Le sénateur Mohamed Ould Ghadda a été jugé et condamné jeudi 13 juillet par le tribunal correctionnel de Rosso à 6 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire pour avoir tué deux personnes il y'a deux mois dans un accident de la route.
Incarcéré une première fois en mai, il avait été relâché grâce à un vote des sénateurs demandant la suspension des poursuites, avant d'être à nouveau arrêté en fin de semaine dernière à l'issue de la session parlementaire. Le sénateur, qui avait entamé une grève de la faim pour dénoncer une incarcération à motifs politiques, a été remis en liberté à l'issue du verdict.
« Le procès s'est déroulé dans de bonnes conditions et nous avons pu démonter les tentatives d'instrumentalisation de la justice par le pouvoir », estime l'avocat du sénateur. Ce n'est en fait pas dans les poursuites engagées contre Ould Ghadda, ni même dans sa condamnation à une peine avec sursis que Me Bouhoubeyni a vu des motifs politiques, mais bien dans les deux arrestations de son client.
« En Mauritanie, en cas d'accident mortel, l'usage veut que le responsable propose une indemnisation aux proches des victimes. Si elle est acceptée, les familles renoncent à se constituer partie civile », explique-t-il. « C'est ce qui s'est passé dans ce cas, il n'y avait donc aucune raison de mettre le sénateur en prison, sauf qu'il gênait le pouvoir », souligne l'avocat.
Pour Me Bouhoubeyni et la principale coalition d'opposition, le sénateur a dû sa double arrestation au fait qu'il ait voté en mars contre le projet de révision constitutionnelle et qu'il préside la commission d'enquête sur les marchés publics.
Lors de l'audience de jeudi, les proches des victimes ont d'ailleurs témoigné avoir effectivement reçu des pressions pour se constituer partie civile, ce qui aurait abouti à une plus lourde peine. De son côté, le parquet avait publié cette semaine un long communiqué pour souligner que l'ensemble de la procédure contre le sénateur avait été menée conformément à la loi.
RFI