Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé dimanche un discours concentré sur la récente démission du premier ministre Saad Hariri.
Le chef du Hezbollah a exposé sa vision de la situation politique qui a précédé la démission.
Selon ses propos, à la suite de "menaces" proférées par le ministre saoudien pour les Affaires du Golfe, Thamer Sabhan, le Premier ministre a été convoqué diligemment a Riyad, après avoir annulé ses rendez-vous.
"Toutes les parties s'attendaient à des pressions sur le Premier ministre. Mais à son retour d'Arabie, il a assisté au Conseil des ministres et annoncé que l'Arabie saoudite soutenait la stabilité du Liban et le maintien du gouvernement. Il avait même affirmé que le gouvernement obtiendra des aides et des dons à l'armée libanaise. Un fait qui a instauré un climat de clame", a affirmé Nasrallah.
"Cependant, le président Hariri s'est plus tard rendu de nouveau à Riyad, d'où il a présenté sa démission. Une démission déclarée via la chaine télévisée Al-Arabia, non la chaine Al-Mustaqbal ou Télé Liban. Le texte de la démission était enregistré à l'avance" a affirmé le chef du Hezbollah.
"La démission est une décision saoudienne et n'était pas l'intention ou la volonté de M. Hariri. Tous les Libanais approuvent cette conclusion", a-t-il affirmé.
Hassan Nasrallah s'est demandé pourquoi, selon lui, on n'a pas "permis au Premier ministre de rentrer au Liban et d'y annoncer sa démission".
"En effet, la teneur du texte de la démission n'est point libanaise, mais plutôt saoudienne", a-t-il martelé.
Evoquant la surprise des Libanais face à l'annonce de la démission, notamment la surprise du président de la République Michel Aoun, du président de la Chambre, Nabih Berri et d'autres, le chef du Hezbollah a affirmé que cette démission a provoqué l'inquiétude des Libanais, surtout avec les rumeurs qui l'ont accompagnée.
"Au nom du Hezbollah, j'annonce ce qui suit. Nous n'avons pas souhaité que la démission ait lieu. De fait, toutes les parties politiques se rencontraient au sein du gouvernement et des commissions ministérielles. On cherchait des solutions aux crises, et à arrondir les angles. Ce gouvernement a réalisé plusieurs exploits, durant le mandat présidentiel. Si ce gouvernement avait survécu à la date des législatives, il aurait réalisé d'avantage d'exploits", a ajouté Nasrallah.
Il s'est arrêté sur la forme et le lieu de l'annonce de la démission, s'interrogeant sur la dignité du pays et de son premier ministre.
"La forme révèle la méthode de l'ingérence saoudienne dans les affaires intérieures du Liban," a-t-il affirmé, "en dépit du fait que l'Arabie accuse les autres de s'y ingérer. Quant à la teneur du texte lu par le Premier ministre Hariri, nous ne le discuterons pas, ni le commenterons, malgré les graves et dures accusations menées à notre encontre. En effet, nous jugeons que ce texte est saoudien. Ce qui y est écrit n'est pas en harmonie avec le discours et le langage du Premier ministre depuis son accès à la présidence du gouvernement", a estimé le chef du Hezbollah.
Dans le même contexte, il a fermement démenti que la cause de la démission de M. Hariri soit locale.
"Le Premier ministre était en pleine action efficace et rencontrait toutes les parties.
Nous appelons à ne pas s'empresser dans les analyses et dans les procédures. Nous devons en premier lieu comprendre la raison de ce qui a eu lieu. Jusqu'à l'heure actuelle, tous au Liban ignorent la vrai cause de la démission. Savoir les vrais causes est la clé des prochains développements", a-t-il soulevé.
"Pour cette raison, nous devons chercher la cause de la démission en Arabie. La raison est-elle un conflit intestin entre les émirs des Saouds, ou un conflit sur les Fonds, ou un conflit entre le prince héritier et autres membres de la famille. Ceci signifie que Hariri a été une victime entre un émir ou un autre. Ou l'Arabie est insatisfaite de lui et veut le remplacer par un faucon qui s'engage dans sa politique?", a interrogé le chef du Hezbollah.
"Ces questions sont toutes permises et justifiées", a-t-il affirmé, avant d'ajouter: " Est-ce que Hariri est actuellement assigné à la résidence forcée, comme c'est le cas du prince Meteeb ben Abdel Aziz, le fils de l'ancien roi? Partant de ce qui précède, le Hezbollah appelle au calme et à la patience jusqu'à la clarification des choses, et à ne pas prêter attention aux rumeurs. Nous, au Hezbollah, sommes attachés à la stabilité du Liban. N'ayez pas peur. Nous n'allons pas adopter des comportements inhabituels, nous sommes décidés à préserver le calme et la stabilité du pays. Soyez calmes et raisonnables. Nous avons un Etat et une constitution et nous sommes capables de trouver les solutions nécessaire", a-t-il rassuré
"Et au sujet de la rencontre que j'ai tenue avec les brigades de la résistance hier, pour que personne ne fasse des illusions. Cette rencontre visait à commémorer le 20ème anniversaire de ces brigades, une composante essentielle de la résistance", a-t-il précisé.
Il a affirmé que " Sur le plan politique et médiatique, nous appelons à l'accalmie. Certains profiteront des développements pour régler des comptes avec nous, avec le président Aoun, ou encore avec le Courant du Futur. Ceci ne changera rien à la situation, mais il provoquera seulement l'inquiétude de la population. Sachez que vos actes sont futiles. Il ne faut pas songer à retourner à la situation de la déstabilisation. Les manifestations et les contre-manifestations ne feront que provoquer la tension dans le pays. Stigmatiser la rue n'aura aucun effet. Gardez les contacts avec toutes les parties. Le président Aoun discute et coordonne calmement avec toutes les parties politiques concernées, dans l'attente du retour du Premier ministre Saad Hariri jeudi, si on lui permet de quitter Riyad. Laissons donc le soin de résoudre cette question à l'Etat et à ses institutions. Personne n'a intérêt à faire revivre la situation de la tension et du blocage des dernières années. Quiconque cherche à le faire, nous devons l'accuser de servir les intérêts des autres pays et de travailler contre son pays", a-t-il appelé.
Concernant les rumeurs d'attentats ciblant Saad Hariri, Hassan Nasrallah a déclaré que
"les rumeurs qui ont circulé sur une tentative d'assassinat du Premier ministre n'ont été diffusées que par la chaine Al-Arabia. Mais l'armée et les services sécuritaires libanais ont démenti ces informations. Peut-être une telle annonce servira-t-elle de réponse à ceux qui vont s'interroger sur les raisons du non-retour de Hariri au Liban. Ils ont dit aussi que la démission de Hariri sera un prélude à une guerre israélienne contre le Liban. Israël n'est pas fonctionnaire de l'Arabie Saoudite. Il travaille au service des Etats-Unis certainement, mais pas pour l'Arabie Saoudite. On ne dément pas cette possibilité mais seuls les Israéliens peuvent décider d'aller en guerre. Les Israéliens disent depuis la guerre de 2006 qu'ils ne feront de guerre contre le Liban que lorsqu'ils seront certains de la victoire, et que cette guerre sera prompte et décisive. Au vu des indices, rien ne signale qu'une guerre sioniste aura lieu. Ce développement politique libanais n'a rien à voir avec les calculs sionistes qui prennent en compte les développements régionaux.
La troisième rumeur est la diffusion de nouvelles selon lesquelles le prince héritier saoudien a convoqué les chefs d'Etats-majors des quarante pays de la coalition suite à la démission de Hariri, dans le but d'attaquer le Liban à l'instar du Yémen. D'où vont-ils lancer leur offensive ? Depuis la Syrie où leur projet a échoué ? Ou bien depuis la Palestine occupée ou depuis la mer ? Ces informations sont insensées. Au moins qu'ils tranchent leur guerre au Yémen en leur faveur avant de passer à une offensive contre le Liban. Nous devons patienter pour voir quel sera le devenir de l'Arabie Saoudite avant de connaitre son projet pour le Liban. Les personnalités emprisonnées en Arabie ne sont pas de personnes ordinaires, et ceci aura de graves répercussions", a-t-il expliqué.
"En attendant la clarification des choses, j'appelle les Libanais à l'accalmie et à la raison, et nous attendons aussi les résultats des pourparlers menés par le chef de l'Etat avec les différentes parties politiques. Je suis certain que les parties politiques traiteront avec sagesse la situation actuelle", a conclu Hassan Nasrallah.
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