En Mauritanie, il faut d’abord mourir pour avoir droit à un hommage qui ressemble souvent ‘’au louange du défunt ”. Moi, je vais déroger à la règle et rendre un vibrant hommage à l’inspecteur principal des douanes, Mohamed Salek Ould Loullah qui vient après trente cinq ans de bons et loyaux services d’avoir droit à la retraite.
Je rends hommage à ce brillant officier sans avoir « l’œil dans mon dos » puisque nombreux sont ceux qui civils et militaires seront d’accord avec moi sur les qualités humaines et professionnelles de ce grand commis de l’Etat. Un ancien directeur général des douanes me disait il y a juste deux mois (le 4 août 2017) à son propos : « C’est certainement l’un des meilleurs douaniers du pays que j’ai connu ».
De la courtoisie. Il n’en veut point. Il n’a pas là où la mettre. Ni là où mettre de la gentillesse ni de la politesse. Chaque que fois que je venais le voir dans son bureau. Son amabilité et sa prévenance me faisaient rougir de honte. Et ce n’est pas rien que de faire rougir de honte un peshmerga aguerri de mon âge et de ma trempe.
Qui a tant vu au temps où le peshmerguisme voulait encore dire quelque chose. J’ai connu mon grand ami, il y a juste quatre à cinq ans. Ce que je regrette fortement. Les circonstances de notre rencontre me font encore sourire. J’ai souvent entendu parler de l’inspecteur Loullah. Un parent, inspecteur des douanes comme lui me dit un jour : « le chef du bureau du port est impressionné par ton livre Mémoires d’un enseignant ».
C’était déjà très suffisant pour moi (peshmerga de renom) : rapide et trouvant la pente. Mais j’attendis quand même deux ou trois ans plus tard qu’un autre peshmerga ne trouve l’ingénieuse idée qui me permettra de rencontrer Mohamed Salek Ould Loullah qui deviendra un grand ami.
C’était un jour où j’étais complètement fauché devant mon ordinateur au siège du Calame. A côté de moi SMM réfléchissait à une éventuelle victime. Hé Sneiba. Tiens.
Moi, j’ai un parent douanier qui travaille au port. Si tu vas avec moi, ton carburant et ton week end sont assurés. Après quelques explications inter- peshmergas, Nous voici à la porte du port. Premier couac. Impossible de franchir la porte d’entrée.
Après quelques tractations. Ça marche. On est dedans à circuler dans les couloirs devant le bureau du chef de visite et du chef de bureau. J’étais là à attendre et réaliser que je me suis engagé dans une mauvaise affaire. Dans ses réflexions, mon ami introduisit à mon insu par le biais de la secrétaire de Loullah un bout de papier où il inscrivit : ‘’Sneiba du Calame à la porte’’. Aussitôt, la dame sortit en vrac allant dans tous les sens me chercher.
C’était la première fois de rencontrer celui qui deviendra un très grand ami. Comme on dit chez nous ‘’Alors son amertume a disparu’’. Depuis lors, mes régulières rencontres avec Mohamed Salek Ould Loullah constituaient un véritable régal. Cet inspecteur principal des douanes était un grand intellectuel.
C’était aussi un adorable homme qui peut passer des moments et des moments à raconter de croustillantes anecdotes. Jamais, je ne me rappelle d’être venu le voir sans trouver que son secrétariat était plein de monde. Généralement, les discussions tournaient autour de sa disponibilité.
De sa modestie. De sa générosité. Sous tout cela se cachait une très forte personnalité sans laquelle mon grand ami n’aurait certainement pas pu administrer tous les postes de choix et de défis que ses trente cinq ans de service lui ont permis d’occuper.
Avec son départ à la retraite, la direction générale des douanes perd l’un de ses meilleurs cadres. L’Etat se prive des aptitudes de l’un de ses excellents commis. Les indigents et personnes en besoin, l’un de leur grand soutien.
Très bonne retraite mon cher ami et puisse Allah te rétribuer pour toutes tes bonnes actions et te permettre de t’adapter rapidement à ta nouvelle vie d’inspecteur principal des douanes retraité sans jamais avoir fait du tort ni du mal à personne selon les très nombreux témoignages entendus de la bouche de tous ceux qui l’ont connu au service ou dans les travées de la vie ordinaire.