Seulement, Nouakchott reconnaît, elle aussi, la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)» depuis 1984 et son actuel président reçoit régulièrement des émissaires du Front dans son palais présidentiel.
Ces messages contradictoires interviennent alors que les dernières actualités ayant marqué les relations entre le Maroc et son voisin du Sud laissent entendre que Rabat et Nouakchott sont déterminés à tourner une page marquée par un froid diplomatique. Cette année et contrairement à sa précédente, les deux pays ont fini par nommer respectivement des ambassadeurs dans les deux capitales. En septembre, Ismail Ould Cheikh Ahmad, chef de la diplomatie mauritanienne, s’est rendu au Maroc en dans le cadre d’une visite officielle. Son prédécesseur s’était rendu au Maroc en juin 2016.
Le déplacement d’Ould Cheikh Ahmad a été suivi par une autre visite effectuée, en novembre dernier, par Nasser Bourita, porteur d’un message royal au président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Le réchauffement des relations diplomatiques est même constaté cette semaine avec la visite d’une importante délégation d’hommes d’affaires marocaines à Nouakchott, ayant débuté lundi 17 décembre.
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