Pour ceux qui ne connaissent pas Mr Gueye ? Qui êtes vous, même si c’est difficile de parler de soi ?
Birome Youssouf Gueye : Merci de me donner l’occasion de l’exprimer dans votre site. Je me nomme Birome Youssouf Guère, je suis journaliste de formation.
Mais également ce que beaucoup ne connaissent pas, je suis professeur de français, sortant de l’ENS. J’ai eu à travailler longtemps dans la presse indépendante (Mauritanie Demain, Mauritanie Nouvelle, L’Eveil Hedbo…), après mon retour de la Tunisie en 1991.
Bien que boursier de l’Etat mauritanien qui m’a envoyé faire du journalisme à l’IPSI de Tunis, à mon retour, il était quasi impossible de travailler dans les médias publics. Le nom de famille n’était sans doute pas étranger à ce blocage qui intervenait au lendemain des années de braises. C’est alors que j’ai côtoyé de nombreuses rédactions avant de commencer à enseigner dans le privé en 2001. C’est 6 ans plus tard, par le biais d’un concours, que j’ai été recruté comme cadre supérieur à la HAPA.
Les traces de l’info : que pensez-vous Mr Gueye de la presse Mauritanienne ou mieux quelle lecture faites-vous de ce quatrième (4éme) Pouvoir ?
Ce que je peux dire, c’est que la presse en général vit des moments difficiles. La presse écrite privée traverse une grave crise du fait de la circulaire du Premier Ministre exigeant l’arrêt des abonnements de soutien et toute autre forme d’aide. Mais aussi le marché de la publicité est étroit et c’est bien souvent par proximité ou connaissance que l’on en décroche. Les seuls véritables annonceurs sont les opérateurs de téléphonie mobile. Ce qui ne peut couvrir les frais inhérents à la charge et vie d’un journal.
Aujourd’hui, il n’existe pratiquement plus un journal régulier et les retards de salaires sont importants pour les entreprises de presse écrite les plus solides. Pour les radios et télévisions privées, la situation est autant catastrophique. Une radio privée n’émet plus alors que les autres se démènent dans d’inextricables difficultés. Les télévisions privées aussi connaissent le même sort, elles sont presque dans l’impossibilité d’honorer leurs engagements.
Factures impayées, retard de salaires, licenciements abusifs.
Il faut dite que ces médias audiovisuels ne respectent pas leurs cahiers de charge et agissent aujourd’hui selon leur volonté.
Quant aux sites en ligne, on peut parler d’une éclosion extravagante. On n’en recense pas moins de 170, ce qui est énorme.
Mais surtout c’est le contenu qui laisse à désirer car il est bien facile de monter un site et certains s’en servent pour faire tout sauf du journalisme sérieux et respectable, préférant verser dans la recherche du sensationnel, dans la diffamation et même la provocation. Certes le ton est libre aujourd’hui mais la grande difficulté c’est la situation financière de la presse et ce ne sont pas les 200 millions de l’aide publique qui vont l’inverser.
Les traces de l’info : Mr Birome Youssef Gueye vous êtes journaliste, votre dernier mot sur la situation politique, économique et sociale du pays ?
Le moins que l’on puisse dire est que la situation du pays est difficile à bien d’égards. Sur le plan politique, on s’achemine vers un référendum controversé que compte coûte que coûte organisé le pouvoir. Pour cela, pas moins de 6 milliards sont déjà mobilisés. Une somme qui a notre avis aurait pu servir à autre chose en ces périodes d’austérité budgétaire et surtout si l’on sait que dans notre pays, tout est prioritaire (santé, éducation, entretien des routes, électrification etc.). Sur les plans économique et social, la situation est des plus difficiles et la grève des taxis et ses débordements sont là pour le rappeler. Les populations sont fatiguées, voire même excédées.
La moindre goutte pourrait faire déborder le vase. Les problèmes sont multiples et les solutions presque invisibles. L’on a vu surtout les jeunes se soulever lors de la grève des taxis et c’est la une véritable bombe à retardement.
Propos recueillis par Diop Mohamedou Abou dit HBodiel
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