12 gendarmes tués au Niger… En attendant la force du G5 Sahel

dim, 10/22/2017 - 07:56

Douze gendarmes ont été tués samedi dans une nouvelle attaque dans le sud-ouest du Niger, une région instable, frontalière du Mali, théâtre de nombreuses incursions de groupes jihadistes.

"Il y a eu une nouvelle attaque. Douze gendarmes ont été tués", a déclaré à l'AFP le ministre de l'Intérieur du Niger, Mohamed Bazoum, joint par téléphone.

Selon une source sécuritaire, l'attaque a visé la gendarmerie d'Ayorou, à 200 kilomètres au nord-ouest de la capitale Niamey, dans la région de Tillabéri.

Des assaillants venus "à bord de cinq véhicules" ont attaqué "à l'aube". Ils ont pris la fuite à l'arrivée des renforts militaires, en emportant deux ou trois véhicules de la gendarmerie. Des villageois les ont vus repartir avec des corps, selon cette source.

"Les opérations de traque ont été lancées", a affirmé le ministre de l'Intérieur. Des "poursuites terrestres et aériennes" sont en cours, a précisé la source sécuritaire.

Située sur les berges du fleuve Niger, Ayorou abrite un important marché rural et a été la perle du tourisme nigérien grâce à sa forte concentration d'hippopotames.

La région de Tillabéri est devenue très instable en raison de nombreuses attaques meurtrières attribuées à des groupes jihadistes, visant régulièrement des positions de l'armée et des camps de réfugiés.

Le 4 octobre, quatre soldats américains et quatre militaires nigériens ont été tués dans une embuscade dans cette même région.

La patrouille américano-nigérienne était tombée dans une embuscade tendue par des "éléments terroristes" à bord d'une dizaine de véhicules et une vingtaine de motos à une centaine de km de Niamey, selon le ministère nigérien de la Défense.

Mi-mai, des assaillants non identifiés avaient attaqué la même gendarmerie d'Ayorou, sans faire de victimes. Les assaillants avaient emporté des armes et des munitions avant de battre en retraite vers le Mali.

 

 En attendant la force du G5 Sahel-

 

Vendredi, le Parlement a validé la prolongation pour trois mois de l'état d'urgence dans l'ouest du Niger en raison de la "persistance de la menace" des groupes armés. Cette mesure a été imposée en mars 2017 dans plusieurs départements des régions de Tillabéri et Tahoua, une autre région proche du Mali.

Cette semaine, l'ONU a dit avoir répertorié "au moins 46 attaques" de groupes armés au Niger dans la région de Tillabéri depuis février 2016.

En juin, le Niger a mis en place "l'Opération Dongo" (la foudre), composée d'un bataillon de 245 hommes bien équipés, pour combattre les jihadistes venus du Mali voisin. Mais le gouvernement nigérien n'a pas donné de bilan de l'opération depuis.

Début octobre, à la suite de l'embuscade contre les soldats américains et nigériens, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait souligné devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York l'urgente nécessité de mettre à pied d'oeuvre la nouvelle force internationale de lutte contre les jihadistes du Sahel où doivent s'associer les forces de sécurité du Tchad, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et de la Mauritanie.

La force du G5 Sahel doit comprendre 5.000 hommes et aura la possibilité de s'affranchir des frontières lors d'opérations antijihadistes.

Mais son financement est loin d'être bouclé: seulement une centaine de millions d'euros ont été promis, sur plus de 400 millions jugés nécessaires par les pays membres.

Le Mali est devenu un pays particulièrement instable depuis 2012, où des groupes jihadistes s'étaient emparés de tout le nord du pays. Des zones entières continuent d'échapper au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré le lancement en 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale toujours en cours.

Tous les pays voisins, notamment le Niger et le Burkina Faso, sont régulièrement frappés par des attaques jihadistes.

Le Niger doit par ailleurs faire face aux attaques du groupe islamiste nigérian Boko Haram dans le sud-est, frontalier du Nigeria. Le retrait des troupes tchadiennes de cette région a contraint Niamey à envoyer ses propres soldats pour les remplacer.

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