La position du Maroc sur la crise dans le Golfe ne semble pas plaire à l’Arabie saoudite. Un mécontentement que les autorités de Riyad ont manifesté, hier mercredi 14 juin, via la chaîne saoudienne Al Arabya. Explications.
La position que le royaume du Maroc adopte depuis le déclenchement de la crise dans le Golfe, le 5 juin courant, ne semble pas être du goût des autorités saoudiennes. Paraît-il, le Maroc n’aurait pas dû se tenir à équidistance entre l’Arabie saoudite et l’émirat du Qatar dans leur rapport de force en observant comme l’a souligné le MAECI marocain, «une neutralité constructive» envers les frères du Golfe. Un mécontentement que les autorités de Riyad n’ont pas choisi de manifester par les canaux officiels, elles se sont contentées pour l’heure de l’exprimer indirectement via la chaîne Al Arabya Al Hadath.
Que s’est-il alors passé?
Hier mercredi 14 juin, Al Arabya Al Hadath a diffusé un sujet sur le Sahara. Un exercice qui se serait déroulé banalement n'eut été un traitement inhabituel qui n’a pas manqué de soulever des interrogations. Pour une fois, le ton adopté par la chaîne saoudienne a tranché clairement avec la position officielle des autorités du royaume saoudien, soutenant clairement la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
Attestent de ce qui ressemble sinon à un changement de cap, du moins à une marque de mécontentement ces quelques extraits de données «explicatives» sur le conflit du Sahara. «Le Sahara occidental est situé au sud du Maroc. Sa superficie est de 266 kilomètres carrés (…). Le gouvernement (marocain) le considère comme étant une terre marocaine qu’il a récupérée du colonialisme espagnol».
Passé ce prélude, Al Arabya fait place au coordinateur du Polisario auprès de la Minurso, M’hammed Khaddad. Voilà en substance les propos débités par ce dernier et relayés littéralement par la chaîne saoudienne: «La question du Sahara occidental est une question de décolonisation. Le dernier mot doit revenir au peuple sahraoui qui doit choisir et s’autodéterminer».
La littérature séparatiste a été diffusée sur cette chaîne qui n’a pas relayé la thèse marocaine proposant une autonomie au Sahara dans le cadre de la souveraineté du royaume.
«Le Sahara dont la côte atlantique s’étend sur 600 kilomètres, regorge de ressources halieutiques et de minerais dont le fer et le phosphate», relève encore Al Arabya, qui évoque aussi la possibilité d’existence d’hydrocarbures à proximité des plages du Sahara… De quoi apporter de l’eau au moulin de la propagande algéro-polisarienne qui crie à «l’exploitation des ressources» du Sahara.
Dans ce documentaire flash, le Sahara est considéré comme une entité séparée du Maroc. Une assertion qui tranche avec la position de l’Arabie saoudite qui a toujours soutenu la marocanité du Sahara. Il n’est pas loin le temps où le roi Salman d’Arabie saoudite affirmait lui-même, précisément le 20 avril 2016, lors du premier Sommet Maroc-Pays du Conseil de la coopération du Golfe, que la question du Sahara était «aussi une question des pays du Golfe», et à leur tête le royaume d’Arabie saoudite.
Est-ce à travers la chaîne fondée par le prince Waleed bin Ibrahim Al Ibrahim, que les autorités saoudiennes ont voulu montrer au Maroc le prix à payer pour sa neutralité sur la crise du Golfe? S’agit-il simplement d’un excès de zèle d’une chaîne en guerre contre tous les pays qui n’ont pas pris une position résolument hostile au Qatar?
Pour rappel, le Maroc n’a fait qu’opter pour la voie de la sagesse évitant à prendre position pour une partie au détriment de l’autre. Les communiqués du ministère des Affaires étrangères, de même que le déplacement de Nasser Bourita dans les pays du Golfe, prouvent que le royaume cherche sincèrement à apaiser les tensions entre les pays frères.
Par Ziad Alami
Le360.ma