#Mauritanie : La Tabaski, fête de l'Aid el-Kébir ou fête du mouton, période de grosses dépenses pour les pères de famille en Mauritanie arrive à grandes enjambées, dans un contexte économique très difficile. On sort le chéquier suivant ses propres moyens et la tradition.
Ce moment très particulier, est synonyme de dépenses pour les pères de familles qui se dépouillent de tout pour une journée, dans l’espoir de faire plaisir à leurs épouse, progéniture et proches.
Cette échéance intervient en 2017 dans un contexte économique qualifié «de difficile» par de nombreux Mauritaniens. Entre les fortes sommes à débourser pour les habits des plus grands aux plus petits, les parures, la coiffure des dames, le mouton de la fête, les voyages vers le village, et même parfois à l’étranger pour les plus fortunés, ceux qui ont réalisé des économies au cours de l’année et qui cassent la tirelire, alors que les moins prévoyants se débrouillent comme ils peuvent.
Au niveau de la crème de la société mauritanienne, à l’image de cet homme d’affaires, AB, certains payent le voyage de toute la famille, parfois accompagnée de la bonne, pour passer la fête au Maroc (Casablanca, Dakhla ou ailleurs). Cette opération exige une dépense supérieure à 2 millions d’ouguiyas. Ce qui en fait un cas de figure pour des privilégiés relativement rares.
FT, vendeuse de voiles rencontrée dans un département ministériel, apporte un témoignage précieux sur l’engouement des mauresques pour cet objet à une semaine de la grande fête musulmane: «nous vendons plusieurs sortes et catégories de voiles de différentes qualités et prix. Il existe le Chigue, le Thaleb, le Sbagha, le Khiyana, le Gaz…". Elle explque que "les prix varient en fonction de la qualité de chaque habit et vont de 3.000 ouguiyas à 40.000 ouguiyas, avec des catégories intermédiaires pouvant coûter entre 7.000 et 10.000 ouguiyas. Mes clientes, ce sont les dames mauresques dont certaines achètent plusieurs voiles à la fois en cette période de fête dans le cadre d’une action de charme visant à faire plaisir aux belles-mères, aux belles-sœurs….. Ainsi, d’un coup, certaines de mes clientes peuvent acheter à la fois 10 melahfas de bonne qualité pour une dépense globale comprise entre 300.000 à 400.000 ouguiyas".
Exposant ses dépenses, ce haut cadre, directeur dans le public, AG, originaire de la vallée du fleuve, polygame (2 épouses) avec de nombreux enfants, estime «que la fête ne tombe pas bien. Mais il faut se débrouiller à trouver une enveloppe de l’ordre de 500.000 ouguiyas pour couvrir toutes les dépenses dans les 2 familles. Celles-ci portent sur les habits, les moutons de la fête et tout ce qui l’accompagne…».
AD, également haut cadre dans un département ministériel, originaire du Sud, va passer la fête en amenant toute la famille dans la région de Kaédi, à plus de 500 kilomètres de la capitale. «Entre les frais de carburant pour le déplacement du véhicule, le boubou de madame, les habits des enfants et les denrées, notamment les légumes si chers en cette période d’hivernage, je devrais débourser environ 220 000 ouguiyas. Mais je précise que le prix du bélier du sacrifice n’est pas intégré dans cette dépense, car en Peul authentique et attaché à nos traditions ancestrales, j’en dispose au village. Par ailleurs, j’ai décidé personnellement de me passer du boubou pour compresser les dépense».
Cette femme, CS, mère d’une famille relativement restreinte, avec 3 enfants et une petite sœur à charge, ajoute: «mon mari m’a donné environ 200.000 ouguiyas pour les habits. Le prix de la couture sera réglé au tailleur à la fin du travail. Il payera le mouton quelques jours avant la fête pour un prix qui devrait se situer autour de 40.000 ouguiyas. Il devra également sortir de quoi acheter les légumes et tout ce qui doit accompagner le méchoui et le grand plat du jour, probablement un montant de 25.000 ouguiyas devrait être nécessaire».
Bref, la fête du mouton est, en termes de dépenses, un véritable casse-tête pour les pères de famille dont certains n'hésitent pas à s'endetter pour s'en sortir. Face à la hausse du prix du de l'incontournable mouton à Nouakchott, certains pères de famille pérfèrnt se procurer des moutons au village moyennant 35.000 ouguiyas, transpot compris, réalisant par la même occasion quelques économies nécessaires en cette période d'inflation des prix.
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