Les Haratines, les descendants d'esclaves mauritainiens ont manifesté ce samedi 29 avril dans les rues de Nouakchott pour fêter le quatrième anniversaire du Manifeste Haratines. Les Haratines réclament la fin des discriminations dont ils s'estiment toujours victimes. L'objectif de leur mouvement est de faire évoluer les mentalités et de «créer les conditions d'une cohabitation communautaire plus juste et plus harmonieuse», selon les organisateurs. Car il reste du chemin à parcourir.
« Le manifeste des Haratines appelle tous les Mauritaniens à se solidariser pour combattre l’injustice et d’ailleurs d’où qu’elle vienne, explique à RFI Boubacar Messaoud, président de SOS Esclave en Mauritanie. Il y a des Arabes qui sont opprimés, il y a des Arabes qui sont pauvres, il y a des Négro-Africains qui sont également pauvres. Il y en a même qui sont des descendants d’esclaves. Le pays a une société profondément inégalitaire. Et aujourd’hui nous avons vu que notre manifestation, notre manifeste, amène beaucoup de gens ».
Depuis le Manifeste pour les droits politiques économiques et sociaux des Haratines lancé en 2013, les mentalités bougent. « Les Haratines lèvent la tête, poursuit Boubacar Messaoud. Les Haratines dans ce pays ont toujours été instrumentalisés par leurs maîtres ou par leurs anciens maîtres. Mais aujourd’hui ils sont de plus en plus indépendants. Ça, c’est quelque chose que j’estime que nous avons nous créé. Nous avons nous participé à cet éveil-là ! »
Certains métiers et fonctions toujours difficiles d'accès
Mais aujourd'hui encore, les Haratines se sentent et se disent exclus de certains segments de la société, même si leur situation évolue. « Je ne dirais pas que les Haratines ne peuvent pas accéder à un certain type d’emplois, mais je dirais que pour tous les types d’emplois, les Haratines sont souvent les derniers à y accéder. Le problème c’est le problème des concours ; le problème, c’est le problème des recrutements... Effectivement, nous pouvons être recrutés comme les autres dans n’importe quel poste, mais nous sommes souvent refusés, surtout dans les enrôlements, dans l’armée, dans la police ou dans la douane…»
Certes, il y a quelques ministres Haratines mais une discrimination dans les recrutements persiste, poursuit Boubacar Messaoud « parce que nous sommes un Etat, une population qui n’est pas encore réellement devenue citoyenne. Ce sont des mentalités les plus difficiles à changer. Nous réclamons qu’on développe la citoyenneté. Que moi je sois un citoyen, [que] je ne sois pas un Hartani [singulier de Haratines], que je ne sois pas un Arabe, que je ne sois un Wolof, mais d’abord un Mauritanien ! ».