Aucune inquiétude supplémentaire sur le plan sécuritaire n’est perceptible dans la capitale mauritanienne, Nouakchott, après l’attaque terroriste ayant visé, dans la nuit de dimanche à lundi, un café-restaurant d’Ouagadougou et qui a fait 18 morts et une vingtaine de blessés.
Comme d’ordinaire, des unités des forces de sécurités sont stationnées devant les lieux sensibles, tels les bâtiments publics, les ambassades, les hôtels ou restaurants, les banques etc…
Mais en dehors de cela, les rues de la ville sont sereines et les habitants vaquent à leurs occupations sans aucun souci.
« L’attaque de Ouagadougou, je l’ai apprise par la radio lundi matin, je la condamne, je suis triste pour les victimes, mais elle ne m’inspire aucune peur», a déclaré mercredi à APA Aboubekrine Ould Sidiya, jeune diplômé chômeur.
« Je pense que nos forces armées et de sécurité font un travail formidable pour protéger nos frontières », s’est-il félicité, rappelant que des attentats meurtriers ont lieu fréquemment dans des zones bien plus proches, en l’occurrence au Mali.
Interrogée sur la même question, Safia Mint Amar, vendeuse ambulante de boissons locales fraiches, a dit ne prêter aucune attention à « ces histoires ».
« Ce qui me préoccupe le plus c’est le pain quotidien de mes enfants », a-t-elle expliqué dans des propos à APA.
Les autorités mauritaniennes affirment régulièrement que les frontières du pays sont hermétiquement verrouillées devant les infiltrations des groupes terroristes.
En fait, la Mauritanie n’a pas connu d’attentat sur son territoire depuis près de 7 ans en dépit du fait qu’elle est très bien engagée dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel.
Le dernier attentat en date remonte à février 2011 lorsque 3 hommes à bord d’un véhicule bourré d’explosifs ont tenté d’entrer dans la capitale pour commettre des attentats avant d’être neutralisés à l’entrée sud de la ville.
Des hommes du Bataillon de la sécurité présidentielle (BASEP) les ont visé par roquette RBG qui a détruit le véhicule et déchiqueté les corps de ses occupants, des membres de la branche maghrébine d’Al-Qaida (AQMI).
Plus tôt en août 2010, un kamikaze au volant d’un véhicule chargé d’explosifs avait tenté de foncer sur une caserne militaire à Nema, 1.200 kilomètres à l’est de Nouakchott.
Le kamikaze a été abattu et son véhicule a sauté avant de pénétrer dans la caserne. Là aussi, l’attentat a été signé AQMI.
En décembre 2009, un couple de voyageurs italiens a été enlevé dans le sud-est du pays par cette même organisation qui venait aussi d’enlever, fin novembre, trois Espagnols sur la route Nouadhibou-Nouakchott (nord-ouest de la Mauritanie).
En août de la même année, un kamikaze a fait exploser sa ceinture d'explosifs devant l'ambassade de France, blessant légèrement deux gendarmes en poste à celle-ci et une passante mauritanienne.
L’attentant n’a pas été revendiqué, mais son auteur a été formellement reconnu par la police mauritanienne en tant qu’extrémiste recherché.
Deux mois plus tôt, un humanitaire américain est tué par balles en plein jour à Nouakchott et son meurtre est aussitôt revendiqué par AQMI.
Mais la première attaque terroriste d’envergure et qui avait véritablement mise à mal la réputation de la sécurité dans le pays était le meurtre, en décembre 2007, de quatre touristes français près d'Aleg (sud-est) par trois Mauritaniens membres d’AQMI.
D’autres attaques d’extrémistes avaient visé des garnisons mauritaniennes, la plus meurtrière étant celle de Lemgheity (juin 2005) qui s’était soldée par 15 morts parmi les soldats mauritaniens.
Pour les observateurs, l’arrêt des attentats en territoire mauritanien est dû essentiellement à la détermination sans faille affichée par l’armée contre les groupes terroristes et aux opérations d’anticipation menées contre leurs bases en plein territoire malien.
L’une de ces opérations a permis, en juin 2011, de détruire un campement d'AQMI abritant de l'armement lourd et de tuer 15 terroristes contre deux morts parmi les Mauritaniens.
Aujourd’hui, la Mauritanie fait partie, avec le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, du groupe G5 Sahel qui se fixe pour objectif de coordonner et de suivre la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité.
Ce groupe a décidé la création d’une force conjointe de 5.000 hommes, mais le financement de celle-ci reste à trouver, avec seulement 50 millions d’euros déjà promis par l’Union européenne sur un budget total de 450 millions.