Comme toute future grande personnalité, respectée et crainte, l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou a inauguré son ascension fulgurante, au cours des décennies 80 et 90 du siècle dernier, sous le règne de l’ancien Président mauritanien Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.
La période où ses affaires ont nettement prospéré au cours des 20 années, était, selon plusieurs sources, celle où la direction de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), relevait de Mohamedou Ould Michel.
Une période marquée par l’affluence des investisseurs belges en Mauritanie, sous l’impulsion de Bouamatou, devenu progressivement un financier incontournable du commerce et de l’industrie mauritanienne voire régionale.
Bouamatou aux côtés de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Malgré son succès dans le milieu des affaires, Mohamed Ould Bouamatou a toujours tenu à travailler dans la discrétion totale, même quand il s’agit de l’exécution des activités réalisées par sa fondation de bienfaisance spécialisée dans l’ophtalmo.
Ce n’est qu’avec l’entrée de l’actuel Président mauritanien en politique, particulièrement à l’occasion du coup d’envoi de sa campagne pour les présidentielle de 2009, au lendemain de la signature de l’accord de Dakar, que Bouamatou s’est publiquement affiché aux côtés de Mohamed Ould Abdel Aziz.
C’est également, à partir de cette période, que les engagements faits par Bouamatou au profit de son candidat Mohamed Ould Abdel Aziz vont se manifester, reflétant une générosité sans faille et illimitée de l’argentier envers son idole politique.
Ne disposait pas de résidence digne de ce nom, Mohamed Ould Abdel Aziz qui devait quitter le palais présidentiel au profit de l’ex Président du sénat, feu Mamadou Ba M’Baré, en attendant l’organisation des présidentielles, sera gâté par le milliardaire Bouamatou, qui lui offrit aussitôt une résidence acquise, aménagée, meublée et recouverte de verdure, occupée auparavant par l’ex PRDS.
Autre soutien non moins important apporté par le banquier Bouamatou au candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, a porté sur la prise en charge de tous ses déplacements, en premier aériens, grâce auxquels, il sillonnera le pays afin de mieux optimiser l’enthousiasme des mauritaniens en faveur de son projet de société.
Le début de la rupture Aziz-Bouamatou
Tout allait dans le meilleur des mondes possibles entre le Président élu Ould Abdel Aziz et Ould Bouamatou, jusqu’au jour, où sur initiative de ce dernier, le Groupe Bolloré , vivendis et canal plus décida d’obtenir les faveurs du Président mauritanien, en tâtant son terrain privilégié que représente, les dessous de table.
C’était la goutte de trop pour le Chef de l’Etat mauritanien, qui, ne supportant d’être en présence d’une tentative de corruption aussi ridicule, à travers le groupe français Bolloré, de surcroît consciemment menée en partenariat avec le milliardaire Bouamatou, lequel pris de colère, mettra tout le monde dehors.
Toutefois cette version des faits, selon laquelle, un responsable de Bolloré a bien proposé au Chef de l’Etat mauritanien, une somme de 10 millions d’euros de pots-de-vin en échange de la gestion du trafic au port de l’amitié de Nouakchott, est qualifiée par le Groupe Bolloré de faux mensonge. La multinationale affirme plutôt avoir défendu ses importants investissements pour Nouakchott, moyennant une gestion dudit port pendant une vingtaine d’années, avant d’exiger le remboursement de son investissement initial.
Bouamatou plie bagages et cap sur Marrakech
Le courant ne passant plus entre les inséparables amis d’hier, en l’occurrence Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Bouamatou, les choses vont se détériorer depuis, notamment la décision des Pouvoirs Publics mauritaniens de tout imposer, en particulier la fortune de l’argentier, qui perdit dans cet acharnement fiscal 18 milliards ouguiyas environ.
Un français agissant pour le compte de l’homme d’affaires, est parvenu, dans la foulée de cette déchirure entre Bouamatou et Aziz, à avoir le disque dur de toute la situation financière du milliardaire, qu’il envoya avec soin à l’adresse de l’argentier, à son lieu d’asile dans la ville rouge marocaine qu’est Marrakech.
Rabat contre l’extradition de son hôte
La rupture allait s’aggraver de plus en plus entre Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Bouamatou. En effet, l’Etat mauritanien, qui a soumis les biens du milliardaire à un régime fiscal inique, ne s’est pas uniquement contenté de ses tracasseries financières intenables pour un homme d’affaires réussi et parvenu, mais a fait également recours aux pressions politiques, non moins négligeable, en exigeant au Royaume du Maroc d’extrader le milliardaire où de s’attendre à des relations tendues avec la Mauritanie.
Le Maroc s’abstient de remettre le célèbre opposant Mohamed Ould Bouamatou, provoquant du coup, des relations diplomatiques de plus en plus crispées avec la Mauritanie, qui n’ont que s’empirer jusqu’à 2016, avec les dérives du secrétaire général de l’Istaghlal marocain sur la Mauritanie, qui avaient contraint le Roi Mohamed VI à jouer le tout pour le tout pour ne pas jeter l’huile sur le feu, entre Rabat et Nouakchott.
Qui cherche la peau de Bouamatou ?
Cette rupture s’est accompagnée au fur et à mesure de persistance, de mauvais incidents parfois gravissimes pour les deux hommes, au point que certains observateurs, sont allés jusqu’à évoquer des intentions de part et d’autre visant l’élimination, par mains interposées, de l’autre.
SI le véhicule de Bouamatou n’était pas blindé ce jour-là, son véhicule personnel, ne l’aurait jamais protégé d’une mort certaine. Fort heureusement, l’agression visant sa liquidation n’a pas fonctionné et a même buté au déploiement marocain qui a installé aussitôt un puissant dispositif sécuritaire autour du milliardaire.
Rappelons à ce propos, que la presse marocaine, bien informée par cette tentative d’assassinat avortée, dont certains de ses médias ont publié les premiers éléments, a fini par entourer l’incident de tout le mutisme, faisant croire depuis, à une certaine opinion innocente, qu’il s’agit plutôt d’une confusion, regrettable mais corrigée rapidement.
Le pouvoir mauritanien nomme son homme aux commandes de la GBM
le bras de fer entre Aziz et Bouamatou a pris toutes les formes au point de se refléter à travers les individus. C’est justement dans ce cadre, que le patron de la GBM, la banque d’Ould Bouamatou a été nommé par le gouvernement mauritanien.
Pourquoi Ely ne s’exile pas comme Bouamatou
L’ancien Président Ely Ould Mohamed Vall présente beaucoup de similitudes avec Mohamed Ould Bouamatou. Parmi les points communs envers Ould Abdel Aziz, on cite particulièrement leur lien de cousins germains. Mais contrairement au premier, à la différence du second, jouit d’une profonde connaissance du sérail et secrets de l’Etat, acquis au terme de deux décennies à la tête de la sureté nationale, le second, resté strictement concentré dans les milieux des affaires, s’est trouvé brusquement fragilisé par les accointances politiques, qui sont connues dans les Etats faiblement démocratisés, peuvent créer, suivant leur humeur, des riches et des moins riches.
La rédaction