Hillary Clinton remporte haut la main le premier débat présidentiel

mar, 09/27/2016 - 11:57

Donald Trump est tombé dans la plupart des pièges tendus par la candidate démocrate, nettement mieux préparée. Le républicain a agi davantage en hommes d’affaires qu’en candidat

Elle venait de passer des semaines difficiles. Elle s’effondra, déshydratée et affectée par une pneumonie en marge de commémorations des attentats du 11 septembre 2001. Son avance dans les sondages n’a cessé de s’éroder depuis le mois d’août. Et pourtant. Lundi soir, lors de ce que les Américains ont décrit comme le «débat du siècle» vu par près de 100 millions de téléspectateurs, Hillary Clinton a poussé son rival républicain Donald Trump dans les cordes avec une maestria qui a surpris ceux qui pensaient qu’elle avait perdu de son mordant.

lusieurs sondages immédiats réalisés peu après la joute cathodique étaient catégoriques: la candidate démocrate a largement gagné ce premier débat. Parmi les téléspectateurs interrogés par CNN/ORC, 62% estiment qu’elle a remporté ce premier de trois débats contre 27% pour Donald Trump.

 

Donald Trump tombe dans les pièges de son adversaire

Posée, imperturbable face à un Donald Trump prompt à l’interrompre, elle a sans doute atteint l’un des objectifs qu’elle s’était fixés: montrer que son rival n’avait pas le tempérament pour diriger la première puissance mondiale. Le candidat républicain est tombé dans la plupart des pièges tendus par la démocrate. Quand Hillary Clinton dénonce l’homme d’affaires Donald Trump qui n’a pas payé des sous-traitants ayant travaillé pour lui, il réplique qu’il a agi en hommes d’affaires. A de multiples reprises, il ne semblait pas avoir la hauteur nécessaire pour s’adresser à un large public américain, donnant l’impression de parler en premier lieu de sa carrière fructueuse de magnat de l’immobilier. A un certain moment du débat, Hillary Clinton a déclaré qu’il ne suffisait pas d’être un homme d’affaires pour revendiquer la Maison-Blanche.

Quand l’animateur de la soirée Lester Holt, de NBC, lui demande pourquoi il ne publie pas sa déclaration d’impôts comme la quasi-totalité des candidats présidentiels depuis un demi-siècle, il a déclaré qu’il attendrait que son audit par le fisc américain (IRS) soit terminé. Or Lester Holt s’était informé auprès de l’IRS. Un audit n’empêche nullement le candidat à publier sa feuille d’impôts. Le républicain a promis de le faire si sa rivale démocrate publiait les 30 000 courriels qu’elle a effacés de sa messagerie privée utilisée quand elle était secrétaire d’Etat.

Hillary Clinton assène ensuite un coup dur à son adversaire, laissant entendre que ce refus de transparence fiscale cacherait le fait que Donald Trump n’est finalement pas aussi riche qu’il le prétend, qu’il traite beaucoup plus avec Wall Street et des banques étrangères qu’il ne le laisse croire et enfin qu’il ne payerait pas d’impôts fédéraux, soit «zéro dollars pour l’armée, pour les vétérans et pour les écoles», a martelé Hillary Clinton. La réponse du milliardaire new-yorkais? Il ne dément pas ne pas payer d’impôts fédéraux, un fait qui pourrait lui porter préjudice auprès des classes laborieuses blanches de la «Rust Belt» (ceinture de la rouille) tentées par un vote en faveur du républicain. Il insiste au contraire sur le fait que l’argent du gouvernement fédéral est mal dépensé.

L’équipe de campagne du républicain s’est longtemps vantée, à l’approche du débat, que Donald Trump avait limité sa préparation, comptant sur ses compétences d’improvisateur. Durant une heure et demie de débat, ce manque de préparation s’est toutefois payé cash. Donald Trump semblait incapable de rester focalisé sur une question, liant une fois dans sa réponse le nucléaire iranien, la Corée du Nord et le Yémen. Son malaise était d’autant plus visible dans ses mimiques que celles-ci apparaissaient sur la même image que Hillary Clinton, qui est restée concentrée sans se laisser une seule fois désarçonner par son rival.

Trump fait dans l’hyperbole

Le moment le plus dramatique pour Donald Trump fut sans doute la partie consacrée aux questions raciales qui enflamment de nouveau l’Amérique, après que deux Afro-Américains ont été tués par des policiers à Charlotte en Caroline du Nord et à Tulsa en Oklahoma. Si Hillary Clinton a expliqué en termes peu spécifiques la nécessité de restaurer la confiance entre la police et la population, notamment afro-américaine, de renforcer la formation des policiers et d’inciter aussi bien policiers et citoyens à respecter la loi ainsi qu’à durcir la législation sur les armes à feu, Donald Trump a fait dans l’hyperbole. «Les Afro-Américains et les Hispaniques vivent en enfer» dans certaines villes et banlieues, a-t-il relevé, évoquant les quelque 4000 personnes tuées à Chicago depuis l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche.

letemps.ch

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