Ne l’oublions pas : Hommage à Md Lemine Ould Md Lemine  dit Monsieur

dim, 03/24/2024 - 23:07

Monsieur, c’est le nom qu’il a gardé malgré lui, toute sa carrière durant,  et que sa famille et sa progéniture ont conservé après  sa mort « Rahimehou Allah» en 1994 à Nouakchott à l’âge de 60 ans.

Un nom qui a servi quasiment de l’unique appellation permettant  aux habitants d’Aoujeft , dans la wilaya de l’Adrar, de ne pas se tromper sur lui et sur les nombreux bienfaits qu’il a apportés à cette ville qu’il a aimée et dont il a veillé constamment à tirer de l’oubli, de l’enclavement et de l’ignorance .

Instituteur de profession, depuis les années de l’indépendance (1957 – 1987), il fut parmi les premiers enseignants du département d’Aoujeft, au temps, où, la Mauritanie , Etat naissant (indépendant) était contraint de forcer les parents  à  inscrire les élèves à l’école moderne, confrontée aux défis de former les élites de demain à partir du néant.

Inquiétés par le sort de leurs enfants, les familles curieuses se rassemblaient devant les classes récemment construites, pour constater comment leurs fils font leur nouveau enseignement moderne.

Ils entendaient ainsi les tous premiers élèves rivaliser et répéter à  leur enseignant, dévoué dans sa mission de relever le défi de la création des futurs cadres de la Mauritanien   « Moi Monsieur, Moi Monsieur »,  s’empressant de répondre aux petites questions de lecture, d’écriture ou de calcul à résoudre, inscrites au tableau noir.

L’école de l’époque ne manquait ni de volonté, ni d’outils, mais bien au contraire réunissait toutes les conditions morales et physiques pour l’émergence d’hommes instruits, compétents, patriotes, propres, et engagés.

Md Lemine s’est illustré par sa générosité exemplaire. Sa maison était ouverte nuit et jour à tous les habitants d’Aoujeft dont ceux qui viennent des localités éloignées.

Sa méthode d’enseigner n’était pas circonscrite à dispenser simplement un cours. Bien au contraire, elle était transversale et située à tous les niveaux. El Marhoum « Monsieur » était aussi un père tendre, un frère ainé, un ami, un secouriste, un tout.

Il apportait les soins nécessaires aux élèves, veillait sur leur nourriture et leur santé ainsi qu’à leur éducation générale pour s’intégrer sans fausse note dans  l’objectif recherché, consistant à devenir les cadres de la Mauritanie naissante, sortie du néant, des Emirats et de la colonisation.

C’était la seconde famille des élèves qui trouvaient en lui tout le confort et les assurances au point de vouloir retourner au plus vite dans les classes et à l’internat une fois autorisés à rejoindre momentanément leurs parents.

Ces élèves de l’époque sont très nombreux. Ils sont devenus plus tard des éminents avocats, enseignants, officiers, techniciens de l’aviation …. On compte parmi eux, à titre d’exemple,  pour ne citer que ceux là, le sénateur Yahya Ould Abdel Ghahar, l’ex Général Mohamed Ould Hadi, le technicien supérieur de l’aviation Abderrahmane Ould Houmoud, l’administrateur Ahmedou Ould Mohamed Sultane, le colonel des douanes Ahmed Ould Ahmed Abdi.

Md Lemine, natif du Brakna et affecté à Aoujeft pour enseigner, était aussi le  premier Directeur de l’école d’Aoujeft. Il  était aussi un citoyen à part de cette moughataa, pour laquelle, il a dédiée toute sa vie.

C’est seulement avec la maladie et l’âge qu’il a décidé de se rapprocher des siens à Aleg. Il repose actuellement au cimétière « Athme Nour » dans le lac d’Aleg aux côtés de sa mère « Rahmetou Allahi Aleyhoum Jemian ».

En effet, il s’est engagé, pendant sa présence à Aoujeft  dans toutes les activités qui rentrent dans le développement social et économique de la ville.

C’est ainsi qu’il initiait et format les populations au volontariat et à prendre leurs affaires en leurs mains pour favoriser leur bien-être et prospérité.

De nombreuses  routes, perdues dans les dunes et les montagnes, dessinées par les seules traces des véhicules, aux déviations nombreuses et souvent impraticables de l’époque (Aoujeft, Tourvine, Aoujeft –El Medah, Aoujeft-Timinitt, Aoujeft- Toungad) avaient été réalisées et tracées par les Aoujeftois eux-mêmes encouragés et soutenus par Md Lemine.

Des dizaines de km inhabités, sans eau, où les hommes portaient les outres sur leurs têtes sur plusieurs distances pour amener l’eau aux volontaires dont lui-même, chacun, à tour de rôle, dans l’égalité et le respect mutuel.

C’est là un hommage modeste, mais un hommage qu’à même qui s’efforce de présenter sans succès les qualités d’un homme pour lequel les aoujeftois prient jour et nuit et remercient pour leur avoir permis d’être dans le navire du développement de la Mauritanie.

 

Md O Md Lemine

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