La controverse du 3e mandat, revient de plein fouet, sur la scène politique mauritanienne, replongeant le pays dans l’impasse constitutionnelle.
Pourtant, le Président mauritanien avait affirmé, à de nombreuses circonstances, à des médias nationaux et internationaux, qu’il respectera la constitution. Mais, ces assurances, demeurées fragiles pour les opposants du régime, sont désormais mises en branle-bas par les arcanes de son propre système, lancés depuis des semaines dans une forte campagne, caractérisée par des discours réaffirmant le maintien de l’actuel pouvoir aux commandes du pays, au-delà de 2019.
Ce qui, pour les opposants, est synonyme d’un retour en force et sans gêne, à l’option du 3e mandat pour l’actuel homme fort de Nouakchott ; d’une manière ou d’une autre.
En effet, après les initiatives politiques engagées pour soutenir la réforme constitutionnelle, le tour, pour le président du parti au pouvoir l’UPR, Me Sidi Mohamed Ould Maham et du Premier ministre, Yahya Ould Hademine, de mener campagne pour les amendements constitutionnels, était venu, avec l’approche du délai du référendum populaire, fixé au 15 juillet.
Sauf que les allocutions faites régulièrement par les deux ténors du sérail, après Ould Abdel Aziz, ont enrichi leur campagne, par le nouveau vocable de la continuité de l’actuel régime au pouvoir.
L’opposition, surprise par ces discours provocateurs, qui contrastent totalement, avec les déclarations publiques répétées par le Chef de l’Etat, ne tarde pas à dénoncer vigoureusement, un retour à la polémique du 3e mandat pour le Président mauritanien, visant soit sa propre réélection ou d’assurer sa succession suivant sa propre volonté, par un Président de forme, à la manière russe.
Cette controverse qui ne fait que prendre de l’ampleur jour après jour, avait été déjà perçue par feu Ely Ould Mohamed Vall, qui confiait en octobre dernier à RFI, ses doutes sur l’engagement fait par Ould Abdel Aziz, de ne pas toucher l'article qui l'empêche de se présenter à un troisième mandat en 2019.
« Non, ça ne me rassure pas du tout. Croyez-moi, j’irais plus loin pour dire que je n’y crois même pas. Parce qu’en 2008, la personne que vous nommez a mis en cause les accords de Dakar, et les a sabordés, et a refusé systématiquement de les respecter. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi une promesse de plus ou une déclaration de plus changerait des choses en ce qui concerne ce qu’il fait et ce qu’il dit », disait feu Ely, à propos de la passion de Ould Abdel Aziz de se maintenir au pouvoir.
Livrant un portrait de l’éventuel héritier du système, au cas où Ould Abdel Aziz, ne se présenterait pas, il ajoute :
«Je pense que ce doit être quelqu’un sans envergure, sans ambition et dont le pouvoir va être limité par une majorité à l’Assemblée et par une maîtrise des dispositifs sécuritaires qui resteront aux mains de celui qui est au pouvoir aujourd’hui et pas autre chose ».
Répondant à la question « Ce sera le scénario Poutine-Medvedev ? », il ajouta : « Je pense que ce sera beaucoup moins respectable que ça ».
Au vu de l’ébullition politique qui marque le pays ces dernières semaines et la guerre des communiqués et des déclarations que se livrent l’opposition, l’ancien Chef d’Etat Ould Mohamed Vall a été incontestablement intuitif.