Quand il est arrivé en France en octobre 2015, TIjani Ahmed Lemrabott ne parlait pas un mot de français. Aujourd’hui, il s’exprime et comprend bien notre langue. Quand il est arrivé en France en octobre 2015, TIjani Ahmed Lemrabott ne parlait pas un mot de français. Aujourd’hui, il s’exprime et comprend bien notre langue. | Nathalie Houdayer
Tijani Ahmed Lemrabott a été accueilli à la rédaction d’Ouest-France la semaine dernière. Menacé, contraint de quitter son pays, il a demandé l’asile en France.
Portrait
À peine descendu du train, en gare d’Alençon, Tijani Ahmed Lemrabott a repris ses réflexes de journaliste de terrain. Avec appareil photo et caméra, il a sillonné les rues d’Alençon le sourire en bandoulière. À 31 ans, ce Mauritanien, demandeur d’asile en France, vit à la Maison des journalistes, à Paris. Du 26 au 30 juin 2017, il a été accueilli à la rédaction Ouest-France d’Alençon. Une occasion de reprendre pied dans ce métier qu’il a choisi d’exercer. Contre la volonté de son père qui le rêvait médecin.
« Je reviendrai, c’est sûr ! »
« C’est très beau Alençon. La ville a un riche passé et les gens sont accueillants », raconte-t-il, enthousiaste, en rentrant d’une première sortie. Il en oublie presque d’évoquer un contrôle de police alors qu’il prenait des photos. « C’est normal, tempère-t-il. Et les policiers ont été très corrects avec moi. » TIjani goûte à la liberté avec délectation. « C’est une bouffée d’air pur pour moi d’être avec vous, reconnaît-il. Il y a tout ici, je reviendrai, c’est sûr ! »
TIjani a quitté son pays le 23 octobre 2015. Trois mois plus tôt, une centaine d’hommes s’était massée devant la chaîne de télévision pour laquelle il travaillait. Des musulmans intégristes que son film sur les violences dans les écoles coraniques mauritaniennes avait rendus furieux. Sa sécurité n’était plus garantie, celle de sa famille non plus. « Mes amis m’avaient mis en garde. Ils m’avaient dit : « Tijani, calme-toi. Tu cherches les problèmes. » Soit. Mais le journaliste rêve d’une Mauritanie laïque…
Aujourd’hui, la vie de Tijani est suspendue à la décision de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Le statut de réfugié politique l’autorisera à travailler. L’attente est d’autant plus frustrante qu’il a un projet en vue à France 24. À Alençon, il a découvert que les enfants faisaient du théâtre, que des critériums cyclistes se couraient en ville, que des jardins permettaient l’insertion par le travail… Des événements du quotidien qui semblent banals. Mais qui ont ravi Tijani.
Par Fabienne GÉRAULT.
Ouestfrance