Ses 9 mois de réclusion ont semé en elle un sentiment de regret. Rompant avec le monde extérieur, elle a pris conscience d’avoir gravement fauté. Seule, dans sa chambre, au milieu de la nuit, Aissatou Ndiaye faisait face à un dilemme: garder sa petite fille qui venait fraîchement de naître ou se débarrasser d’elle.
Entre la crainte de la foudre familiale et de la risée de tout le quartier Santhiane de Podor, la nouvelle maman n’a pas hésité . « J’ai étouffé le bébé avant de le jeter dans la fosse septique, a-t-elle avoué, entre deux sanglots. La Chambre criminelle n’a pas eu besoin d’insister pour lui arracher des réponses. A l’interrogatoire d’audience, l’accusée a expliqué sans tergiverser, les faits qui l’ont fait comparaître. Affirmant que son bébé n’a pas crié à sa naissance, elle dit ne pouvoir attester qu’il était vivant.
Divorcée, mère d’un garçon de 15 ans, la femme de 33 ans quitte son village natal pour gagner dignement sa vie en Mauritanie, comme domestique. Elle y contractera une grossesse. De retour à Podor pour la Tabaski, Coumbis n’en informe personne. Pas même sa mère. Pensant avoir réussi à cacher sa grossesse, elle s’est lourdement trompée. Des voisines ayant constaté la disparition subite de sa gestation, en avisent la matrone du coin dont les investigations permettront de découvrir le cadavre du nouveau-né flottant dans les eaux usées de la fosse septique. Le certificat de genre de mort conclut à une asphyxie par noyade.
Pour le substitut du procureur, avoir caché sa grossesse à son entourage traduit une résolution prise de tuer. Estimant ainsi la préméditation établie, le représentant du ministère public a requis 10 ans de travaux forcés. La défense sollicitera l’indulgence du Tribunal envers sa cliente, qui a fait preuve d’honnêteté. Reconnue coupable d’infanticide, Aissatou Ndiaye a écopé 5 ans de travaux forcés.
LERAL