Amadou est un natif du Fouta Tooro. Il est né le 13 Juillet 1964 dans un village situé sur la rive droite du fleuve Sénégal. Ses parents avaient insisté pour qu’il aille à la fois à l’école coranique qu’à l’école héritée de la colonisation.
Dans les deux formations, il brillera comme une étoile et fera la fierté de sa famille et de ses formateurs. Partout où il était passé, il avait laissé une très bonne impression. En attestent les correspondances avec un de ses formateurs Algérien, le Colonel Abdou Salam qui lui vouait beaucoup d’estime et d’admiration. Pour le Colonel, Amadou serait une des raisons de son voyage en Mauritanie.
Le 29 Novembre 1990, le corps sans vie du Capitaine Amadou est retrouvé à quelques centaines de mètres du camp militaire où il a servi en qualité d’officier. Marié et père de trois enfants, sa brillante carrière a connu une fin macabre du seul fait de son appartenance ethnique.
Ils sont nombreux, les officiers, les sous-officiers et les civils à être brutalement exécutés et ou portés disparus par le régime raciste de Nouakchott qui voulait bâtir une Mauritanie exclusivement Arabe. Pour atteindre une telle horreur, il leur fallait purger l’administration, la police, la gendarmerie et l’armée nationale. Il leur fallait déporter des centaines, des milliers d’authentiques mauritaniens vers le Sénégal et le Mali et tuer des milliers d’innocentes personnes. Vingt-sept ans après, les auteurs de ces atrocités continuent de se promener librement et d’être protégés par le régime qui visiblement n’a pas renoncé à ce plan ourdi d’exclusion systématique des noirs.
Hier c’était les tortures et les tueries. Aujourd’hui, ils y ajoutent le génocide biométrique; c’est à dire empêcher les noirs de se recenser et de bénéficier de leur citoyenneté. Les trois orphelins et la veuve du Capitaine Amadou comme d’autres centaines de milliers des négro-mauritaniens sont aujourd’hui considérés comme des étrangers dans leur propre pays.
Abda Wone