Gouvernance/Mauritanie :  La réponse du FTDED à SHERPA : « voleur toi-même ! »

ven, 01/12/2018 - 12:55

Il y avait affluence ce mercredi 10 janvier 2018  à l’hôtel Mauricenter de Nouakchott pour entendre la réponse, (un peu salée), du Forum pour la Transparence et la Défense de l'État de Droit (FTDED) à l’ONG française SHERPA de Me William Bourdon.

 

Un dicton hassaniya résume parfaitement le contenu et l’objet (l’objectif) de cette conférence « en réponse aux allégations de l'ONG Sherpa » : vos arguments sont "beaux" (pertinents) ...s’ils ne sont confrontés à ceux de ton adversaire !!! Et oui ! Ce sera donc les « arguments » de Sherpa contre les contre-arguments du FTDED qui, pour l’occasion, avait donné la parole à Cheikh Saad Bouh Camara, professeur d’université et ancien ministre, et à l’écrivain franco-camerounais, Gaston Kelman, également président d’une ONG militant en faveur du « vivre ensemble » entre Européens et Africains.

 

Dans le mot qu’elle a prononcé, la présidente du Forum, Messouda Mint Baham a pris soin d’écarter le cachet officiel de la conférence, malgré la présence du Commissaire aux droits de l’homme et à l’action humanitaire, Cheikh Tourad Ould Abdel Malick, de représentants du PNUD et de l’UE, d’élus et d’acteurs de la société civile.

Elle dit parmi ce qu’elle dit : « nous ne parlons pas au nom du gouvernement ; nous ne le défendons pas mais les « allégations » de Sherpa ne peuvent être passées en perte et profits. Parce qu’il s’agit d’un « tissu de mensonges », d’une prise de position "partiale" et "partielle" cherchant à nuire, avant tout, aux relations de la Mauritanie avec ses partenaires financiers et techniques. Donc, d’une atteinte aux intérêts des mauritaniens.

Le premier conférencier, Cheikh Saad Bouh Camara, s’attèlera à montrer l’imbrication, plus qu’évidente selon lui, des « affaires » de Sherpa avec celles de son président Me Bourdon, avocat du Groupe BSA. Une corrélation qui, selon l’ancien ministre, ôte toute valeur aux « arguments » de Sherpa, quand elle parle de « corruption », de la croissance exponentielle de la dette de la Mauritanie et de projets que l’ONG présente comme des « éléphants blancs ») ! Et le conférencier de s’interroger : pourquoi Sherpa, qui existe depuis 2001, ne s’est intéressée à la Mauritanie qu’en 2013, quand son président a fait la connaissance d’un homme d’affaires mauritanien ? Pourquoi, la « campagne » contre la Mauritanie ignore, superbement, les bons points tels que le doublement des IDE (Investissements directs étrangers) passés de 70 millions de dollars US à près de 200 millions au cours des trois dernières années ? Pourquoi  le rapport inquisiteur ignore que la Mauritanie a grignoté 30 points entre 2011 et 2017 dans le classement de Transparency international ? Pourquoi Sherpa ne souligne-t-elle pas que des partenaires aussi importants que le FMI et la Banque mondiale décernent, chaque année, des satisfecit à la Mauritanie ?

Il y a donc, pour les membres du FTDED, de la « mauvaise foi » de la part de Sherpa. Un rapport équilibré doit faire ressortir tous les aspects de la gouvernance d’un pays. Le gonflement de la dette tant décrié n’est pas une mauvaise chose en soi, puisque les emprunts ont été investis dans des projets structurants et ont profité directement aux populations qui disposent maintenant d’un meilleur approvisionnement en eau, d’une meilleure couverture sanitaire et d’une meilleure offre en électricité. Si on peut parler d’un « bon risque » (placement), on peut évoquer aussi une "bonne dette".

Les bons points à l’actif du pouvoir actuel sont aussi : le chômage ramené à 12%, alors qu’il était à 33% avant 2009, le nouvel aéroport de Nouakchott « qui n’a pas coûté un khoums (un centime) au Trésor public », dira le premier conférencier, les libertés publiques et individuelles qui font que la Mauritanie trône depuis plusieurs années sur le classement arabe de RSF.

Le deuxième conférencier, G. Kelman, s’est surtout focalisé sur la tendance des Africains à l’autoflagellation. Certes, l’Afrique souffre mais elle travaille aussi à se mettre à niveau et à savoir compter, d’abord, sur ses propres ressources humaines.

L’auteur de « Je suis noir mais je n’aime pas le manioc » (2005) dit, dans une pique adressée à Sherpa : je me positionne par rapport aux faits. Et les faits sont ceux que vient d’évoquer le premier conférencier. Il ne s’agit pas de pousser les mauritaniens (ou les Africains, de manière générale) à la « haine de soi » parce que l’on considère, à tort, qu’il faut être « la voix d’une certaine opinion pour ne pas être taxé de « vendus » ! Alors, si l’objectif de Sherpa est que les bailleurs de fonds se détournent de la Mauritanie, qui en souffrira? S’interroge l’écrivain franco-camerounais que le FTDED présente comme un « ami de la Mauritanie ». « Certainement pas le Président de la République, et encore moins l’élite », répond-il, comme pour justifier une prise de position qui ne date pas d’aujourd’hui.

 

Sneiba Mohamed

 

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