. Mercredi, ce sont des érudits et religieux qui ont demandé au président de rester au pouvoir lors d'une audience que celui-ci leur accordait. Les présidents des institutions et des ligues islamiques mauritaniennes ont mis en avant l'intérêt du peuple mauritanien pour justifier leur demande.
Cette voix émanant des religieux, notamment d'Hamden ould Tah, le président de l'association des oulémas mauritaniens, s'ajoute à celles qui s'étaient déjà exprimées. Elle risque d'alimenter un peu plus les soupçons de ceux qui sont persuadés que le chef de l'Etat n'est pas prêt à quitter le pouvoir alors que le président lui a toujours nié vouloir modifier la Constitution d'ici la présidentielle de 2019. Constitution qui lui interdit de se représenter.
La déclaration des oulémas a été relayée par l'agence de presse officielle. Preuve que le sujet se banalise en Mauritanie. Ce n'est pas la première fois que des personnalités demandent au président de prolonger son séjour à la tête de l'Etat.
Le Premier ministre, Yahya Ould Hademine, et le chef du parti au pouvoir, Mohamed Ould Maham, ont déjà évoqué le sujet. Il y a deux ans, le ministre des Finances et celui de la Justice avaient également proposé aux députés « un troisième mandat » et « pourquoi pas un quatrième ».
Un parlementaire a aussi lancé une pétition baptisée « un million de signatures » afin de modifier la Constitution.
Autant de démarches et de propos présentés à chaque fois comme des initiatives personnelles reflétant l'appel du peuple mauritanien. Une justification peu crédible aux yeux de l'opposition qui rappelle encore aujourd'hui que « le peuple n'a rien demandé jusqu'à ce jour ».
Quant au premier intéressé, Mohamed ould Abdel Aziz, il a plusieurs fois répété qu'il ne modifierait pas la Constitution. Et qu'il se limiterait à deux mandats. Mais dans les rues de Nouakchott, sur des panneaux publicitaires les appels à un troisième mandat rappellent à tous que le sujet n'est désormais plus tabou.