L’imbroglio politico-religieux qui a transformé en cauchemar la vie du blogueur mauritanien Mohamed Cheikh Ould Mohamed, connu dans son pays et parmi les défenseurs des droits humains sous le nom d’Ould Mkhaïtir, touche-t-il à sa fin ? Le cas de cet homme de 35 ans, condamné à mort en 2014 pour des écrits jugés apostats, et emprisonné depuis, devrait être une nouvelle fois examiné « d’ici à la fin du mois », espère son avocat, Mohamed Ould Moïne, qui veut croire à sa libération.
Ould Mkhaïtir s’est attiré les foudres de pratiquement tout ce que la République islamique de Mauritanie compte de savants religieux après la publication d’un texte sur son blog, en 2014. L’intention du jeune Mauritanien – fils d’un fonctionnaire de Nouadhibou, une ville côtière située dans le nord-ouest du pays – n’était pas d’attaquer l’islam. Sa cible était la société mauritanienne figée dans le tribalisme, organisée selon un système de castes qui ne dit pas son nom mais pèse considérablement sur le destin des Mauritaniens dès leur naissance. En l’occurrence, Ould Mkhaïtir est un forgeron, l’une des plus basses castes d’une société dominée par les Maures et traumatisée par les conséquences de l’esclavagisme, voire de sa survivance, malgré son abolition tardive en 1981.
« Jeune forgeron spéculatif »
Pour appuyer sa démonstration, le jeune homme contestait des décisions prises par le prophète Mahomet et ses compagnons durant les guerres saintes. Ce fut son erreur. « Mkhaïtir, jeune forgeron spéculatif, cherchait dans la contestation de l’ordre établi son remède, sans grand bagage théologique, a ainsi plaidé son avocat. C’est un texte frivole [qui] grouille d’allégations, voire de cynisme », résumait-il en 2016 devant les juges pour atténuer la portée de ce document.
Alerté par la virulence des premiers échos qui ont suivi la publication sur son blog, l’auteur a presque immédiatement exprimé son repentir – insuffisant pour arrêter...