C’est finalement l’arbitrage du peuple que le président mauritanien a choisi. Après un revers cinglant au Sénat, Mohamed Ould Abdelaziz avait décidé de soumettre l’avenir de son projet de révision constitutionnelle au verdict des urnes. En conseil des ministres, l’échéance tant attendue, a été fixée au 15 juillet 2017. Le président jouera sa survie politique et celle de son parti.
Le dernier épisode du feuilleton politique sur la réforme constitutionnelle en Mauritanie connaître son épilogue dans trois mois. A la sortie du conseil des ministres, le pouvoir a décidé de fixer la date du référendum sur le projet de révision constitutionnelle au 15 juillet prochain.
Célérité du gouvernement en réponse à une précipitation présidentielle
« Le Conseil des ministres a examiné et adopté un projet de décret fixant les modalités pratiques du déroulement du référendum du 15 juillet 2017 », indique un communiqué, ce jeudi 20 avril 2017 au soir. La célérité du Conseil des ministres rejoint la précipitation du président Ould Abdelaziz à vouloir organiser ce référendum « le plus rapidement possible ».
Le général-président est décidé à faire oublier son revers du 18 mars lorsque les sénateurs, majoritairement issus du parti au pouvoir, ont opposé un « niet » au projet validée neuf jours plus tôt par l'Assemblée nationale. Rouge de colère face à cette « trahison » issue de son propre camp, le président avait demandé l'arbitrage du peuple en annonçant l'organisation d'un référendum.
La consultation populaire sera organisée sur « la base de la liste électorale ayant servi aux élections présidentielles de 2014 révisée pour les besoins du référendum 2017 dans le cadre d'un Recensement administratif à vocation électorale complémentaire », précise le communiqué. Le calcul n'est pas anodin pour le chef de l'exécutif mauritanien.
Lors de la présidentielle de 2014, Mohamed Ould Abdelaziz l'avait emporté par « un coup KO » avec un score très contesté de 81,89% face au technocrate Biram Ould Dah Ould Abeid. Il faut dire qu'avec un boycott massif de l'opposition qui dénonçait un recensement 2014 au profit du président sortant, le général était presque sûr de l'emporter.
La survie politique du président et de son parti entre les mains du peuple
Mais avec le référendum, la donne a changé. L'opposition fédérée autour du forum national pour l'unité et la démocratie (FNDU) semble plus combative que jamais. Elle envisage de mener une campagne massive de vote en défaveur du projet qui prévoit un changement de drapeau, un remplacement du Sénat par des conseils régionaux et la suppression de la Haute Cour de Justice, du médiateur de la République et du Haut Conseil islamique.
Au sein de l'opinion, encore divisée, on comprend moins l'insistance de vouloir conduire un projet de révision de la constitution de 1990 alors que le pays, plombé au niveau économique, vit au ralenti. C'est sur ce mécontentement que l'opposition entend surfer pour que le projet présidentiel n'obtienne pas la carte blanche du peuple.
Le référendum est en fait une jauge de popularité pour le président mauritanien. Dans le cas où le « oui » l'emporterait, cela signifierait que le général, qui consomme son second et « dernier » mandat, est encore adulé au sein de la population. Ce sera également une porte dérobée à un projet plus sibyllin de remettre à zéro, le compteur du nombre de mandats.
Cependant, si le « non » venait à l'emporter, ce serait un désaveu populaire au même titre que le veto sénatorial et qui pourrait même le contraindre à la démission. Derrière le président mauritanien, on verrait alors planer l'ombre d'une succession de revers qui décideront de sa survie politique