Le Parquet général de Mauritanie confirme l’arrestation de l’ancien sénateur, Mohamed Ould Ghadda, et annonce l’ouverture d’une enquête pour « crime transfrontalier », tout en reconnaissant que la procédure n’a pas été respectée lors de l’arrestation et l’emprisonnement de l’intéressé.
Le Parquet général confirme l’arrestation de Mohamed Ould Ghadda et annonce « l’ouverture d’une enquête préliminaire » pour des présomptions liées « à un crime transfrontalier ». Cet homme politique était membre du Sénat, Chambre haute du Parlement mauritanien, supprimé à la faveur du référendum constitutionnel du 5 août dernier.
Dans son communiqué, le Parquet général près la Cour suprême informe « avoir mis la main sur des informations documentées relatives à l’implication de plusieurs personnes dans un projet visant à commettre des crimes transfrontaliers de grande ampleur, étrangers à nos mœurs et aux valeurs de notre société, dans un cadre structuré et organisé, cherchant à semer le désordre et à perturber la sécurité publique ».
Sur la base de ce constat, le ministère public affirme avoir décidé de l’ouverture d’une large enquête en vue d’apporter toute la lumière sur l’affaire.
C’est ainsi qu’il a été procédé à l’arrestation de Mohamed Ould Ghadda « conformément aux dispositions du Code de procédure pénale (CPP)". Placé en garde à vue, il lui a été offert l’opportunité de rencontrer son avocat, dans un souci de respect des droits de la défense.
Par ailleurs, le communiqué du Parquet général précise que Mohamed Ould Ghadda a été appréhendé en même temps qu’un présumé complice « sur la base d’une plainte d’un officier de l’armée nationale, qui l’accuse de propagation de fausses nouvelles ».
Par ailleurs, le Parquet reconnaît que la procédure n’a pas été respectée dans le cadre de l’arrestation de l’ex-sénateur, comme d’ailleurs l’avaient dénoncé ses avocats accusant le régime d’enlèvement, ce qui est considéré comme un crime contre l’humanité.
Ainsi, reconnaît le Parquet, la procédure a suivi au départ une voie inhabituelle. Mais, à l’avenir les conditions de déroulement de l’enquête respecteront rigoureusement les règles édictées par le Code de procédure pénal (CPP) et toutes les garanties relatives aux droits de la défense et à la présomption d’innocence seront respectées.
L’officier présenté comme auteur de la plainte contre Mohamed Ould Ghadda, et dont le communiqué ne cite pas le nom, s’appelle El Hadj Ould H’Moudi. Ce militaire a été présenté comme l’auteur du tir à l’origine de « la balle amie » qui a gravement blessé le président Mohamed Ould Abdel Aziz au mois d’octobre 2013.
Le sénateur Ghadda aurait diffusé sur les réseaux sociaux, des enregistrements d’un sous-officier « témoin » remettant en cause la version officielle de cet incident survenu dans la localité de Tweila située à quelques dizaines de kilomètres au nord de Nouakchott. Ce qui tend naturellement à accroitre le mystère qui entoure le drame en question.
Ainsi, le présumé complice de l’ancien sénateur pourrait être le témoin véhiculant la version contraire à celle servie par les autorités.
Mohamed Ould Ghadda était le principal animateur de la fronde contre la suppression du Sénat mauritanien. Il dirigeait également une commission de la défunte Chambre haute du Parlement, constituée à l’effet de mener des investigations sur des marchés de gré à gré octroyés à des personnalités présumées proches du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
Le360