En Mauritanie, la presse privée ne paraît plus depuis une semaine par manque de papier à l'imprimerie nationale. Seul le quotidien gouvernemental Horizons existe encore sur papier. Une situation dénoncée par les patrons de presse qui n'ont plus qu'internet pour publier leur journal. Plus d'une quinzaine d'hebdomadaires et quotidiens sont touchés.
Depuis lundi, le scénario est tous les jours le même : les journalistes préparent leurs éditions, le journal est envoyé à l'imprimerie, qui finalement ne donne pas suite. Résultat, les vendeurs sont au chômage technique et les lecteurs n'ont plus qu'à se tourner vers internet.
« Pour les quotidiens, c’est un calvaire, parce que chaque jour il y a un bouclage et ils ne savent pas s’ils pourraient imprimer leur édition ou pas. Donc c’est une journée de travail perdue et on se rabat sur les sites internet », explique Moussa Samba Sy, président du Regroupement de la presse mauritanienne (RPM) et directeur du Quotidien de Nouakchott.
De mémoire de patron de presse, une telle situation ne s'est jamais produite. « C’est un problème de gestion interne de l’imprimerie. Aucune explication officielle n’a été donnée, rapporte le directeur du Quotidien de Nouakchott. Nous avons essayé de contacter les responsables, mais en vain. Nous avons juste la direction commerciale, qui la dernière fois nous disait qu’ils avaient une surcharge de travail et qu’ils ne pouvaient pas le faire ; la deuxième fois qu’ils n’avaient pas de papier ; et là, ils ne répondent plus. »
Du côté de l'imprimerie, on minimise la situation. On explique qu'il s'agit d'une rupture soudaine de stock de papier, et qu'une livraison est attendue d'un jour à l'autre. Notre interlocuteur promet aussi que les employés de l'imprimerie qui ne sont pas payés depuis fin octobre toucheront bientôt leur salaire. Il s'agit de problèmes administratifs internes fréquents, commente ce responsable qui se veut rassurant.
Mais dans les médias, certains se demandent s’il n’y a pas une volonté de faire taire la presse ? « Si l’on rapproche ça du fait que les télévisions privées, sous prétexte qu’elles n’ont pas payé des droits au diffuseur national, elles sont toutes fermées, et que les radios sont toutes fermées, cela devient légitime de se poser la question », estime Moussa Samba Sy.
RFI