Mohammed Mahmoud ould Mohammed Radhy nous a quitté le 28 mars 2009, il se trouvait à Disag, le village fondé par son père. Je voudrais lui rendre ici un petit hommage car nous avons partagé beaucoup de moments heureux depuis que nous avons fait connaissance à Kiffa, en 1991. C’était la période de préparation des élections présidentielles, et je travaillais sur ma thèse, centrée sur l’histoire politique de la confédération des Ahl Sidi Mahmoud.
En 1987, j’avais connu Mohammed Radhy ould Mohammed Mahmoud, qui me recevait dans sa maison pour avoir des longs entretiens, toujours accompagné de plusieurs visiteurs, de parents et d’amis. Il était très aimé et respecté dans toute l’Assaba et dans la Mauritanie entière. Mohammed Radhy me traitait comme sa fille, ainsi, lorsque je fis la connaissance de Mohammed Mahmoud nous étions devenus, avant même de nous voir, frère et sœur.
A partir de ce moment, Mohammed Mahmoud m’aida énormément dans le travail que je m’étais fixé, me donnant beaucoup d’informations sur l’histoire des Ahl Sidi Mahmoud depuis la création de la nouvelle qabila dans Taganet, grâce aux œuvres religieuses et politiques de Lemrabot Sidi Mahmoud, le père des Ahl Sidi Mahmoud. Il m’emmena visiter Disag, le village fondé par son père, où nous fîmes plusieurs séjours en compagnie de sa famille, chaque fois que je visitais Kiffa, entre 1991 et 1995. Nous nous sommes rencontrés également à Paris, où il a connu ma famille, et plus tard à Nouakchott, où l’avaient mené ses affaires politiques comme secrétaire général du syndicat de l’Union des travailleurs de Mauritanie.
Mohammed Mahmoud m’a raconté sa vie, comment il s’était intéressé à la politique, comment il avait décidé d’assumer la défense et la protection des plus pauvres, des plus démunis, et comment il espérait améliorer leur situation au niveau régional et même national.
Il était toujours très simple et modeste, très ouvert, très calme et très généreux avec tout le monde, sans aucune distinction d’origine sociale.
Lorsqu’il se promenait à Kiffa il était salué avec un immense respect et une grande joie par tous, il était difficile de marcher à côté de lui tant la foule pouvait être dense. Mais il avait aussi un fort caractère, il n’avait pas peur de dire les choses tel qu’elles sont, à qui que ce soit, de manière respectueuse mais directe. Son courage, sa joie de vivre et sa générosité étaient les traits les plus marquants de sa personnalité que j’admirais beaucoup. Il avait hérité le charisme de son père et sa tranquille assurance aussi.
Grâce au soutien de Mohammed Mahmoud, mon grand frère et ami, j’ai terminé ma thèse en 1995, et depuis lors nous sommes restés toujours en contact ; lorsqu’il allait en France il nous rendait visite et il a pu ainsi connaître mon fils Daniel. Et lorsque j’allais en Mauritanie, je visitais sa famille et ses parents aussi bien à Nouakchott qu’à Kiffa. Nous sommes rencontrés en 2006 pour la dernière fois. On attendait le moment propice pour nous rendre en Mauritanie lui rendre visite avec ma famille… Hélas cela ne fut pas possible. J’ai appris la triste nouvelle de son décès avec un certain retard car nous étions au Brésil.
Il m’est encore très difficile de croire qu’il n’est plus dans sa maison, que je ne pourrais plus le saluer et discuter avec lui autour d’un thé, pendant des heures et des heures. Comme d’autres personnes de grande valeur morale et intellectuelle, Mohammed Mahmoud est parti trop tôt, il avait sûrement beaucoup de conseils, de joie et de bonheur à donner à sa famille, à ses amis, aux Ahl Sidi Mahmoud, à tous les Mauritaniens et à tous ceux qui croissaient son chemin. Il nous manquera énormément, mais son souvenir restera toujours vivant dans nos mémoires. Qu’il repose en paix.
Dr Mariella Villasante Cervello
Rabat, le 28 mars 2017